Natasa Milosevic, la lauréate 2014. Photo (c) DR
1,5 million de jeunes, âgés de 15 ans ou moins et provenant de 52 des pays-membres de l'UPU ont participé à ce 43e concours épistolaire. Cette manifestation a pour objet de mieux faire connaître le rôle des services postaux et d’aider les jeunes à développer leurs compétences en matière de composition et à exprimer leurs idées.
C’est la première fois que la Bosnie-Herzégovine remporte le concours international depuis son adhésion à l’UPU, en 1993. La médaille d’argent est décernée à Zou Canyan, 10 ans, de Chine. Ashley Nicole Abalos, 11 ans, des Philippines, obtient la médaille de bronze.
Le concours 2014 demandait aux auteurs en herbe d’expliquer comment la musique pouvait influencer leur vie. "Natasa Milosevic a fait montre d’un grand talent de conteur avec son histoire captivante d’un violon abandonné qui se retrouve entre les mains d’un jeune garçon doué et l’amène à devenir un musicien accompli", a souligné l’UPU dans un communiqué de presse.
Le jury a estimé que la composition de la jeune Bosniaque, "magnifiquement écrite et pleine de couleur et d’images très touchantes, témoigne d’une grande sensibilité. L’histoire captive aisément l’esprit et le cœur du lecteur, et le thème est illustré d’une manière créative et personnelle".
Le directeur général de l’UPU, Bishar A. Hussein, a chaleureusement félicité les lauréats rappelant que "les lettres et la poste sont les premiers médias sociaux".
Dans le cadre de l’édition 2015 du concours épistolaire international, il sera demandé aux jeunes de décrire dans une lettre le monde dans lequel ils aimeraient grandir, sachant que l’Organisation des Nations Unies s’apprête à adopter de nouveaux objectifs de développement durable en vue de poursuivre le travail accompli au moyen des objectifs 2000-2015 du Millénaire pour le développement. Cliquez ici pour en savoir plus
Ci-dessous les lettres primées du 43e concours international de composition épistolaire de l'UPU dont le thème était "Écris une lettre pour dire comment la musique influence la vie"
C’est la première fois que la Bosnie-Herzégovine remporte le concours international depuis son adhésion à l’UPU, en 1993. La médaille d’argent est décernée à Zou Canyan, 10 ans, de Chine. Ashley Nicole Abalos, 11 ans, des Philippines, obtient la médaille de bronze.
Le concours 2014 demandait aux auteurs en herbe d’expliquer comment la musique pouvait influencer leur vie. "Natasa Milosevic a fait montre d’un grand talent de conteur avec son histoire captivante d’un violon abandonné qui se retrouve entre les mains d’un jeune garçon doué et l’amène à devenir un musicien accompli", a souligné l’UPU dans un communiqué de presse.
Le jury a estimé que la composition de la jeune Bosniaque, "magnifiquement écrite et pleine de couleur et d’images très touchantes, témoigne d’une grande sensibilité. L’histoire captive aisément l’esprit et le cœur du lecteur, et le thème est illustré d’une manière créative et personnelle".
Le directeur général de l’UPU, Bishar A. Hussein, a chaleureusement félicité les lauréats rappelant que "les lettres et la poste sont les premiers médias sociaux".
Dans le cadre de l’édition 2015 du concours épistolaire international, il sera demandé aux jeunes de décrire dans une lettre le monde dans lequel ils aimeraient grandir, sachant que l’Organisation des Nations Unies s’apprête à adopter de nouveaux objectifs de développement durable en vue de poursuivre le travail accompli au moyen des objectifs 2000-2015 du Millénaire pour le développement. Cliquez ici pour en savoir plus
Ci-dessous les lettres primées du 43e concours international de composition épistolaire de l'UPU dont le thème était "Écris une lettre pour dire comment la musique influence la vie"
1er prix
Auteur: Nataša Milošević (Bosnie et Herzégovine), 13 ans
Mostar, 24 mars 2014
Cher printemps,
Bien que mes cordes soient usées et désaccordées, mon ouïe reste intacte. Seule ma voix me trahit; et comment pourrait-il en être autrement, alors que je gis ici immobile depuis des années dans cette cabane abandonnée et poussiéreuse au bord de la rivière? J’ai perdu tout espoir que quelqu’un me retrouve, me dépoussière et me ramène à l’orchestre des sons printaniers, qui faisait toujours accourir les enfants de mon village.
