Un style à la fois élégant et décontracté, des lunettes rondes qui lui donne cette allure intellectuelle, Tierno Monénembo, avec son large sourire aux lèvres, incarne la joie de vivre africaine.
Naturel, l’écrivain fait preuve d’une incroyable modestie. Il a pourtant remporté le prix Renaudot en 2008, pour son ouvrage "Le Roi du Kahel", l’histoire romancée de l’explorateur français Aimé Olivier de Sanderval. Sa réaction lorsqu'il apprit qu’il était le lauréat d’un prestigieux concours de littérature? L’écrivain en rit encore et s’exclame d’un air désinvolte: "Je ne m’attendais pas du tout à ça! J’ai reçu un coup de fil de Paris, il était 7 heures du matin. Je n’avais personne avec qui fêter ça à cette heure-là. Alors je me suis recouché (rires)".
De nationalité franco-guinéenne, Tierno Monénembo est aussi peul. Présents dans quinze pays, l’Afrique compte près de 30 millions de peuls qui sillonnent l’Afrique depuis des millénaires. Une histoire que l’auteur compte retracer dans un nouveau roman, coécrit cette fois avec un ophtalmologue grenoblois, amoureux de l'Afrique et ancien médecin au Niger.
Les œuvres de Tierno Monenembo comptent parmi les plus importantes de la littérature africaine contemporaine. Son roman "Le terroriste noir" a d’ailleurs été récompensé par le prix Erckmann-Chatrian, le Grand prix du roman métis et le prix Ahmadou-Kourouma. Basé sur une histoire vraie, ce roman conte le récit émouvant d’un soldat noir au service de l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale. Adapté aussi au cinéma, "Le terroriste noir" sortira prochainement en salles.
Avec son style littéraire unique et décalé, alternant gravité et légèreté et mêlant tour à tour ironie et satire, Tierno Monénembo multiplie les inspirations: "Tout ce que je lis m’inspire, même les bulletins météos", raconte l’écrivain en riant. Au cœur de se ses romans se trouve la mère de toutes les civilisations, l'Afrique, parfois oubliée des récits d’Histoire.
Engagé politiquement, Tierno Monénembo dénonçait le silence de la communauté internationale lors de la crise en Guinée de 2009: "Encore une fois, l'armée a tiré sur la foule à Conakry! Les journaux n'en feront pas leurs gros titres: là-bas, du sang dans les rues, ce n'est pas une information, juste une anecdote", peut-on lire dans une tribune, publiée dans Le Monde en 2009. Aujourd’hui, il s’oppose farouchement au régime d’Alpha Condé qu’il accuse d’avoir organisé des élections truquées. En somme, la littérature est, à ses yeux, la meilleure arme pour lutter contre les injustices, en Afrique comme ailleurs.
Naturel, l’écrivain fait preuve d’une incroyable modestie. Il a pourtant remporté le prix Renaudot en 2008, pour son ouvrage "Le Roi du Kahel", l’histoire romancée de l’explorateur français Aimé Olivier de Sanderval. Sa réaction lorsqu'il apprit qu’il était le lauréat d’un prestigieux concours de littérature? L’écrivain en rit encore et s’exclame d’un air désinvolte: "Je ne m’attendais pas du tout à ça! J’ai reçu un coup de fil de Paris, il était 7 heures du matin. Je n’avais personne avec qui fêter ça à cette heure-là. Alors je me suis recouché (rires)".
De nationalité franco-guinéenne, Tierno Monénembo est aussi peul. Présents dans quinze pays, l’Afrique compte près de 30 millions de peuls qui sillonnent l’Afrique depuis des millénaires. Une histoire que l’auteur compte retracer dans un nouveau roman, coécrit cette fois avec un ophtalmologue grenoblois, amoureux de l'Afrique et ancien médecin au Niger.
Les œuvres de Tierno Monenembo comptent parmi les plus importantes de la littérature africaine contemporaine. Son roman "Le terroriste noir" a d’ailleurs été récompensé par le prix Erckmann-Chatrian, le Grand prix du roman métis et le prix Ahmadou-Kourouma. Basé sur une histoire vraie, ce roman conte le récit émouvant d’un soldat noir au service de l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale. Adapté aussi au cinéma, "Le terroriste noir" sortira prochainement en salles.
Avec son style littéraire unique et décalé, alternant gravité et légèreté et mêlant tour à tour ironie et satire, Tierno Monénembo multiplie les inspirations: "Tout ce que je lis m’inspire, même les bulletins météos", raconte l’écrivain en riant. Au cœur de se ses romans se trouve la mère de toutes les civilisations, l'Afrique, parfois oubliée des récits d’Histoire.
Engagé politiquement, Tierno Monénembo dénonçait le silence de la communauté internationale lors de la crise en Guinée de 2009: "Encore une fois, l'armée a tiré sur la foule à Conakry! Les journaux n'en feront pas leurs gros titres: là-bas, du sang dans les rues, ce n'est pas une information, juste une anecdote", peut-on lire dans une tribune, publiée dans Le Monde en 2009. Aujourd’hui, il s’oppose farouchement au régime d’Alpha Condé qu’il accuse d’avoir organisé des élections truquées. En somme, la littérature est, à ses yeux, la meilleure arme pour lutter contre les injustices, en Afrique comme ailleurs.
