Katell Lorre instaure le co-pâturage sur la lande du Cap Fréhel


Par Rédigé le 08/03/2019 (dernière modification le 07/03/2019)

Dans les Côtes d'Armor, la Castine Katell Lorre élève un cheptel de races rustiques et variées. A la tête de "La petite ferme d’Émeraude", la jeune femme cultive le sarrasin bio qu'elle utilise pour la conception de ses galettes et s'apprête à réinvestir - hors période de chasse - une petite partie de la lande du Cap Fréhel avec ses animaux.


Saint-Cast le Guildo. Katell Lorre et deux de ses moutons, Sputnik et Mona Lisa. (c) Cindy Giraud.

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Un projet de co-pâturage, qu'elle entend réaliser grâce à un financement participatif dédié aux projets agricoles et alimentaires.

Chez Katell, vaches Froment du Léon, chevaux de trait, poneys, moutons d'Ouessant et Lande de Bretagne, chèvres des fossés et ânes composent le cheptel d'une petite ferme au sein de laquelle on œuvre au maintien d'une agriculture paysanne. Ce retour sur la lande, celle qui se définit volontiers comme une "paysanne galétière", l'a depuis longtemps en tête.

"Les choses ont été longues à mettre en place. Je me suis adressée à la mairie de Plévenon afin d'entreprendre les démarches administratives il y a maintenant deux ans", explique Katell, titulaire d'un bac scientifique et d'un BTS gestion des espaces naturels.

Des races locales

Katell Lorre et l'une de ses vaches Froment du Léhon. (c) Carine Pauchard.
Le troupeau, composé de races locales et rustiques, permettra de poursuivre l'entretien du site de façon naturelle et de remettre sur la lande un peu de bio-diversité.

"Il n'y a que des avantages à la diversité des espèces sur une pâture. Elles sont complémentaires. Les uns mangent les refus des autres".

Si les chevaux concentrent leurs déjections dans une zone différente de celles où ils pâturent, les bovins contribueraient mieux à l'enrichissement de la prairie et mangeraient même les refus dus aux zones de crottins des chevaux.

"Les sols ne sont pas appauvris et la mixité permet aussi une excellente gestion des parasites car les différentes espèces ne sont pas concernés par les mêmes, du coup ils s'infestent beaucoup moins et chacun régule les parasites des autres".

Un financement participatif

Chez Katell Lorre, les espèces cohabitent. (c) Cindy Giraud.
Mais avant que le cheptel ne s'installe sur les landes, il faut des clôtures. "Qui dit chèvres dans un troupeau, dit bonnes clôtures. C'est nécessaire pour que les animaux ne sortent pas mais aussi pour les protéger d'éventuels chiens errants, précise la Castine. Il faut de la qualité sachant que les clôtures devront être démontables. Le coût se situe aux environs de 10.000 €".

Katell a donc décidé de lancer une cagnotte en ligne via la plate-forme Miimosa. Fin février, un premier palier de 3.000 € était presque atteint. Franchir les deux suivants, de 5.000 et 7.000 €, permettrait à l'agricultrice de clôturer davantage de surface.

La jeune femme s'est associée à des producteurs et artisans locaux afin d'offrir aux donateurs des contreparties à leur soutien financier. Selon la contribution apportée: visite et dégustation de galettes, concert privé, produits locaux tels que savons artisanaux, cidres, caramels au beurre salé, rillettes de la mer, bolée en terre cuite et beaucoup d'autres produits. Sébastien Limet, un artiste origamiste d'Orléans est également associé.

Sarrasin bio et langue des signes

A l’été 2013, Katell apprend que "La Binée Paysanne", une association de producteurs, cherche un producteur de crêpes et de galettes. La Castine, qui cherchait une activité en complément de sa ferme, saisit l'opportunité. Elle monte le projet en quelques mois, met en place son labo de transformation, se forme au métier, et se lance.

Aujourd'hui, Katell cultive son propre sarrasin. La pâture de la lande va lui permettre de libérer de la surface et d'étendre la culture de son blé noir, de 5.000 m2 à 3 ha.

Ce qu'il lui faut pour "être autonome". La Costarmoricaine a choisi une semence paysanne ancienne et locale qu'elle s'est procurée via l'association Triptolème et l'Inra. Elle produit 1.000 galettes par semaine qu'elle écoule via les marchés, magasins bio, AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) et la Binée Paysanne.

La tête pleine d'idées et très attachée à l'accueil du public sur la ferme, Katell se forme actuellement à la langue des signes. "Ça m'intéressait depuis des années et ouvrir la ferme à des malentendants sans connaître la langue des signes, c'est difficile. J'espère, si ce n'est pas dès cet été, être prête pour l'été 2020".

La petite ferme d’Émeraude, qui se développe patiemment depuis une décennie, a également signé une charte avec l'Institut Régional du Gallo. Katell, qui valorisait déjà le parler gallo, va par ce biais intégrer la langue gallèse à son site internet, à sa promotion et à son répondeur. Bref, mêler la culture gallèse à la vie quotidienne et à la ferme.

Si tout se passe bien, le troupeau sera sur la lande début mai







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