Je sais que vous n’êtes pas loin, car le chant des oiseaux et le gargouillis de la rivière infatigable me réveillent tous les matins. C’est pourquoi il reste en moi un soupçon d’espoir, comme les rayons du soleil qui s’infiltrent par les fissures de cette cabane, que je sortirai à la lumière du jour pour interpréter ma première mélodie printanière. Je rêve souvent de la pluie qui évoque toujours ma jeunesse, lorsque je fréquentais les festivals.
On me décorait alors de mimosas cueillis depuis peu, et l’on arrosait souvent mon violoniste de pièces de monnaie et de nombreux compliments. Je me souviens d’une petite fille malade, qui était alitée et désemparée pendant des jours entiers, et qui disait toujours à son père que la seule chose qui lui rendrait la foi et l’espoir de se rétablir était la gracieuse mélodie du violon. Son pauvre père a parcouru des centaines de kilomètres pour trouver le meilleur violoniste pour qu’il vienne en aide à sa fille. C’est l’un des moments les plus émouvants que j’ai vécus auprès des gens. Et pas seulement des gens ordinaires, mais la plus sincère, une petite fille aux yeux pétillants, de la couleur des profondeurs de la mer, qui retenait ses larmes de joie. Je n’oublierai jamais les moments les plus heureux de ma vie, les nombreuses sérénades interprétées sous les fenêtres de jeunes femmes amoureuses, les chants de noces qui complétaient mes mélodies… J’ai entendu des gens, qui passaient devant moi, affirmer que le monde avait sérieusement besoin de nouvelle musique. Les salles de concert sont moins fréquentées, les gens ne dansent plus comme avant, il y a moins de festivals, et les musiciens de rue ont pratiquement disparu.
Enfin, alors que j’avais pratiquement perdu tout espoir, un vieux pêcheur est entré dans cette vieille cabane pour chercher ses outils de pêche. A la place de ses outils, il m’a trouvé, et à la manière d’un vrai bricoleur, il m’a soigneusement extirpé de sous le tas de choses qui me recouvraient, a dépoussiéré mon corps vieillissant, a trouvé un vieil archet à proximité et en a effleuré mes vieilles cordes desserrées. Quand il a entendu un sanglot à peine retenu, il a déclaré: "Voici une autre personne de mon âge!"
C’est alors qu’il s’est mis à sourire comme un marchand astucieux et qu’il a ajouté: "Sans doute pourrais-je lui trouver un autre usage!" A ce moment-là, j’ai craint de finir comme antiquité ou comme bois de chauffage. Mais, le vieil homme m’a enveloppé dans un morceau de tissu et m’a amené à son atelier. J’ai alors pensé "c’est mon jour de chance!" Ce pêcheur plein de gaieté ne faisait pas que pêcher, il avait également un atelier modeste où il construisait des bateaux. Dans cet atelier, il a resserré mes cordes et les a accordées, a réparé et vernis mon archet. Enfin, il a vérifié ma sonorité et, à ma plus grande joie, il a joué l’une de mes mélodies préférées. C’est là que son vieux visage tout ridé est devenu encore plus agréable, serein et quelque peu pensif, comme si les émotions de son adolescence s’étaient soudainement réveillées.
Il m’a finalement mis dans une caisse qu’il avait fabriquée lui-même. "Il sera si heureux lorsqu’il découvrira cela!", pensait le pêcheur à voix haute alors qu’il se dirigeait vers le village.
Quand il est arrivé devant une vieille maison rustique dilapidée, un jeune garçon tout blond, pieds nus et aux yeux bleus, l’attendait devant la porte. C’était manifestement le petit-fils du vieil homme, comme en ont témoigné l’étreinte et le cri de joie: "Grand-père, tu es de retour!" Le petit garçon n’avait que son grand-père, qui se battait pour les faire vivre tous les deux, avec un amour totalement désintéressé et les poissons qui les nourrissaient. Son grand-père savait tout de l’amour absolu de son petit-fils pour la musique et de son rêve d’apprendre à en jouer. Le petit garçon rêvait souvent d’un beau violon, brillant comme un diamant sous les chaleureux rayons du soleil de printemps. Il fabriquait souvent des harmonicas avec des herbes vertes et lisses, et d’autres instruments avec du bois des forêts proches de son village. Il n’avait jamais possédé un véritable instrument jusqu’au jour où son vieux grand-père, voulant le consoler, sortit un violon d’une caisse.
