LES ANNÉES BELLINI


Par M.R. Rédigé le 10/01/2009 (dernière modification le 10/01/2009)

Emmanuel BELLINI est né à Monaco, rue Plati en 1904, encore au temps des calèches qui deviendront son symbole. Il montre dès l’enfance, chez les frères, un don exceptionnel pour le dessin. Il suit les cours du soir du Professeur Colombo et sera membre fondateur de l’Association des Anciens élèves de l’Ecole de Dessin de Monaco. Son père travaille à l’usine électrique à Fontvieille, mais il est surtout membre de l’Herculis et de l’Étoile. C’est un grand gymnaste qui mène les sportifs de Monaco dans des rencontres internationales.


Emmanuel BELLINI est très doué, son professeur le présente, après le Brevet, au Casino de Monte-Carlo pour dessiner les décors. On le trouve trop jeune et on le renvoie à des études aux Beaux Arts à Paris. Son père ne pouvant subvenir financièrement, il trouve un apprentissage d’architecte à Nice, chez Charles DALMAS, le célèbre Architecte de la Belle Époque. Il y passe six ou sept ans et en sort avec un certificat de son employeur. Il travaille comme dessinateur chez un ou deux architectes de Monaco, mais il n’y a pas beaucoup de travail à cette époque... Voulant se marier avec une jeune fille de la Condamine (son père est commerçant au marché), il accepte un poste de dessinateur à Sainte Maxime, dans le Var. Il se marie à l’Église Sainte Dévote en 1928 et part tout de suite. En 1929, il s’installe définitivement à Cannes dans son propre cabinet d’architecture, qu’il ne quittera qu’en 1977. Il habite Cannes, mais son cœur et sa famille sont restés à Monaco. Il y passera tous les dimanches, toutes les fêtes, les vacances dans le cabanon familial à la Turbie. C’est d’ailleurs à Monaco qu’il repose à présent, dans sa dernière demeure, auprès de ses parents.

Avant la guerre, parallèlement à son métier d’architecte, il dessine des caricatures pour la presse : artistes, sportifs, hommes politiques. Il signe du surnom de « Mène ». Il gagne des concours à la Foire à l’Humour de Nice. Ses dessins sont célèbres. Il crée également des maquettes de chars de carnaval, à Nice et à Cannes. Mais l’envie de peindre le tenaille et, après la guerre, en 1948, il se lance, seul... « Mène » le quitte pour laisser place à Emmanuel BELLINI, qui sera désormais sa nouvelle signature.

Comme il est autodidacte, ses premières œuvres représentent ce qu’il voit autour de lui : la famille, les paysans, les enfants de chœur (il fut enfant de chœur au mariage du Prince Pierre et de la Princesse Charlotte), des natures mortes, etc... il n’a fréquenté aucun atelier, ni rencontré aucun peintre célèbre... il a un œil neuf et pur sur la peinture !

Sa première exposition à Cannes en 1949 est un vrai triomphe, Jean Gabriel DOMERGUE s’exclame : "enfin un peintre" !

Et puis, c’est la capitale : Paris... chez Odette BOSC-PETRIDES, qui possède une des Galeries des plus courues ainsi que celle de son époux Paul. Emmanuel BELLINI, s’affirme grâce à ces deux personnes qui décèlent en lui un immense talent,... le font rentrer dans la cour des Grands... Emmanuel BELLINI leur sera fidèle pendant près de trente ans...

C’est le succès ! Toute la Presse parle de l’évènement : France Soir, le Daily Mail, l’Aube, le Cri de la France, les Nouvelles Littéraires, ainsi que tous les critiques d’Art qui ne font que louer les prédispositions de ce nouvel artiste peintre... et on dira de lui : "Il est fou de couleurs "! On découvre en lui un « don » extraordinaire, une maturité rare pour personne qui ne pratique la peinture que depuis seulement deux années. Certains autres prophétisent "on parlera un jour du cas BELLINI" et pour les admiratifs "pour un début, c’est un coup de maître" ! Van DONGEN, qui devient un de ses meilleurs amis, parlera de lui en disant "c’est par des personnes comme lui, qui vivent en dehors de toute école, que la peinture se renouvelle. Je crois en Bellini".

Emmanuel Bellini aime la vie, sa peinture est gaie, constamment en mouvement... celui de la foule, des calèches, des carrioles... au premier coup d’œil on se rend compte que tout déborde d’énergie, de chaleur... une ambiance spontanée, heureuse et toujours animée, transmettant ainsi au spectateur toute la joie de vivre et le rêve qui l’animent. Il est vrai que l’artiste enrichit la réalité par l’imagination poétique et son grand optimisme Il ne choisira pas non plus la facilité, mais son don inné, - entretenu par un travail incessant, une grande dextérité, très méthodique, et une grande sûreté de goût -, lui permettra de franchir tous les obstacles. Ses œuvres sont chargées de couleurs, lancées violemment sur la toile. Une peinture, pour la plupart du temps au couteau, qui donne un choc visuel, mais d’une grande sensibilité, parce qu’en excellent coloriste, ses œuvres sont ensoleillées et il en résulte un charme dont la discrétion et la délicatesse en font la force. Mais il ne faut pas oublier de mentionner que BELLINI est aussi un merveilleux aquarelliste. En artiste des plus complets, il s’adonne à cet art avec maestria en offrant des œuvres pleines de délicatesse, de finesse, aux couleurs chaudes ou diaphanes que l’artiste fait glisser sur le papier avec sureté et précision, nous transportant, comme toujours, dans un univers de beauté et bonheur.