"L’exil a fait de moi un écrivain"
À l’époque, rien ne prédestinait ce jeune peul à devenir écrivain. Dans les années 1970, le dictateur guinéen Ahmed Sékou Touré, connu pour sa violence, faisait preuve d’un racisme anti-peul largement assumé, notamment dans son discours d’aout 1976: "C'est la déclaration de guerre! Ils (les peuls) veulent d'une guerre raciale? Eh bien nous, nous sommes prêts (…) nous les anéantirons immédiatement, non par une guerre raciale, mais par une guerre révolutionnaire radicale."
Alors âgé de 22 ans, Tierno Monénembo prend la route de l’exil en 1969. De la Guinée, il se rend à Dakar, à pied. En 1970, il regagne Abidjan, avant de rejoindre Grenoble en 1973, pour y faire ses études sur le campus de Gières. Après avoir obtenu un doctorat en biochimie, suite à la présentation de sa thèse à l’université Lyon II, Tierno Monénembo se lance dans l’écriture, domaine où il excelle particulièrement.
Ce sont ses expériences, son vécu, et probablement ses souffrances qui ont fait de l’homme un grand écrivain: "L’exil est un poison, être arraché à sa terre est une souffrance" confie-t-il. Avant d’ajouter: "C’est l’exil qui a fait de moi un écrivain".
Alors âgé de 22 ans, Tierno Monénembo prend la route de l’exil en 1969. De la Guinée, il se rend à Dakar, à pied. En 1970, il regagne Abidjan, avant de rejoindre Grenoble en 1973, pour y faire ses études sur le campus de Gières. Après avoir obtenu un doctorat en biochimie, suite à la présentation de sa thèse à l’université Lyon II, Tierno Monénembo se lance dans l’écriture, domaine où il excelle particulièrement.
Ce sont ses expériences, son vécu, et probablement ses souffrances qui ont fait de l’homme un grand écrivain: "L’exil est un poison, être arraché à sa terre est une souffrance" confie-t-il. Avant d’ajouter: "C’est l’exil qui a fait de moi un écrivain".
France-Afrique, des relations sulfureuses
Quand Tierno s’exprime sur la relation contemporaine France-Afrique, qu’il qualifie de néocolonialiste, l’écrivain ne cache pas sa colère et sa rancœur. "L’Afrique est réduit à un dilemme incontournable, elle est toujours victime ou complice d’un pouvoir préétabli", estime l’écrivain.
Tierno Monénembo condamne fermement l’époque coloniale: "Il n’y a pas d’histoire d’amour entre les colons et les Africains, seulement des relations d’invasion". À travers ses récits, il dénonce avec humour une vision faussement paternaliste de cette période controversée de l'Histoire. "L’Histoire n’a pas à être racontée par les colons. Ce n’est pas aux penseurs européens de raconter ce que le peuple africain a subi", estime l’écrivain. À ses yeux, une nouvelle relation franco-africaine est aujourd'hui possible à condition que "la politique française tire des leçons de l’Histoire, ne réitère pas ses erreurs et qu'elle ait une attitude bienveillante envers l’Afrique, ce qui n’est pas toujours le cas!", poursuit-il.
Mais optimiste, il croit aux vertus des échanges culturels franco-africains. "Nous partageons une langue et histoire commune, chacun a à prendre de chacun. L’Afrique a beaucoup à apprendre de l’organisation et du savoir occidental. De l'autre côté, l’Afrique est une expérience de l’existence et de la résilience. Les Africains subissent des difficultés quotidiennes, mais ils sont chanceux… ils ne sont jamais déprimés!" Son grand sourire le confirme.
Tierno Monénembo condamne fermement l’époque coloniale: "Il n’y a pas d’histoire d’amour entre les colons et les Africains, seulement des relations d’invasion". À travers ses récits, il dénonce avec humour une vision faussement paternaliste de cette période controversée de l'Histoire. "L’Histoire n’a pas à être racontée par les colons. Ce n’est pas aux penseurs européens de raconter ce que le peuple africain a subi", estime l’écrivain. À ses yeux, une nouvelle relation franco-africaine est aujourd'hui possible à condition que "la politique française tire des leçons de l’Histoire, ne réitère pas ses erreurs et qu'elle ait une attitude bienveillante envers l’Afrique, ce qui n’est pas toujours le cas!", poursuit-il.
Mais optimiste, il croit aux vertus des échanges culturels franco-africains. "Nous partageons une langue et histoire commune, chacun a à prendre de chacun. L’Afrique a beaucoup à apprendre de l’organisation et du savoir occidental. De l'autre côté, l’Afrique est une expérience de l’existence et de la résilience. Les Africains subissent des difficultés quotidiennes, mais ils sont chanceux… ils ne sont jamais déprimés!" Son grand sourire le confirme.