Le jeune garçon fut si heureux lorsqu’il aperçut cet instrument bizarre qu’il le saisit immédiatement dans ses douces mains et se mit à jouer une mélodie magique que personne n’avait jamais entendue. Le professeur de musique du village eut vent de son talent et l’envoya suivre des leçons privées de violon en ville. Son dur labeur fut récompensé. A son premier récital, il remporta un prix prestigieux qui le distingua parmi de nombreux autres musiciens. Mais la gloire ne le rendit jamais ni arrogant ni ingrat. En guise de remerciement, il construisit une nouvelle école dans son village natal, laquelle porte son nom encore aujourd’hui. Ses nombreux succès rendirent son grand-père immensément heureux; le vieil homme passa les dernières années de sa vie à se réjouir des succès de son petit-fils.
En changeant le cours de l’existence d’un petit garçon, j’ai poursuivi mon cheminement, mon cher printemps, remplissant les gens de joie et leurs cœurs d’amour. Mon rôle aurait été négligeable si les mélodies les plus célèbres du monde que l’on écoute encore aujourd’hui n’avaient pas été égrainées par mes cordes. Le nom de ceux qui m’ont ramené à la vie importe peu. La seule chose qui importe est que tous ceux et celles qui aiment la musique et les valeurs traditionnelles créent de nouvelles mélodies qui, pour eux et l’auditeur attentif, remplissent leur âme de paix, leur donnent foi dans un nouveau commencement et dans la vie éternelle.
Pour toujours votre ami,
Le violon
Mostar, 24 mars 2014
Cher printemps,
Bien que mes cordes soient usées et désaccordées, mon ouïe reste intacte. Seule ma voix me trahit; et comment pourrait-il en être autrement, alors que je gis ici immobile depuis des années dans cette cabane abandonnée et poussiéreuse au bord de la rivière? J’ai perdu tout espoir que quelqu’un me retrouve, me dépoussière et me ramène à l’orchestre des sons printaniers, qui faisait toujours accourir les enfants de mon village.
Je sais que vous n’êtes pas loin, car le chant des oiseaux et le gargouillis de la rivière infatigable me réveillent tous les matins. C’est pourquoi il reste en moi un soupçon d’espoir, comme les rayons du soleil qui s’infiltrent par les fissures de cette cabane, que je sortirai à la lumière du jour pour interpréter ma première mélodie printanière. Je rêve souvent de la pluie qui évoque toujours ma jeunesse, lorsque je fréquentais les festivals.
On me décorait alors de mimosas cueillis depuis peu, et l’on arrosait souvent mon violoniste de pièces de monnaie et de nombreux compliments. Je me souviens d’une petite fille malade, qui était alitée et désemparée pendant des jours entiers, et qui disait toujours à son père que la seule chose qui lui rendrait la foi et l’espoir de se rétablir était la gracieuse mélodie du violon. Son pauvre père a parcouru des centaines de kilomètres pour trouver le meilleur violoniste pour qu’il vienne en aide à sa fille. C’est l’un des moments les plus émouvants que j’ai vécus auprès des gens. Et pas seulement des gens ordinaires, mais la plus sincère, une petite fille aux yeux pétillants, de la couleur des profondeurs de la mer, qui retenait ses larmes de joie. Je n’oublierai jamais les moments les plus heureux de ma vie, les nombreuses sérénades interprétées sous les fenêtres de jeunes femmes amoureuses, les chants de noces qui complétaient mes mélodies… J’ai entendu des gens, qui passaient devant moi, affirmer que le monde avait sérieusement besoin de nouvelle musique. Les salles de concert sont moins fréquentées, les gens ne dansent plus comme avant, il y a moins de festivals, et les musiciens de rue ont pratiquement disparu.
Enfin, alors que j’avais pratiquement perdu tout espoir, un vieux pêcheur est entré dans cette vieille cabane pour chercher ses outils de pêche. A la place de ses outils, il m’a trouvé, et à la manière d’un vrai bricoleur, il m’a soigneusement extirpé de sous le tas de choses qui me recouvraient, a dépoussiéré mon corps vieillissant, a trouvé un vieil archet à proximité et en a effleuré mes vieilles cordes desserrées. Quand il a entendu un sanglot à peine retenu, il a déclaré: "Voici une autre personne de mon âge!"
C’est alors qu’il s’est mis à sourire comme un marchand astucieux et qu’il a ajouté: "Sans doute pourrais-je lui trouver un autre usage!" A ce moment-là, j’ai craint de finir comme antiquité ou comme bois de chauffage. Mais, le vieil homme m’a enveloppé dans un morceau de tissu et m’a amené à son atelier. J’ai alors pensé "c’est mon jour de chance!" Ce pêcheur plein de gaieté ne faisait pas que pêcher, il avait également un atelier modeste où il construisait des bateaux. Dans cet atelier, il a resserré mes cordes et les a accordées, a réparé et vernis mon archet. Enfin, il a vérifié ma sonorité et, à ma plus grande joie, il a joué l’une de mes mélodies préférées. C’est là que son vieux visage tout ridé est devenu encore plus agréable, serein et quelque peu pensif, comme si les émotions de son adolescence s’étaient soudainement réveillées.
