LES PYGMEES (AKA) en REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE


Par Romy Sigatta Rédigé le 09/01/2010 (dernière modification le 08/01/2010)

Les Pygmées: Ils ne sont plus guère que 5000, dans les quatre préfectures de la Lobaye, au sud du pays, à répéter des gestes ancestraux et à vivre en harmonie avec la nature.


Protéger les Pygmées

Fins connaisseurs de la faune, des flores et de la pharmacopée, les Pygmées Aka peinent à faire perdurer leur culture dans un environnement de plus en plus hostile.

Déforestation massive, pillage des ressources de la forêt : depuis plusieurs années déjà, les Pygmées Aka ne trouvent plus les ressources nécessaires à la survie et à la guérison. Méprisés et exploités par leurs voisins « de grande taille », ils sont considérés comme des sous hommes par la population centrafricaine et par l’Etat qui ne leur reconnaît pas de droits. "Par tradition, de générations en générations, chaque famille Bantou avait des domestiques pygmées pour accomplir les travaux de maison et de champs. Il est donc normal pour eux d’être au service des villageois. Nous essayons de les alerter pour éviter les abus, car ils peuvent travailler toute une journée aux champs pour quelques cigarettes. Ils n’ont pas la notion de l’argent ni de la valeur des choses. Certains Bantous les appellent même « niama », ce qui signifie « animal » en sango. Il pensent qu’ils ne sont pas humains et ne comprennent pas que l’on puisse s’intéresser à leur sort" explique Timotei, enseignant depuis trois ans dans le campement pygmée de N’Gouma.

Le défi de l’intégration

Harmonie, paix et sérénité. Tel est le ressenti lorsque l’on pénètre dans le campement Pygmée de Zoméa, situé à 30 Km de M’Baïki, à la frontière congolaise. Ici tout respire la nature : les cases typiques faites de branches recourbées en arceaux et couvertes de feuilles de bananier, les pirogues taillées dans des troncs d'arbre utilisées pour la pêche et à l’acheminement des fruits et légumes vers Bangui. Loin des considérations matérielles, les Pygmées vivent hors du temps. Pourtant, la sédentarisation et l’intégration semblent inévitables pour la jeune génération. "Il est essentiel que les enfants sachent lire, écrire et compter pour favoriser leur intégration et leur offrir une possible insertion sociale, souligne Timotei. Au départ les parents étaient très méfiants. Il a fallu beaucoup de temps et de pédagogie pour leur faire entendre que l’éducation est une autre chance." Au quotidien, animateurs et travailleurs sociaux cherchent à créer des liens entre Bantous (villageois) et Pygmées. Mais le processus est long. Ainsi à l’école, il a fallu plus de deux ans pour que les enfants se mélangent et partagent des activités ensemble. Au niveau de l’Etat, les Pygmées ne sont pas reconnus et ne sont pas administrés. "Ils n’ont pas de papiers, pas d’actes de naissance, pas de titres fonciers (…)" déplore Marie-Hortense, coordinatrice de projets. "Caritas œuvre auprès des institutions afin qu’ils soient considérés comme citoyens à part entière. Mais cela prend du temps car il n’y a pas d’intérêts à ce que cela change." A M’Baïki, le Secours Catholique soutient la Caritas diocésaine dans la mise en place un programme d’aide aux Pygmées. Ce projet vise à réduire la dépendance des Pygmées par la création d’activités génératrices de revenus (formation à l’aviculture, construction et gestion d’un grenier à blé…), la promotion de l’éducation et de la scolarisation des enfants et l’appui aux soins de santé primaire. Un volet du programme comprend la promotion et la valorisation de leur identité et de leurs droits, afin de leur garantir un statut de citoyens à part entière.






Autres articles dans la même rubrique ou dossier: