Josephine Baker à La Havane, Cuba en 1950 (c) Rudolf Suroch
Lors de tournées en Amérique latine, elle avait séjourné dans l’île dès le début des années 50. En 1966, elle y reviendra pour la quatrième fois, d’une façon plus officielle. Fidel Castro, premier secrétaire du Parti communiste de Cuba et Premier ministre l’invite par l’intermédiaire d’Antonio Carrillo Carreras, ambassadeur de Cuba en France. Elle accepte avec enthousiasme, déclarant "Je viens à Cuba parce que j'aime ce pays et il n'y a rien qui m'humilie en tant qu'être humain. Je suis fascinée et je ne peux m'empêcher de regarder ce bleu que j'ai devant moi, cette Havane si différente qui m'accueille. Je viens jouer pour vous tous, vous donner tout ce que j'ai". Le Líder máximo qui l’avait entendue en janvier 1952 alors qu’il était jeune avocat à La Havane, voulait certainement l’entendre à nouveau mais il ne s’agissait pas que de cela. Il a invité les chefs d’Etat de 82 pays non alignés, de mouvements de libération d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine avec pour objectif de mondialiser la révolution et de créer un mouvement la Tricontinentale ou Conférence de solidarité des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. A son propos, Joséphine Baker confiera à Granma le quotidien du Parti communiste local "La Tricontinentale, c'est formidable avec ces gens de tous les pays, toutes les langues, toutes les couleurs. C'est une chance inouïe d'avoir un public pareil. Toute la race humaine réunie en une seule famille".
Un ballet d’Iliouchine et de Bristol Britannia déposera donc quelque 500 délégués à l’aéroport José-Martí de la Havane. La ville est en fête, les délégués sont logés pour une douzaine de jours à l’hôtel Hilton inauguré en grande pompe le 22 mars 1958 pendant les derniers mois de la dictature de Fulgencio Batista. Il y plane encore le souvenir de Winston Churchill, Frank Sinatra, Ava Gardner ou Johnny Weismuller. Il est devenu Habana Libre. La façade de ses 25 étages et près de 600 chambres est décorée avec sur fond de planisphère, un poing vengeur arborant un fusil. Comme l’a souhaité Fidel Castro, les Vietnamiens sont les "invités d’honneur", eux qui résistent aux Américains. Trois importants responsables ne sont pas présents, le président algérien Ahmed Ben Bella renversé par un coup d’État le 19 juin 1965, Ernesto Guevara parti combattre en Bolivie et le Marocain Mehdi Ben Barka, un des principaux initiateurs de la Tricontinentale, enlevé à Paris le 29 octobre 1965.
Outre les représentants politiques, on peut croiser entre autres Alberto Moravia, Mario Vargas Llosa ou Régis Debray et naturellement Joséphine Baker venue défendre les droits des Afro-Américains.
Le 4 août 1965, cette dernière avait écrit une lettre à Fidel Castro et en transmettait une copie à l’ambassadeur de Cuba à Paris. Elle évoquait son projet de Collège de la fraternité universelle au château des Milandes dans le Périgord noir. Elle demandait une entrevue pour évoquer ce sujet et se disait toute prête à donner quelques représentations au profit des oeuvres philanthropiques cubaines. Le Líder Máximo lui répondit favorablement et l’invita à La Havane où elle arriva le 29 décembre 1965 pour la conférence de la Tricontinentale qui durera du 3 au 15 janvier 1966. Elle est acclamée par de nombreux admirateurs. En juillet 1966, Joséphine Baker revint avec tous ses enfants. Invités par Fidel Castro, ils sont logés dans une villa de la célèbre station balnéaire de Varadero. "Tío Fidel" ou "Tonton Fidel" comme l’appelleront les enfants leur rendra visite et un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines sera remis à Joséphine Baker. Malgré tout cela, le projet de l’artiste ne put se réaliser. Et si l’on en croit Angélique de Saint-Exupéry, actuelle propriétaire du château des Milandes "Elle n'a pas échoué. Ce Collège de la fraternité, elle l’a réalisé avec ses 12 enfants". Cet échec ne l’empêchera pas d’adresser une lettre de condoléances à Fidel Castro lors de la mort d’Ernesto Guevara en Bolivie le 9 octobre 1967.
Sa première visite à Cuba avait eu lieu en décembre 1950 et elle y connut un grand succès, elle était accompagnée par son violoniste de mari Jo Bouillon mais aussi par les meilleurs orchestres et danseurs de l’île. Le Théâtre América de la Havane, devenu maintenant Grand Théâtre ne désemplissait pas depuis la première du spectacle le 27 novembre 1950. C’était une vieille connaissance pour les Cubains. Déjà en 1931, un jeune journaliste et musicologue qui résidait à Paris et deviendra le grand écrivain Alejo Carpentier, publiait un article où il signalait l’influence de la rumba cubaine sur les chansons de Joséphine Baker.