Il m’a finalement mis dans une caisse qu’il avait fabriquée lui-même. "Il sera si heureux lorsqu’il découvrira cela!", pensait le pêcheur à voix haute alors qu’il se dirigeait vers le village.
Quand il est arrivé devant une vieille maison rustique dilapidée, un jeune garçon tout blond, pieds nus et aux yeux bleus, l’attendait devant la porte. C’était manifestement le petit-fils du vieil homme, comme en ont témoigné l’étreinte et le cri de joie: "Grand-père, tu es de retour!" Le petit garçon n’avait que son grand-père, qui se battait pour les faire vivre tous les deux, avec un amour totalement désintéressé et les poissons qui les nourrissaient. Son grand-père savait tout de l’amour absolu de son petit-fils pour la musique et de son rêve d’apprendre à en jouer. Le petit garçon rêvait souvent d’un beau violon, brillant comme un diamant sous les chaleureux rayons du soleil de printemps. Il fabriquait souvent des harmonicas avec des herbes vertes et lisses, et d’autres instruments avec du bois des forêts proches de son village. Il n’avait jamais possédé un véritable instrument jusqu’au jour où son vieux grand-père, voulant le consoler, sortit un violon d’une caisse.
Le jeune garçon fut si heureux lorsqu’il aperçut cet instrument bizarre qu’il le saisit immédiatement dans ses douces mains et se mit à jouer une mélodie magique que personne n’avait jamais entendue. Le professeur de musique du village eut vent de son talent et l’envoya suivre des leçons privées de violon en ville. Son dur labeur fut récompensé. A son premier récital, il remporta un prix prestigieux qui le distingua parmi de nombreux autres musiciens. Mais la gloire ne le rendit jamais ni arrogant ni ingrat. En guise de remerciement, il construisit une nouvelle école dans son village natal, laquelle porte son nom encore aujourd’hui. Ses nombreux succès rendirent son grand-père immensément heureux; le vieil homme passa les dernières années de sa vie à se réjouir des succès de son petit-fils.
En changeant le cours de l’existence d’un petit garçon, j’ai poursuivi mon cheminement, mon cher printemps, remplissant les gens de joie et leurs cœurs d’amour. Mon rôle aurait été négligeable si les mélodies les plus célèbres du monde que l’on écoute encore aujourd’hui n’avaient pas été égrainées par mes cordes. Le nom de ceux qui m’ont ramené à la vie importe peu. La seule chose qui importe est que tous ceux et celles qui aiment la musique et les valeurs traditionnelles créent de nouvelles mélodies qui, pour eux et l’auditeur attentif, remplissent leur âme de paix, leur donnent foi dans un nouveau commencement et dans la vie éternelle.
Pour toujours votre ami,
Le violon
2e prix
Auteur: Zou Canyan (République populaire de Chine), 10 ans
10 février 2014
Cher Monsieur Lang Lang,
Lorsque vous avez donné un récital de piano à la Maison blanche, votre interprétation a profondément ému le président Obama et quantité d’illustres invités. Même si je ne suis qu’élève du primaire, la musique m’a touchée de bien des façons et j’aimerais partager l’une de ces expériences avec vous dans cette lettre.
Notre petite ville a un centre commercial qui vend des articles bon marché. Il y avait toujours un vieil homme accroupi qui mendiait dans un coin obscur du centre. Il était aveugle et portait un uniforme militaire rapiécé. Il avait les yeux ternes et vides. Il jouait d’un vieil harmonica, mais les chansons qu’il interprétait étaient pour la plupart de simples mélodies, comme les murmures d’un insecte automnal, froids et tristes. À l’occasion, quelqu’un jetait quelques pièces de monnaie dans le vieux chapeau fripé devant lui. Il ne disait jamais merci, mais continuait de jouer, le visage serein.
