Jusqu’à La Garde: dans la course aux titres des Césars


Par Rédigé le 20/02/2019 (dernière modification le 19/02/2019)

Sorti le 7 février 2018 au cinéma, le film "Jusqu’à La Garde" de Xavier Legrand est un des grands favoris des Césars 2019. Ayant reçu dix nominations, il est à égalité avec "Le Grand Bain" de Gilles Lellouche.


Au cœur d’un divorce sur fond de violences conjugales

Le film de Xavier Legrand nous plonge dans l’enfer des femmes victimes de violences conjugales. Photo (c) Rossandzane

Jusqu'à La Garde.mp3  (1.63 Mo)

Tout commence dans le bureau d’une juge aux affaires familiales, avec deux parents en instance de divorce se disputant la garde de leurs enfants: Joséphine qui est presque majeure, mais surtout Julien qui lui n’a que 11 ans. La lecture du témoignage du plus jeune nous met tout-de-suite dans le bain. Julien ne veut pas aller chez son père, en a peur et tient à le tenir éloigné de sa mère. S’ensuit une lutte entre les avocats de chaque parent. Le problème est posé et la juge doit prendre une décision, mais qui doit-elle croire? Un père que l’on dit possessif et potentiellement violent mais qui paraît désarmé et tellement malheureux de voir ses enfants s’éloigner de lui? Ou une mère discrète et mal à l’aise qui dit ne vouloir que le bien de ses enfants? Le jugement est déterminant pour la suite de l’histoire et les personnalités vont progressivement se découvrir…

En 2013, Xavier Legrand avait réalisé i["Avant que de tout perdre"i, un court métrage sur les violences conjugales qui avait remporté le Grand prix du Festival de Clermont-Ferrand 2013 et obtenu le César du meilleur court-métrage en 2014. Le réalisateur a alors repris le thème et trois des interprètes de cette réalisation (Léa Drucker, Denis Ménochet et Mathilde Auneveux) pour son premier long métrage "Jusqu’à La Garde".


Une atmosphère angoissante

Ce drame de la séparation s’avère être un vrai thriller psychologique. La pression monte au fur à mesure pour finir dans une atmosphère totalement angoissante où l’on en oublie de respirer ou de décrocher nos doigts de l’accoudoir. Tout est fait pour que le spectateur soit oppressé. Les dialogues sont minimalistes et les effets sonores incroyablement bien faits: peu de musique mais des bruits du quotidien omniprésents et répétitifs tels que ceux des clignotants, de l’alarme de la ceinture, de crissements de pneus… qui ne font qu’accentuer la sensation d’enfermement et de stress. Les plans séquence sont nombreux, notamment lors d’une fête d’anniversaire où l’on sent bien que le film bascule sans pouvoir entendre aucune des discussions. Mais surtout, on est happé par l’interprétation des acteurs. Thomas Gioria, qui interprète le rôle de Julien, exprime très bien l’angoisse d’un enfant luttant avec ses petits moyens dans un climat de détresse sociale. Enfin, Denis Ménochet, qui incarne le père de famille, est troublant de vérité dans son rôle d’homme tourmenté et manipulateur.

Soyons clairs, ce n’est pas le genre de film à regarder pour se détendre. Mais il nous confronte à une réalité qui reste malheureusement encore tabou parfois, celle des violences conjugales, avec beaucoup de réussite et en marquant les esprits. Il a d’ailleurs déjà reçu plusieurs récompenses, dont le Lion d’Argent pour le prix de la mise en scène et celui du meilleur premier film à la Mostra de Venise 2017. Nommé aux Césars 2019 dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur(e) acteur/actrice, meilleur espoir masculin, meilleur premier film, meilleur scénario original, meilleure photographie, meilleur montage et meilleur son, reste à savoir si "Jusqu’à la garde" va transformer l’essai…







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