LA ROUTE DES INDES: Lakmé à l'Opéra


Par Colette Dehalle Rédigé le 19/03/2009 (dernière modification le 20/03/2009)

Avec Lakmé, c'est à une œuvre tout empreinte d'exotisme que nous convie l'Opéra de Nice. Cet opéra en trois actes de Léo Delibes a connu le succès dès la première à l'Opéra-Comique à Paris, le 14 avril 1883 et n'a jamais vraiment quitté la scène depuis. A cette époque l'évocation des Indes dont la reine Victoria était devenu impératrice avait tout pour plaire, l'orientalisme était à la mode et les Pêcheurs de perles de Bizet, l'Africaine de Meyerbeer ou le Roi de Lahore de Massenet avaient pu renforcer ce goût pour les opéras se déroulant dans des pays alors presque inaccessibles.


Léo Delibes
En 1960 on fêta la 1500e représentation de l'œuvre à l'Opéra-Comique, elle séduit toujours par ses mélodies et son intrigue dramatique, ce qui n'est pas rare à l'opéra, mais là les deux protagonistes appartiennent à des civilisations différentes, n'ont pas ma même religion et sont de condition inégale. Une semaine après la première, le journal le Ménestrel déclarait "cette œuvre supérieure a trouvé une interprétation supérieure". Marie van Zandt, américaine d'origine hollandaise fut la créatrice du rôle titre, mais fut très vite victime d'une cabale. Jean-Alexandre Talazac créa le rôle de Gerald. Lily Pons, Mado Robin, Joan Sutherland, Mady Mesplé ou Natalie Dessay ont été séduites par le rôle de Lakmé. A Nice nous aurons le plaisir de retrouver Elisabeth Vidal.

Léo Delibes est né le 21 février 1836 à Saint-Germain-du-Val dans la Sarthe, au sein d'une famille qui a un certain goût pour la musique. Il écrit plusieurs opérettes, entre autres Deux sous de charbon, Six Demoiselles à marier, l'Omelette à la Follembuche, le Serpent à plumes ou l'Écossais de Chatou qui ont sombré dans l'oubli. Deux ballets, Coppélia ou La fille aux yeux d’émail, ballet en 2 actes d'après Hoffmann en 1870 et Sylvia ou La nymphe de Diane, ballet en 3 actes, en 1876, très remarqués par Tchaïkovsky et toujours appréciés avec raison. Il composa beaucoup de mélodies dont les célèbres Filles de Cdix, sur un poème d'Alfred de Musset. Il rêvait d'écrire des opéras. Entre juillet 1881 au 5 juin 1882, il compose Lakmé sur un livret d'Edmond Gondinet et Philippe Gille, deux auteurs dramatiques prolifiques de l'époque. Chacun avait déjà collaboré séparément à des œuvres de Delibes, Ils s'étaient retrouvés pour Jean de Nivelle, en 3 actes créé à Paris, à l'Opéra-Comique le 8 mars 1880. Son premier essai avait été un opéra-comique en 3 actes créé dans la même salle le 24 mai 1873, Le roi l’a dit, sur un livret de Gondinet.

A sa mort à Paris le 16 janvier 1891, il laisse Kassya, drame lyrique en 4 actes, livret de H. Meilhac et Gille qui fut terminé par Massenet et créé à l'Opéra-Comique le 24 mars 1893.
La nouvelle autobiographique Rarahu parue en 1880 et devenue Le Mariage de Loti en 1882 a inspiré les deux librettistes de Lakmé. L'exotisme, un amour plus ou moins interdit, la mort de l'héroïne sont évidemment des éléments que l'on retrouve dans l'opéra de Léo Delibes, la beauté luxuriante de l’Océanie ayant été transposée en Inde, exotisme qui a pu être taxé par certains de pacotille. Rarahu d'ailleurs inspira à Reynaldo Hahn L'île du rêve, «idylle polynésienne» en trois actes créé à l'Opéra-Comique le 23 mars 1898.

Des recherches menées par Charles P.D. Cronin et Betje Black Klier ont prouvé que les Scènes et récits des pays d'outre-mer de Théodore Pavie avaient inspiré les librettistes de Delibes. Ils en ont exposé la teneur dans un article de The Opera Quaterly de l'été 1996 : Theodore Pavie's "Les babouches du Brahmane" another story of Delibes's Lakmé.
Théodore Pavie, né à Angers en 1811 et mort en 1896, était un orientaliste réputé qui a sillonné l'extrême Orient et connaissait plusieurs langues asiatiques ainsi que le sanscrit qu'il enseigna au Collège de France. Il a publié de nombreux récits dans la Revue des deux Mondes sous le titre de Scènes de la vie anglo-hindoue, dans l'un d'entre eux on trouve un brahmane du nom de Nilakantha, il a une fille Roukminie, apparaissent aussi de jeunes militaires anglais. Voilà bien des ressemblances...

Jean-Louis Pichon a mis en scène cette production pour l'Opéra-théâtre de Saint-Étienne dont il a été le directeur jusqu'à ces derniers mois. Elle a connu un énorme succès et a même été représentée à l'Opéra du Caire. Il ne pourra qu'en être de même à Nice.

Direction musicale Alain Guingal
Mise en scène Jean-Louis Pichon
Décors Alexandre Heyraud
Costumes Frédéric Pineau
Éclairages Michel Theuil
Lakmé Elisabeth Vidal
Gérald Leonardo Capalbo
Nilakantha Marc Barrard
Mallika Claire Brua
Frédéric Jean-Luc Ballestra
Ellen Valérie Debize
Rose Corinne Parenti
Mistress Bentson Marie-Josée Dolorian

Orchestre Philharmonique de Nice
Chœurs de l'Opéra de Nice
Vendredi 20 mars, mardi 24 mars et jeudi 26 mars à 20h
Dimanche 22 mars à 14h30

Opéra de Nice
4 et 6, rue Saint-François-de-Paule
06300 Nice
Tél : 04 92 17 40 00/ 79






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