Dans sa carrière, qui sera bien remplie, Emmanuel BELLINI va attaquer et maîtriser plus de quarante thèmes différents : le Cirque, les Clowns, les Paysages, les Champs de fleurs, les Bouquets aux couleurs des plus chatoyantes,... sans oublier ses Calèches « à la Belle Époque » - avec leurs galants et galantes en costumes 1900 - qui feront le tour du monde... et qui nous font encore rêver... en passant par les Architectures, les splendides Cathédrales dont celle de Notre Dame, le Casino de Monte-Carlo, la jetée de Nice, le Casino de Cannes avec ses feux d’artifice aux tons chauds à dominantes orange et ocre méditerranéens... et bien sûr ses « Extravagances » lesquelles sont drôles et réfléchies et qui démontrent combien Emmanuel BELLINI est un peintre sachant osciller entre deux pôles : le sérieux et l’humour !


Monaco fête Emmanuel BELLINI en 1972. En effet, Son Altesse Sérénissime le Prince Rainier III lui offre une rétrospective de ses œuvres dans la cadre du Sporting d’Hiver. Plus de 150 Toiles y seront exposées, y compris la toute première « Deux Perruches », œuvre revenue toute spécialement de New York à cette occasion.

Pour ses 80 ans, à nouveau le Prince Souverain l’invite dans le Hall du Centenaire pour ses « Clowns et Velasquez ». Entretemps, il exposera deux fois dans une Galerie des plus connues au Boulevard des Moulins.

Enfin il sera exposé, dans le cadre du Jardin Exotique, après avoir été l’invité du Salon des Artistes de Monaco... sans oublier de mentionner sa participation, avec d’autres artistes monégasques, au « Monaco à Portopia » à Kobe, au pays du Soleil Levant, ainsi qu’à l’Exposition Internationale de Peinture de Budapest (successivement en 1981 et 1985). Après son décès, en 1989, la Mairie de Monaco lui rend hommage, par deux fois, à la Villa Lamartine.

Familier de toutes les formes d’art, il s’attaque non seulement aux caricatures, mais il illustre des livres (dont deux de Marcel Pagnol pour les Éditions PASTORELLI de Monaco), il crée des bijoux en or, des sculptures en verre pour Murano, des Décors de Théâtre (finalement) à Cannes, Nice et Paris et enfin des Affiches dont une, en 1923 à Monaco pour la Fête Fédérale Féminine, laquelle lui vaudra un Premier Prix Ex aequo.

Rappelons aussi, que chaque année, depuis son grand départ en 1989, on remet un Prix Emmanuel BELLINI au Festival International du Cirque de Monaco.

Emmanuel BELLINI était Officier dans l’Ordre de Saint Charles et dans l’Ordre du Mérite Culturel de Monaco.

Emmanuel BELLINI est toujours parmi nous, dans « Sa Chapelle » du Parc Fiorentina à Cannes, si chère à son cœur et rachetée en 1953 ; un édifice digne d’intérêt par son passé historique et qui fut, le point de rencontre de nombreuses personnalités : artistes, écrivains, peintres ; plusieurs « Géants » s’y sont côtoyés comme VAN DONGEN, Jean-Gabriel DOMERGUE, Maurice UTRILLO, PICASSO, Francis CARCO, Pierre BENOIT, Michel SIMON, Lily PONS etc... sa salle d’exposition, son atelier, son « havre de paix », d’inspiration, de sérénité... pour enfin devenir, grâce au courage, à l’assiduité et au travail acharné de sa fille Lucette, une Association : celle des « Amis de la Chapelle BELLINI », en 1991.

« L’Histoire de Cœur », entre Emmanuel BELLINI et son public, perdure par le support de cette « Chapelle » devenue un centre d’expositions permanentes des œuvres de celui dont la générosité picturale n’a d’égal que sa générosité d’homme... un artiste des plus complets qui est rentré de son vivant dans l’histoire de son pays natal... en nous transmettant tout son respect et sa passion pour cette région méditerranéenne, terre de son univers, auquel il a rendu hommage toute sa vie !


Exposition à la Maison de l'Amérique Latine de Monaco
Europa - Résidence - Place des Moulins MC - 98000 - Monte-Carlo -
Tel :+377.93.25.17.51 Fax : +377.93.25.76.57
amerique_latine@libello.com - www.amerique-latine.org
Du lundi 12 JANVIER au samedi 31 JANVIER 2009
Tous les Jours de 15H00 à 20H00, sauf dimanches et jours fériés.





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