Chaque fois que j’allais au centre commercial, mes premières pensées allaient vers le vieil homme. Cet automne, je suis allée à nouveau au centre commercial, mais j’ai constaté qu’il ne jouait plus de l’harmonica; à la place, il tenait une corde sale émaillée d’un certain nombre de nœuds. Le vieil homme se saisissait de la corde nouée et s’en servait comme d’un chapelet bouddhiste. Il avait l’air beaucoup plus âgé. Il n’y avait plus le son de son harmonica, seulement une expression de désarroi et il se recroquevillait dans le coin obscur comme un tas de vieux vêtements. Le son intense des pas des passants retentissait autour de lui, et j’ai même vu quelqu’un qui enjambait son corps, en évitant de près de le piétiner.
Je ressentais une extrême tristesse. À mon avis, il avait perdu son harmonica. L’harmonica était pour lui une chose précieuse, car il aimait la musique, peut-être plus que la vie elle-même. Après avoir été témoin de ce triste spectacle, je suis Deuxième Prix
43e concours international de composition épistolaire de l'UPU
Thème: «Ecris une lettre pour dire comment la musique influence la vie».
Auteur: Zou Canyan (République populaire de Chine), 10 ans
10 février 2014
Cher Monsieur Lang Lang,
Lorsque vous avez donné un récital de piano à la Maison blanche, votre interprétation a profondément ému le président Obama et quantité d’illustres invités. Même si je ne suis qu’élève du primaire, la musique m’a touchée de bien des façons et j’aimerais partager l’une de ces expériences avec vous dans cette lettre.
Notre petite ville a un centre commercial qui vend des articles bon marché. Il y avait toujours un vieil homme accroupi qui mendiait dans un coin obscur du centre. Il était aveugle et portait un uniforme militaire rapiécé. Il avait les yeux ternes et vides. Il jouait d’un vieil harmonica, mais les chansons qu’il interprétait étaient pour la plupart de simples mélodies, comme les murmures d’un insecte automnal, froids et tristes. À l’occasion, quelqu’un jetait quelques pièces de monnaie dans le vieux chapeau fripé devant lui. Il ne disait jamais merci, mais continuait de jouer, le visage serein.
Chaque fois que j’allais au centre commercial, mes premières pensées allaient vers le vieil homme. Cet automne, je suis allée à nouveau au centre commercial, mais j’ai constaté qu’il ne jouait plus de l’harmonica; à la place, il tenait une corde sale émaillée d’un certain nombre de noeuds. Le vieil homme se saisissait de la corde nouée et s’en servait comme d’un chapelet bouddhiste. Il avait l’air beaucoup plus âgé. Il n’y avait plus le son de son harmonica, seulement une expression de désarroi et il se recroquevillait dans le coin obscur comme un tas de vieux vêtements. Le son intense des pas des passants retentissait autour de lui, et j’ai même vu quelqu’un qui enjambait son corps, en évitant de près de le piétiner.
Je ressentais une extrême tristesse. À mon avis, il avait perdu son harmonica. L’harmonica était pour lui une chose précieuse, car il aimait la musique, peut-être plus que la vie elle-même. Après avoir été témoin de ce triste spectacle, je suis rentrée à la maison et ai vidé toutes les pièces de monnaie de ma tirelire. Heureusement, j’avais tout juste assez d’argent pour acheter un harmonica. Toutefois, ma mère s’en est mêlée; elle m’a dit que c’est d’argent qu’un mendiant a vraiment besoin. Je me suis entêtée à lui répéter que ce dont il avait le plus besoin dans cet univers sombre et tragique, c’était du merveilleux son de la musique.
Lorsque j’ai placé l’harmonica dans la main du vieil homme, son expression est passée du choc à l’étonnement. Il a porté l’harmonica à ses lèvres et une mélodie légère exprimant ses pensées en est sortie. À ma plus grande surprise, il s’est arrêté de jouer pour me dire "merci". C’était la première fois que j’entendais sa voix. Son visage a esquissé un rare sourire, tellement beau qu’il a illuminé son visage sale, et tout le coin sombre où il se tenait.
Quelques larmes ont coulé sur son visage et sur le mien aussi.
Certes, Monsieur Lang Lang, les mélodies simples de ce vieil homme ne se comparent pas à votre extraordinaire musique. Et pourtant, pour moi, les deux sont assez fortes pour toucher les âmes. Je pense qu’il n’y a pas que les grands et les puissants qui ont besoin de musique, mais aussi les humbles mendiants.
Monsieur Lang Lang, la musique vous a valu toute la gloire du monde. La musique console également les âmes des aveugles. C’est grâce à la musique que, moi-même, en tant que jeune fille, j’ai compris l’amour et comprends comment la musique peut nous émouvoir chez l’être humain. C’est la musique qui a touché tant de gens et qui a rendu ce monde meilleur et plus beau. N’êtes-vous pas d’accord avec moi? J’ai une petite prière à vous adresser. Pourriez-vous jouer une mélodie pour ceux, comme mon ami aveugle, qui adorent la musique mais qui sont moins privilégiés? Je suis convaincue que cela bouleversera leurs âmes et demeurera dans leur coeur pour toujours.
