Les "alter-égo" de ces messieurs auraient toujours eu besoin de créer une force pour faire évoluer la société
Marie Thérèse Besson, La Très Respectable Grande Maîtresse depuis le 31 mai 2015. Photo courtoisie (c) DR
Qu'est ce au juste? C'est une franc-maçonnerie réservée aux femmes. Deux notions étymologiquement inquiétantes, "deux continents noirs" parce que cachés et mystérieux qui appellent quelques éclaircissements. Elle compte 14.000 femmes dans le monde de 21 à 102 ans toutes issues d'horizons et de milieux différents. Mais qu'est ce qui amène ces femmes à se regrouper en loge?
"Les femmes qui souhaitent nous rejoindre peuvent faire une demande sur notre site internet. Souvent elles nous expliquent rechercher quelque chose…" confie Marie Thérèse Besson. De préciser qu’en remontant dans l’histoire une constatation s’imposerait: les femmes auraient toujours ressenti la nécessité de se regrouper entre elles pour faire évoluer la société. "C’est donc cet éternel besoin d’être entendu qui les pousserait à rejoindre la loge. On sait bien qu'elles ont toujours été obligées pour exister et s’imposer de créer une force entre elles. Elles doivent toujours se battre. On parle de la parité dans les textes, mais cela n’est pas vraiment réalisée dans les faits" constate Marie Thérèse Besson.
"Les femmes qui souhaitent nous rejoindre peuvent faire une demande sur notre site internet. Souvent elles nous expliquent rechercher quelque chose…" confie Marie Thérèse Besson. De préciser qu’en remontant dans l’histoire une constatation s’imposerait: les femmes auraient toujours ressenti la nécessité de se regrouper entre elles pour faire évoluer la société. "C’est donc cet éternel besoin d’être entendu qui les pousserait à rejoindre la loge. On sait bien qu'elles ont toujours été obligées pour exister et s’imposer de créer une force entre elles. Elles doivent toujours se battre. On parle de la parité dans les textes, mais cela n’est pas vraiment réalisée dans les faits" constate Marie Thérèse Besson.
La loge ne serait pas un club services, elle amènerait à réfléchir sur des thèmes de société
Franc-maçonne depuis 38 ans, la "Très Respectable Grande Maîtresse" a pourtant répondu sans détours à nos questions: une femme contemporaine, claire qui, dans une expression paisible a cherché à briser les tabous. La Grande Loge Féminine de France est donc née en 1945. C’est une association loi de 1901, libre, laïc, apolitique, indépendante qui cisèle l’âme de l’éternel féminin, avant d’amener ses membres ou ses "sœurs" dans le jargon, à réfléchir et à se positionner sur des thèmes de société. Pour info, ces dames n’avaient auparavant accès qu’à des loges d’adoption, c’est-à-dire souchées sur celles des hommes… La Grande Loge Féminine de France se voudrait exemplaire et n’est pas un "club services". "Je crois beaucoup à l’exemplarité. Cette notion est très importante chez nous. Je pense que l’on doit être ce que l’on dit. Nous prônons des valeurs d’indépendance, de liberté, d’autonomie, de respect, de bienveillance, de solidarité, de rigueur, nous devons donc montrer l’exemple. Quant à moi je pense qu’une femme issue de nos loges devrait tout de suite être repérée dans la société. Je dis toujours: vous êtes franc-maçonnes on doit vous reconnaître, on doit pouvoir se dire tiens elle a quelque chose de bien cette fille…".
Mais aussi, "elle initierait" ses membres à se construire "différemment"
Avec un minima de deux réunions par mois, l’initiation maçonnique est basée selon une méthode particulière axée sur des symboles. Et ce serait là le hic du grand secret qui donnerait lieu aux fantasmes. En effet il s’agirait d’une expérience intime, d’un vécu personnel à la limite de l’explicable. "C’est un peu comme si vous racontiez votre accouchement à votre voisin" explique Marie Thérèse Besson. "On prête à la franc-maçonnerie des intentions parfois étranges et il y a des milliers de livres qui ont été écrits sur le sujet, mais cela n’a pas beaucoup de signification de lire ces trucs-là. Nos conférences publiques seront plus nombreuses à l’avenir. C’est un peu l’époque qui veut cela, il y a moins de tabous et une forme de démystification est dans l'air du temps" informe la présidente. L’initiation appellerait donc chaque femme à répondre à la question de son être intime, de son essence. Elle consisterait pour elle à apprendre à mieux se connaitre, à travailler sa relation à elle-même, à l’autre, et surtout à se construire avec d’autres femmes. Liée aux premières forces élémentales, ces dames auraient en effet une vision du monde différente et complémentaire. Alors plus sure d’elle même, et ainsi faite la sœur serait porteuse dans la société d’un regard qui a du sens.
A l'avant-garde avec Yvette Roudy de toutes les lois sur le droit des femmes
"Nous avons été à l’avant-garde de toutes les lois sur les droits des femmes, notamment l’égalité, les lois sur la parité, les lois sur la contraception et l’avortement. Nous avons quand même eu des personnes comme Yvette Roudy parmi nous et il y avait énormément de sœurs au planning familial. Ce sont des institutions dans lesquelles elles se sont beaucoup impliquées et elles continuent de le faire. On se rend compte aussi, que le droit des femmes est fragile, il faut donc rester extrêmement vigilantes. C’est pour cela que nous avons des loges dans des pays étrangers ou ces droits ne sont pas encore complètement reconnus. Nous bénéficions d'une commission du droit des femmes qui a beaucoup travaillé sur la problématique de la prostitution. Nous nous sommes officiellement positionnées pour la pénalisation du client. Et pour faire entendre notre voix, nous réalisons des communiqués de presse. Et puis nous sommes parfois consultées par des assemblées telles que le sénat ou l’assemblée nationale. Nous avons été entendues sur le vivre ensemble républicain, la fin de vie, la bio-éthique, le problème des migrants et nos propositions ont été prises en compte par le rapport Larcher".