La Gay Pride fête ses 50 ans


Par Elise Venet Rédigé le 17/08/2019 (dernière modification le 18/08/2019)

Depuis le début du mois de juin, les métropoles américaines et européennes ont célébré chacune leur Marche des fiertés, weekend après weekend. On célèbre les avancées juridiques et sociales progressives dont bénéficient les personnes LGBTQI mais aussi les actes fondateurs du mouvement à travers le monde.


Aux origines, il y eut Stonewall Inn

Rassemblement sous un même drapeau / (c) E.V.
La Gay Pride est née d'un mythe, celui d'une série d'émeutes qui eut lieu dans un bar gay du Greenwich Village à New York, le Stonewall Inn. Par un chaud vendredi soir, la police effectue une descente dans ce bar qui réunit transgenres, lesbiennes, bissexuels de tout âge. Mais ce 28 juin 1969, aucune des personnes réunies au Stonewall Inn ne s'enfuit. La situation se crispe quand des gamins de la rue d'en face commencent à jeter des briques sur les véhicules de police, jusqu'à l'intervention de la police anti-émeutes.

La mémoire collective aime se remémorer ce genre d'évènement. En vérité, les libertés acquises par les personnes LGBT depuis les années 70 résultent d'une mobilisation bien plus ancienne. Linda Shirman, du Los Angeles Times, estime ainsi que les premières marques d'une organisation contre les autorités remonte aux années 1900, à l'époque où les lieux de rencontre sont essentiellement des bars frappés par la Prohibition. Dans les années 50, la Mattachine Society pour les gays, répond aux Daughters of Billitis pour les lesbiennes, mais ces deux organisations sont sous étroit contrôle des services intérieurs américains.

L'explosion a lieu dans la grande vague protestataire des années 60 et 70 avec la mobilisation contre la guerre du Vietnam, les droits civiques, le féminisme et les libertés sexuelles. Plusieurs mobilisations ont lieu avant, et après Stonewall, notamment à Los Angeles et San Francisco, popularisées notamment par le rôle de Sean Penn dans le film "Harvey Milk".

C'est un temps où il ne fait pas bon à s'habiller de façon extravagante, ou à être connu pour pratiquer d'une sexualité "hors norme" sous peine d'amende, voire, fréquemment, sous peine d'emprisonnement. Il faut imaginer un contexte bien différent de celui que nous vivons aujourd’hui. Si la liberté sexuelle semble désormais acquise pour une partie du monde, la récupération des codes de la communauté par de grandes marques et entreprises pose régulièrement question dans les débats.

Qu'en est-il à Paris ?

Défilé des chars pour la marche de la fierté parisienne / (c) E.V.
Le parcours prévu pour le défilé enregistrait une distance d'un peu plus de 5km, reliant Montparnasse à la place de la République, sous un soleil de plomb. Si l'ambiance était bon enfant, beaucoup de critiques se sont élevées contre le caractère commercial des sponsors de l'évènement. Manifestement apparents sur les chars, Visa, Axa, Morgan Stanley et autres groupes multinationaux, supporteraient la Gay Pride pour gagner en visibilité, surfant sur la présence des droits LGBTQI au cœur des débats sociétaux. 500.000 personnes ont ainsi défilé dans les rues de la capitale, faisant fi de la chaleur tandis qu'une scène de qualité, où était présente la journaliste engagée Marie Laborie, attendait le cortège Place de la République. Cette année, la question de la PMA et du droit à l'adoption par le parent partenaire du parent géniteur étaient en première ligne de la marche des fiertés. L'inter-LGBT avait décidé d'en faire le sujet phare de l'année 2019. Les droits afférents des couples homosexuels constituaient une des promesses de campagnes du couple anticonformiste de Brigitte et Emmanuel Macron. En effet, outre son identité festive et cosmopolite, la Gay Pride porte intrinsèquement des revendications politiques, à l'encontre de la récupération de ses codes par le marketing des grandes enseignes. Les sensibilités et associations représentées sont très diverses et il serait néanmoins dommage de négliger la diffusion dont jouit l'évènement par le soutien de grands groupes.

Gay pride.mp3  (545.7 Ko)






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