Je me réjouis de vous lire.
Sincères salutations,
Zou Canyan
10 février 2014
Cher Monsieur Lang Lang,
Lorsque vous avez donné un récital de piano à la Maison blanche, votre interprétation a profondément ému le président Obama et quantité d’illustres invités. Même si je ne suis qu’élève du primaire, la musique m’a touchée de bien des façons et j’aimerais partager l’une de ces expériences avec vous dans cette lettre.
Notre petite ville a un centre commercial qui vend des articles bon marché. Il y avait toujours un vieil homme accroupi qui mendiait dans un coin obscur du centre. Il était aveugle et portait un uniforme militaire rapiécé. Il avait les yeux ternes et vides. Il jouait d’un vieil harmonica, mais les chansons qu’il interprétait étaient pour la plupart de simples mélodies, comme les murmures d’un insecte automnal, froids et tristes. À l’occasion, quelqu’un jetait quelques pièces de monnaie dans le vieux chapeau fripé devant lui. Il ne disait jamais merci, mais continuait de jouer, le visage serein.
Chaque fois que j’allais au centre commercial, mes premières pensées allaient vers le vieil homme. Cet automne, je suis allée à nouveau au centre commercial, mais j’ai constaté qu’il ne jouait plus de l’harmonica; à la place, il tenait une corde sale émaillée d’un certain nombre de nœuds. Le vieil homme se saisissait de la corde nouée et s’en servait comme d’un chapelet bouddhiste. Il avait l’air beaucoup plus âgé. Il n’y avait plus le son de son harmonica, seulement une expression de désarroi et il se recroquevillait dans le coin obscur comme un tas de vieux vêtements. Le son intense des pas des passants retentissait autour de lui, et j’ai même vu quelqu’un qui enjambait son corps, en évitant de près de le piétiner.
Je ressentais une extrême tristesse. À mon avis, il avait perdu son harmonica. L’harmonica était pour lui une chose précieuse, car il aimait la musique, peut-être plus que la vie elle-même. Après avoir été témoin de ce triste spectacle, je suis Deuxième Prix
43e concours international de composition épistolaire de l'UPU
Thème: «Ecris une lettre pour dire comment la musique influence la vie».
Auteur: Zou Canyan (République populaire de Chine), 10 ans
10 février 2014
Cher Monsieur Lang Lang,
Lorsque vous avez donné un récital de piano à la Maison blanche, votre interprétation a profondément ému le président Obama et quantité d’illustres invités. Même si je ne suis qu’élève du primaire, la musique m’a touchée de bien des façons et j’aimerais partager l’une de ces expériences avec vous dans cette lettre.
Notre petite ville a un centre commercial qui vend des articles bon marché. Il y avait toujours un vieil homme accroupi qui mendiait dans un coin obscur du centre. Il était aveugle et portait un uniforme militaire rapiécé. Il avait les yeux ternes et vides. Il jouait d’un vieil harmonica, mais les chansons qu’il interprétait étaient pour la plupart de simples mélodies, comme les murmures d’un insecte automnal, froids et tristes. À l’occasion, quelqu’un jetait quelques pièces de monnaie dans le vieux chapeau fripé devant lui. Il ne disait jamais merci, mais continuait de jouer, le visage serein.
Chaque fois que j’allais au centre commercial, mes premières pensées allaient vers le vieil homme. Cet automne, je suis allée à nouveau au centre commercial, mais j’ai constaté qu’il ne jouait plus de l’harmonica; à la place, il tenait une corde sale émaillée d’un certain nombre de noeuds. Le vieil homme se saisissait de la corde nouée et s’en servait comme d’un chapelet bouddhiste. Il avait l’air beaucoup plus âgé. Il n’y avait plus le son de son harmonica, seulement une expression de désarroi et il se recroquevillait dans le coin obscur comme un tas de vieux vêtements. Le son intense des pas des passants retentissait autour de lui, et j’ai même vu quelqu’un qui enjambait son corps, en évitant de près de le piétiner.