Elle y retourne deux ans plus tard, en janvier 1952 et ne sera pas admise à l’hôtel Nacional en raison de sa couleur de peau. Elle se plaindra et sera invitée dans un autre établissement de la capitale. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir séjournèrent dans cet hôtel Nacional lors de leur séjour du printemps 1960 et les débuts de la révolution castriste les avaient émerveillés…
Joséphine Baker revient à Cuba le 10 février 1953 et subit une autre forme d’humiliation, le contrat qui la liait à la radio CMQ est annulé pour un motif futile. En réalité c’était sur ordre de l’ambassade des Etats-Unis. Ce séjour est émaillé d'autres nombreux ennuis plus ou moins graves et elle finit sa tournée au Teatro Campoamor, se promettant de ne plus revenir à Cuba tant que le régime de Batista ne serait pas tombé…
Un ballet d’Iliouchine et de Bristol Britannia déposera donc quelque 500 délégués à l’aéroport José-Martí de la Havane. La ville est en fête, les délégués sont logés pour une douzaine de jours à l’hôtel Hilton inauguré en grande pompe le 22 mars 1958 pendant les derniers mois de la dictature de Fulgencio Batista. Il y plane encore le souvenir de Winston Churchill, Frank Sinatra, Ava Gardner ou Johnny Weismuller. Il est devenu Habana Libre. La façade de ses 25 étages et près de 600 chambres est décorée avec sur fond de planisphère, un poing vengeur arborant un fusil. Comme l’a souhaité Fidel Castro, les Vietnamiens sont les "invités d’honneur", eux qui résistent aux Américains. Trois importants responsables ne sont pas présents, le président algérien Ahmed Ben Bella renversé par un coup d’État le 19 juin 1965, Ernesto Guevara parti combattre en Bolivie et le Marocain Mehdi Ben Barka, un des principaux initiateurs de la Tricontinentale, enlevé à Paris le 29 octobre 1965.
Outre les représentants politiques, on peut croiser entre autres Alberto Moravia, Mario Vargas Llosa ou Régis Debray et naturellement Joséphine Baker venue défendre les droits des Afro-Américains.
Le 4 août 1965, cette dernière avait écrit une lettre à Fidel Castro et en transmettait une copie à l’ambassadeur de Cuba à Paris. Elle évoquait son projet de Collège de la fraternité universelle au château des Milandes dans le Périgord noir. Elle demandait une entrevue pour évoquer ce sujet et se disait toute prête à donner quelques représentations au profit des oeuvres philanthropiques cubaines. Le Líder Máximo lui répondit favorablement et l’invita à La Havane où elle arriva le 29 décembre 1965 pour la conférence de la Tricontinentale qui durera du 3 au 15 janvier 1966. Elle est acclamée par de nombreux admirateurs. En juillet 1966, Joséphine Baker revint avec tous ses enfants. Invités par Fidel Castro, ils sont logés dans une villa de la célèbre station balnéaire de Varadero. "Tío Fidel" ou "Tonton Fidel" comme l’appelleront les enfants leur rendra visite et un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines sera remis à Joséphine Baker. Malgré tout cela, le projet de l’artiste ne put se réaliser. Et si l’on en croit Angélique de Saint-Exupéry, actuelle propriétaire du château des Milandes "Elle n'a pas échoué. Ce Collège de la fraternité, elle l’a réalisé avec ses 12 enfants". Cet échec ne l’empêchera pas d’adresser une lettre de condoléances à Fidel Castro lors de la mort d’Ernesto Guevara en Bolivie le 9 octobre 1967.
Sa première visite à Cuba avait eu lieu en décembre 1950 et elle y connut un grand succès, elle était accompagnée par son violoniste de mari Jo Bouillon mais aussi par les meilleurs orchestres et danseurs de l’île. Le Théâtre América de la Havane, devenu maintenant Grand Théâtre ne désemplissait pas depuis la première du spectacle le 27 novembre 1950. C’était une vieille connaissance pour les Cubains. Déjà en 1931, un jeune journaliste et musicologue qui résidait à Paris et deviendra le grand écrivain Alejo Carpentier, publiait un article où il signalait l’influence de la rumba cubaine sur les chansons de Joséphine Baker.
Elle y retourne deux ans plus tard, en janvier 1952 et ne sera pas admise à l’hôtel Nacional en raison de sa couleur de peau. Elle se plaindra et sera invitée dans un autre établissement de la capitale. Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir séjournèrent dans cet hôtel Nacional lors de leur séjour du printemps 1960 et les débuts de la révolution castriste les avaient émerveillés…
Joséphine Baker revient à Cuba le 10 février 1953 et subit une autre forme d’humiliation, le contrat qui la liait à la radio CMQ est annulé pour un motif futile. En réalité c’était sur ordre de l’ambassade des Etats-Unis. Ce séjour est émaillé d'autres nombreux ennuis plus ou moins graves et elle finit sa tournée au Teatro Campoamor, se promettant de ne plus revenir à Cuba tant que le régime de Batista ne serait pas tombé…