Ainsi, le message n’est pas entendu de la même façon par tous. Remplacer Nicolas Hulot, un écologiste médiatique, mais écologiste quand même, par un politicien pur jus légèrement teinté d’écologie mais interdit à la consommation car depuis longtemps périmé sans avoir jamais été consommé, semble être une aberration et c’est pourtant le choix que n’a pas hésité à faire le Premier ministre Philippe. Ceci alors que la mobilisation se fait de plus en plus réelle, nous en voulons pour preuve les appels à pétition organisés par des artistes et autres intellectuels, les tribunes publiées dans les médias par des spécialistes de la question, les marches observées en France et dans le monde entier consécutives soit à la démission du ministre de l’Ecologie soit à l’approche de la Cop 24. Cop justement prévue à partir du 2 décembre prochain à Katowice en Pologne. On ne manquera pas d’apprécier l’ironie quand on sait qu’il s’agit de l’un des principaux centres industriels en Europe et que le pays n’a pas encore, loin s’en faut, démontré son intérêt pour les questions environnementales. Par conséquent, ce sommet aura sans aucun doute un rôle pédagogique. On se souvient qu’en 2015, la Cop 21 s’était déroulée en France. Les deux dernières Cop étaient des conférences d’étape avant cette Cop 24 dont l’objectif est de parvenir à mettre en application les Accords de Paris. C’est-à-dire ancrer l’économie réelle dans l’action climatique, devant entrer en vigueur en 2020.
Mais voilà, le président Macron et son Premier ministre n’entendent rien. A croire qu’ils sont sur une autre planète. Dans un papier publié dans Libération, où sont reproduites les paroles de l’ancien ministre Hulot, celui-ci cite à juste titre cette admirable phrase de Bossuet – connu plus particulièrement pour ses Oraisons funèbres, cela ne s’invente pas - pour comprendre comment fonctionne notre gouvernement: "Nous nous affligeons des effets mais continuons à adorer les causes." Sous-entendu, les conséquences du réchauffement climatique sont bien tristes, mais n’attendez pas de nous que nous changions quoi que ce soit à notre façon de vivre et de penser.
C’est acté, l’ancien président de l’Assemblée nationale François de Rugy a remplacé Nicolas Hulot. Et aujourd’hui encore, nous ne savons pas qui lui succédera à la tête du Parlement. Nombreux sont ceux qui estiment que Richard Ferrand sera le prochain président alors que des députées de la République en marche aimerait bien voir la parité s’exprimer un peu mieux au sein de leurs rangs.
Il est vrai qu’il ne restait plus beaucoup d’anciens écolos reconvertis à recycler dans l’environnement proche du président – comme quoi l’écologie peut se faire à différents niveaux! A l’Elysée, on a dû se dire que de Rugy ferait bien l’affaire puisqu’il y a 6 ans, il avait été élu député sous l’étiquette Europe Ecologie-Les Verts. Surtout que depuis plus d’un an, le bonhomme a démontré toute sa bonne volonté du haut de son perchoir. Il se définit comme "un écolo sérieux" sous-entendu, il y en a qui ne le sont pas ou du moins qui le sont différemment. Entre Hulot, l’écolo médiatique et de Rugy, l’écolo sérieux – avec l’objectif de sortir du nucléaire et la production de 100% de l’électricité française à partir d’énergie renouvelable à l’horizon 2050… chiche… , à quand un écolo responsable?