Je ressentais une extrême tristesse. À mon avis, il avait perdu son harmonica. L’harmonica était pour lui une chose précieuse, car il aimait la musique, peut-être plus que la vie elle-même. Après avoir été témoin de ce triste spectacle, je suis rentrée à la maison et ai vidé toutes les pièces de monnaie de ma tirelire. Heureusement, j’avais tout juste assez d’argent pour acheter un harmonica. Toutefois, ma mère s’en est mêlée; elle m’a dit que c’est d’argent qu’un mendiant a vraiment besoin. Je me suis entêtée à lui répéter que ce dont il avait le plus besoin dans cet univers sombre et tragique, c’était du merveilleux son de la musique.
Lorsque j’ai placé l’harmonica dans la main du vieil homme, son expression est passée du choc à l’étonnement. Il a porté l’harmonica à ses lèvres et une mélodie légère exprimant ses pensées en est sortie. À ma plus grande surprise, il s’est arrêté de jouer pour me dire "merci". C’était la première fois que j’entendais sa voix. Son visage a esquissé un rare sourire, tellement beau qu’il a illuminé son visage sale, et tout le coin sombre où il se tenait.
Quelques larmes ont coulé sur son visage et sur le mien aussi.
Certes, Monsieur Lang Lang, les mélodies simples de ce vieil homme ne se comparent pas à votre extraordinaire musique. Et pourtant, pour moi, les deux sont assez fortes pour toucher les âmes. Je pense qu’il n’y a pas que les grands et les puissants qui ont besoin de musique, mais aussi les humbles mendiants.
Monsieur Lang Lang, la musique vous a valu toute la gloire du monde. La musique console également les âmes des aveugles. C’est grâce à la musique que, moi-même, en tant que jeune fille, j’ai compris l’amour et comprends comment la musique peut nous émouvoir chez l’être humain. C’est la musique qui a touché tant de gens et qui a rendu ce monde meilleur et plus beau. N’êtes-vous pas d’accord avec moi? J’ai une petite prière à vous adresser. Pourriez-vous jouer une mélodie pour ceux, comme mon ami aveugle, qui adorent la musique mais qui sont moins privilégiés? Je suis convaincue que cela bouleversera leurs âmes et demeurera dans leur coeur pour toujours.
Je me réjouis de vous lire.
Sincères salutations,
Zou Canyan
3e prix
Auteur: Ashley Nicole Abalos (Philippines), 11 ans
439 San Bartolme Street, Ayala Alabang Village
Muntinlupa City, Philippines
9 janvier 2014
Cher musicien non voyant,
Vous ne me connaissez pas, mais vous avez bouleversé ma vie grâce à votre merveilleuse musique. Je m’appelle Ashley, et j’étais parmi les nombreux spectateurs qui vous ont regardé jouer à Duty Free Philippines ce jour-là.
Je vous ai vu assis avec votre polo blanc et vos lunettes de soleil, pinçant délicatement les cordes de votre guitare en attendant que la partie commence. Vous ne saviez pas que vous aviez un public devant vous ou s’il faisait encore jour ou déjà nuit à l’extérieur, mais lorsque vous vous êtes mis à jouer, vous n’avez plus pensé qu’à votre musique et dès l’instant où vous vous êtes abandonné à la mélodie de votre chanson, je me suis laissée emporter avec vous.
Vous avez une voix si mélodieuse. Je ne sais comment vous faites, mais votre voix et les accords de votre vieille guitare m’ont emportée de là où j’étais ce jour-là vers l’immensité des océans, la cime des montagnes et un ciel étoilé enchanteur. J’ignore même quelles chansons vous avez interprétées ce jour-là. Ce que je sais, c’est que depuis les rues grouillant de monde, votre musique m’a conduit à la campagne où il y avait une danse de l’Action de grâce après une abondante récolte. Mon père m’a dit que c’était la gracieuse danse de la Lumière. Certes, je suis trop jeune pour connaître l’amour romantique, mais grâce à la sincérité de vos chansons, j’ai ressenti tout l’amour qu’un jeune homme peut avoir dans son cœur pour la ravissante femme à qui il joue une sérénade. Maman m’a dit que cela s’appelait un kundiman. Chanson après chanson, votre voix m’a transportée vers des lieux où je n’avais jamais été, et m’a fait découvrir quelques émotions très fortes qui m’étaient inconnues et qui ont fait palpiter mon cœur.
