La guerre et ses effets sur la biodiversité



Une étude menée par les écologistes des universités américaines de Yale et de Princeton, Josh Daskin et Rob Pringle, rapporte que la guerre est la plus grande menace pour les éléphants d'Afrique, les rhinocéros, les hippopotames et autres grands animaux.


Lion protégé d'Afrique du Sud dans une réserve naturelle à Johannesburg. Photo (c) Tanguy Lepage.

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La guerre peut avoir une variété d'effets sur les animaux sauvages: les soldats affamés et les citoyens peuvent chasser les animaux pour la viande, les armes utilisées dans les conflits peuvent les tuer et les groupes armés peuvent financer leur activité militaire en braconnant des animaux.

En Afrique, le nombre de grands animaux comme les éléphants, les zèbres et les buffles peut baisser jusqu'à 90% en temps de guerre, selon une nouvelle étude. Mais ceux qui survivent peuvent reconstruire leurs populations, d'où les efforts de conservations dans les zones déchirées par la guerre qui en deviennent extrêmement importants. Le chercheur principal Josh Daskin, de l'Université de Yale, a déclaré dans le rapport du magasine américain Nature que plus de 70% des aires protégées d'Afrique sont tombées à l'intérieur d'une zone de guerre depuis 1976, provoquant un déclin de la biodiversité.


Disparition des mammifères

Pour savoir quel est l'effet net, Daskin et Pringle ont analysé les données recueillies entre 1946 et 2010 sur plus de 250 populations de 36 espèces de grands mammifères herbivores, tels que les éléphants, les antilopes, les hippopotames, les rhinocéros et les girafes, réparties dans 126 aires protégées. Les chercheurs ont constaté que plus de 70% des parcs africains ont été touchés par des conflits armés au cours de la période d'étude ainsi que la fréquence de la guerre, et non l'intensité de la guerre, était le facteur le plus important. En effet, d'après les résultats de l'étude, plus la guerre continue, plus les déclins sont importants.

En 1977, deux ans après avoir déclaré son indépendance du Portugal, le Mozambique est entré en guerre civile. Le conflit violent a fait au moins un million de victimes, et ce n'étaient pas que des humains. Les troupes gouvernementales et les combattants de la résistance se sont égorgés à travers la faune du célèbre parc national de Gorongosa, jadis considéré comme un paradis naturel. Des milliers d'éléphants ont été chassés pour leur ivoire, qui a été vendu pour acheter des armes et des fournitures. Des zèbres, des gnous et des buffles ont été tués pour la viande. Environ 90% des grands mammifères du parc ont été abattus ou sont morts de faim. Entre 1950 et 2000, 80% des conflits armés majeurs ont eu lieu dans des zones sensibles de la biodiversité, où la vie animale est la plus riche et la plus diversifiée.

Solutions face à un déclin environnemental croissant

Des études antérieures sur les effets de la guerre sur la faune ont montré des variations selon les régions. Au Cachemire, par exemple, les léopards et les ours ont prospéré parce que les braconniers évitaient les zones de combat comme les forêts. Mais souvent, les effets sont négatifs: les animaux sont tués par des bombes ou des produits chimiques, ou chassés pour nourrir les soldats. Les guerres rendent également difficile pour les gouvernements et les organisations à but non lucratif de mettre en œuvre ou de poursuivre des programmes de conservation. Chaque pays et chaque conflit est différent. C'est pourquoi l'étude d'aujourd'hui est importante: elle est la première à examiner en détail comment la guerre affecte la faune sur une longue période de temps sur tout le continent africain.

Mais il y a de l'espoir. Daskin et Pringle ont constaté que les populations d'animaux sauvages peuvent se rétablir si des efforts sont faits pour les conserver. À Gorongosa, elles ont atteint jusqu'à 80% de leur abondance d'avant-guerre depuis 2004, selon les chercheurs, en grande partie grâce aux efforts de conservation du personnel du parc, du gouvernement et des communautés locales. Ainsi, lorsque les conflits cessent, il est possible de sauver les animaux qui ont été blessés. Les populations de grands mammifères sont des pivots écologiques et leur déclin et leur extinction dans le monde entier perturbent de nombreuses fonctions et services écosystémiques. L'inversion de cette tendance nécessitera une compréhension des déterminants du déclin de la population, pour permettre des prédictions plus précises du moment et du lieu où les effondrements se produiront et pour guider l'élaboration de politiques efficaces de conservation et de restauration.







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