L’alcool fait des ravages dans le milieu des jeunes à Bukavu


Par Lech Walassa Mulondani Rédigé le 24/04/2009 (dernière modification le 27/04/2009)

La consommation de l’alcool par les jeunes atteint des proportions inquiétantes dans la ville de Bukavu. Des jeunes élèves prenant par les bras leur camarade renvoyé des cours pour ivresse et tentant de le ramener chez lui. Cette scène est devenue habituelle dans les rues de Bukavu à proximité des écoles secondaires.


Selon une étude menée par une étudiante de l’Université Evangélique en Afrique et par ailleurs confirmée par des observations sur le terrain,les jeunes, filles et garçons confondus, entre 14 et 25 ans boivent de plus en plus d’alcool et sont aussi grands consommateurs de drogue notamment le chanvre à fumer. Adrien, seize ans, affirme boire pour s’amuser. "Je peux boire deux bouteilles de bière de 72 centilitres à 5 % d’alcool sans me saouler."
Pour se rendre compte des ravages de l’alcool et de la drogue dans le milieu des jeunes de Bukavu, il suffit de faire un tour dans les bistrots et buvettes, nombreux dans la ville, pour voir ces jeunes s’adonner à la consommation sans modération de l’alcool. Alors que la loi interdit aux mineurs de fréquenter ces lieux réservés aux adultes, les jeunes gens y entrent sans aucune contrainte et commandent comme bon leur semblent. "Nous remarquons qu’ils sont là mais nous n’avons pas le choix. Comme les services de police ne viennent jamais contrôler ceux qui boivent, il y n’a aucune raison de les empêcher de boire l’alcool car souvent ils viennent accompagnés par un adulte qui passe la commande". Les filles sont de plus en plus nombreuses à boire l’alcool. Une fille sur trois affirme boire un verre de bière soit pour s’amuser soit pour la santé,selon l'étude citée. De nos jours, les jeunes filles viennent avec leurs amis ou parent et commandent une bière et une limonade qu’elles mélangent.

Beaucoup de fêtes, occasion de boire

Autres occasions de consommation d’alcool, les fêtes qui sont devenues un véritable phénomène de société et un des signes extérieurs de richesse à Bukavu. Lorsque ce sont des fêtes de mariage dans les confessions religieuses interdisant l’alcool, les jeunes applaudissent à tout rompre lorsque le pasteur se retire pour laisser les fetards et accompagner le couple pour la prière à domicile. "C’est le moment de consommer l’alcool car le pasteur qui interdit ça est parti. C’est de l’hypocrisie de la part des jeunes mais on ne peut pas faire autrement. Il faut laisser les gens leur liberté de boire car aucune loi n’interdit ça' affirme Ingrid, dix sept ans.

Baisse de niveau dans les écoles secondaires

Selon l’étude d’un sociologue, le rendement scolaire est au plus bas chez les élèves qui consomment régulièrement l’alcool. La drogue et l’alcool sont des facteurs de perte de mémoire,affirme-t-il. Il y a quelques mois, l’archevêque catholique de Bukavu a fermé la dernière année au petit séminaire de Mugeri, 45 kilomètres au nord de Bukavu après des casses des séminaristes en colère. Les témoins ont affirmé que des bouteilles de liqueurs fortes ont été retrouvées dans les chambres des casseurs.

Responsabilités partagées

Les adultes disent qu’ils n’y sont pour rien. "Les jeunes boivent pour affirmer leur maturité et leur entrée dans le cercle des grands. Dans les habitudes ici, les filles et les femmes ne boivent pas en public mais aujourd’hui avec la parité et le genre prôné par les exigences de la modernité, les jeunes filles et femmes boivent en public sans aucun problème". Ce qui encourage les autres à faire de même et à consommer davantage d’alcool. "Nous assistons impuissants à cette tragédie qui tue notre jeunesse, avenir de notre pays. Le désœuvrement prolongé favorise aussi cet état de chose," dit l’étude d’un chercheur local. "Nous sommes en face d’un phénomène qui va ruiner notre avenir si des mesures ne sont pas prises pour limiter les dégâts, déclare un agent de police de la protection de l’enfance sous anonymat. Parmi ces mesures, l’ancien maire de Bukavu avait interdit la vente et la consommation des liqueurs fortes vendues dans des emballages en sachet. M Prosper MUSHOBEKWA est allé jusqu’à saisir et à détruire de grandes quantités de ces liqueurs fabriquées dans les pays voisins et au Nord Kivu. Depuis quelques temps, la vente a repris à des prix abordables pour les jeunes. Les parents devraient encadrer leurs enfants et les pouvoirs publics devraient réglementer l’accès des jeunes à l’alcool par des mesures prohibitives. Les chaînes de télévision et de radio diffusent au mépris des règles, de jour et de nuit, de la publicité vantant les mérites de l’alcool. Les panneaux publicitaires et les chansons populaires incitent aussi les jeunes à boire. Comme on dit, un verre ça va. Deux verres, attention. Trois verres, bonjour les dégâts !





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