Journée mondiale du refus de la misère


Par C.L. Rédigé le 17/10/2013 (dernière modification le 16/10/2013)

Aujourd'hui, comme tous les ans le 17 octobre, le monde prête un peu plus d'attention à la misère. Mais le fait est que plus la crise économique et sociale s’accentue, plus les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté se répandent.


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Plus on est pauvre et plus on est montré du doigt. Pour dépasser les idées simplistes et les préjugés sur les pauvres, beaucoup trop répandus dans notre société, le livre "En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté" invite à dépasser les stéréotypes, en se référant à des témoignages, des études et des chiffres officiels.
Les idées reçues recensées aujourd'hui dans cet ouvrage sont nombreuses. Elles montrent l'ampleur des préjugés. Certains semblent plus anodins que d'autres, mais ne font pas forcément moins de dégâts. On y parle d'aides sociales, de logement, des impôts, des Roms et des gens du voyage, mais aussi de l'école, de l'éducation, des enfants. Pour autant, ses réponses sont surtout une ouverture au dialogue, une contribution qui montre que les choses ne sont pas aussi simples que ce que l'ont entend dire.
On ne peut juger une personne à travers une idée simple, qu'il soit riche ou pauvre.

Précis, ce petit "manuel anti idées reçues" de 200 pages démonte point par point, chiffres et documents officiels à l'appui, 88 lieux communs véhiculés sur les pauvres et la pauvreté. Un argumentaire solide est développé par des membres d'ATD Quart Monde: Bruno Tardieu (délégué national du mouvement, Jean-Christophe Sarrot (responsable de la revue "Feuille de route", et Marie-France Zimmer (membre de la Délégation d'ATD Quart Monde).

Trois idées fausses extraites du livre

"Les pauvres font tout pour profiter au maximum des aides"
FAUX. Au contraire, beaucoup ne sollicitent pas les aides auxquelles ils ont droit. Pour différentes raisons (volonté de ne pas dépendre de l'aide publique, complexité des démarches, manque d'information, souhait de ne pas être contrôlé...), une partie des personnes éligibles à différentes aides n'en font pas la demande. C'est ce qu'on appelle le non-recours. Les taux de non-recours sont les suivants: 50 % en moyenne pour le RSA (68 % pour le RSA activité, 35 % pour le RSA socle), 29 % pour la CMU complémentaire, 68 % pour le tarif première nécessité d'EDF, 62 % pour le tarif spécial solidarité de GDF, 50 à 70 % pour les tarifs sociaux dans les transports urbains.

"Les pauvres sont des fraudeurs"

FAUX. Ils fraudent beaucoup moins que les autres. Il ne s'agit pas de nier la fraude aux prestations sociales, ni la nécessité de lutter contre elle. Mais elle est très faible par rapport aux autres types de fraudes - notamment la fraude fiscale -, auxquels les discours stigmatisants s'intéressent beaucoup moins. 60 millions d'euros de fraude au RSA en 2009 pour environ 2 millions de bénéficiaires, cela représente en moyenne 30 euros par personne et par an. "La fraude des pauvres est une pauvre fraude", estimait le Conseil d’État en février 2011.
En face des 4 milliards de fraude estimée aux prestations sociales, alignons les montants estimés des non-recours à ces mêmes prestations: 5,3 milliards pour le RSA, 4,7 milliards pour les prestations familiales et le logement, 828 millions pour l'allocation personnalisée d'autonomie (APA)..., soit au total environ 11 milliards "économisés" chaque année par l’État parce que, pour différentes raisons, une partie des personnes qui ont droit à ces prestations ne les sollicitent pas. Au bout du compte, malgré la fraude, l’État est donc "gagnant" d'environ 7 milliards d'euros par an! "Les discours stigmatisants ont pour effet de culpabiliser les ayants droit, entraînant ainsi des non-recours et donc des non-dépenses", estime l'Odenore.

"Les pauvres ne paient pas d'impôts"
FAUX. Ils participent comme les autres citoyens à la moitié des recettes fiscales de l’État. Si elles échappent à l'impôt sur le revenu, les personnes en situation de pauvreté paient comme les autres la TVA (48,3 % des recettes fiscales de l’État en 2010) et les taxes sur les alcools et le tabac (9,1%). Le taux moyen d'imposition (impôts directs et indirects) des 10 % les moins riches est d'environ 40 %, alors que celui des 0,1 % les plus riches est d'environ 37 %. Celui des revenus moyens de 45 à 48 % (source Insee). Précisons que pour les plus hauts revenus, les taux réels d'imposition sont souvent très inférieurs aux taux affichés, à cause des niches fiscales. Grâce à elles, une partie des plus hauts revenus échappe à une part de l'imposition.
Il est vrai que les familles aux plus faibles revenus peuvent être exonérées de la taxe d'habitation et de la redevance TV, mais il faut effectuer beaucoup de démarches avant d'obtenir ces exonérations et il faut les renouveler régulièrement.





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