Je suis restée jusqu’à la fin du programme. J’ai mis les 10$ qui restaient dans mon portefeuille après notre voyage dans la petite boîte à dons qui était devant vous, tout en sachant que cela ne suffirait jamais à vous remercier du don que vous m’avez fait ce jour-là. C’est un fait, la musique n’est pas de la musique tant qu’elle n’est pas partagée. Merci, magicien aveugle, du don de la vue que votre musique m’a fait. Au commencement, j’ai éprouvé pour vous de la tristesse car votre monde est obscur et que je ne pouvais pas m’imaginer ce que vous ressentiez à ne pas voir la beauté de cet univers. Mais après vous avoir entendu jouer, j’ai compris que le sens de la vue est sans importance sans une vision créative et passionnée. Grâce à votre musique, vous arrivez à ouvrir les yeux de tant de gens, même si vous ne voyez pas.
Merci, monsieur. Je comprends mieux désormais l’un des dons les plus précieux que Dieu a faits à l’humanité – le don de la vue, et surtout, le don de la musique. Comme vous, je m’en servirai pour être éternellement reconnaissante. Peut-être qu’un jour, je pourrai chanter pendant que vous m’accompagnez à la guitare. J’aimerais faire de la belle musique avec vous. À nouveau, je vous remercie du fond du cœur, car la musique que vous avez partagée avec moi m’a fait comprendre que c’était moi qui étais aveugle pendant tout ce temps.
Avec tout mon amour,
Ashley Abalos
439 San Bartolme Street, Ayala Alabang Village
Muntinlupa City, Philippines
9 janvier 2014
Cher musicien non voyant,
Vous ne me connaissez pas, mais vous avez bouleversé ma vie grâce à votre merveilleuse musique. Je m’appelle Ashley, et j’étais parmi les nombreux spectateurs qui vous ont regardé jouer à Duty Free Philippines ce jour-là.
Je vous ai vu assis avec votre polo blanc et vos lunettes de soleil, pinçant délicatement les cordes de votre guitare en attendant que la partie commence. Vous ne saviez pas que vous aviez un public devant vous ou s’il faisait encore jour ou déjà nuit à l’extérieur, mais lorsque vous vous êtes mis à jouer, vous n’avez plus pensé qu’à votre musique et dès l’instant où vous vous êtes abandonné à la mélodie de votre chanson, je me suis laissée emporter avec vous.
Vous avez une voix si mélodieuse. Je ne sais comment vous faites, mais votre voix et les accords de votre vieille guitare m’ont emportée de là où j’étais ce jour-là vers l’immensité des océans, la cime des montagnes et un ciel étoilé enchanteur. J’ignore même quelles chansons vous avez interprétées ce jour-là. Ce que je sais, c’est que depuis les rues grouillant de monde, votre musique m’a conduit à la campagne où il y avait une danse de l’Action de grâce après une abondante récolte. Mon père m’a dit que c’était la gracieuse danse de la Lumière. Certes, je suis trop jeune pour connaître l’amour romantique, mais grâce à la sincérité de vos chansons, j’ai ressenti tout l’amour qu’un jeune homme peut avoir dans son cœur pour la ravissante femme à qui il joue une sérénade. Maman m’a dit que cela s’appelait un kundiman. Chanson après chanson, votre voix m’a transportée vers des lieux où je n’avais jamais été, et m’a fait découvrir quelques émotions très fortes qui m’étaient inconnues et qui ont fait palpiter mon cœur.
Je suis restée jusqu’à la fin du programme. J’ai mis les 10$ qui restaient dans mon portefeuille après notre voyage dans la petite boîte à dons qui était devant vous, tout en sachant que cela ne suffirait jamais à vous remercier du don que vous m’avez fait ce jour-là. C’est un fait, la musique n’est pas de la musique tant qu’elle n’est pas partagée. Merci, magicien aveugle, du don de la vue que votre musique m’a fait. Au commencement, j’ai éprouvé pour vous de la tristesse car votre monde est obscur et que je ne pouvais pas m’imaginer ce que vous ressentiez à ne pas voir la beauté de cet univers. Mais après vous avoir entendu jouer, j’ai compris que le sens de la vue est sans importance sans une vision créative et passionnée. Grâce à votre musique, vous arrivez à ouvrir les yeux de tant de gens, même si vous ne voyez pas.
Merci, monsieur. Je comprends mieux désormais l’un des dons les plus précieux que Dieu a faits à l’humanité – le don de la vue, et surtout, le don de la musique. Comme vous, je m’en servirai pour être éternellement reconnaissante. Peut-être qu’un jour, je pourrai chanter pendant que vous m’accompagnez à la guitare. J’aimerais faire de la belle musique avec vous. À nouveau, je vous remercie du fond du cœur, car la musique que vous avez partagée avec moi m’a fait comprendre que c’était moi qui étais aveugle pendant tout ce temps.
Avec tout mon amour,
Ashley Abalos