Alain Belhassen, président du CRIF Sud-Est, entouré de ses invités
"Cette année, pour la première fois je crois, je souhaite exprimer mon inquiétude". C’est par cette sombre introduction qu’Alain Belhassen, son président, a ouvert dimanche 13 novembre le dîner annuel de la section Sud-Est du CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions juives de France. Depuis l’estrade des Salons Azur du Palais de la Méditerranée qui abritaient cette rencontre, Alain Belhassen a dénoncé les "lignes franchies par le traitement médiatique et politique définitivement partial, irrationnel et malveillant des soubresauts de l’actualité". Et lorsque le CRIF prend la parole, a-t-il expliqué, "un syndicat de journaliste estime que notre organisation dépasse ses prérogatives". Exprimant au nom de la communauté juive un "malaise ressenti depuis longtemps", l’organisateur de cette soirée a regretté le fait que "systématiquement, notre point de vue juif soit contraire à la pensée générale de notre société". Une opinion reprise et explicitée par Richard Prasquier, président du CRIF national: "Il existe une véritable volonté dans ce monde médiatique de présenter en noir et blanc un conflit israélo-palestinien pourtant complexe".
De ce "malaise", Alain Belhassen a souhaité donner deux exemples: "comment a-t-on relaté la libération de Guilad Chalit? Comme un échange de prisonnier!". Alors qu’il s’agit, selon lui, du "rachat d’une vie prise en otage, menacée, marchandée contre la libération de prisonniers de droit commun ayant eu droit à un procès et des conditions de détention décentes". Et de critiquer dans la foulée "certains communiqués de grands partis politiques" qui "en raisonnant par équivalence ont ajouté la complaisance à l’inconscience". "Par une dangereuse approximation", a-t-il lancé, "ils méprisent l’électorat qu’ils cherchent à atteindre !". Second exemple, selon le président du CRIF Sud-Est, "l’admission de l’Autorité palestinienne à l’Unesco !". "Que cette organisation accepte dans ses rangs un non État! Et si l’Autorité palestinienne n’est pas un État, ce n’est pas la faute à Israël mais bien en raison de l’incapacité de la première à se constituer en État respectable et acceptable". Tout en fustigeant les défaillances des "programmes éducatifs en Palestine" de l’organisation thématique des Nations Unies, il a ajouté: "comment l’Unesco ne formule-t-elle pas un minimum d’exigences face aux déclarations des dirigeants palestiniens qui affirment clairement que la future Palestine ne devra comporter aucun juif?". "Face à ce malaise", a encore enchaîné Alain Belhassen, "la pire des solutions serait le repli sur soi": faisant l’éloge de l’esprit républicain qui anime les dîners du CRIF "plus que jamais favorables aux échanges comme celui de ce soir", il a lancé un appel vibrant aux responsables politiques français présents: "Mesdames et messieurs les politiques, soyez forts, soyez intransigeants sur nos valeurs communes, soyez clairs sur vos engagements et nous serons comme par le passé à vos côtés".
De ce "malaise", Alain Belhassen a souhaité donner deux exemples: "comment a-t-on relaté la libération de Guilad Chalit? Comme un échange de prisonnier!". Alors qu’il s’agit, selon lui, du "rachat d’une vie prise en otage, menacée, marchandée contre la libération de prisonniers de droit commun ayant eu droit à un procès et des conditions de détention décentes". Et de critiquer dans la foulée "certains communiqués de grands partis politiques" qui "en raisonnant par équivalence ont ajouté la complaisance à l’inconscience". "Par une dangereuse approximation", a-t-il lancé, "ils méprisent l’électorat qu’ils cherchent à atteindre !". Second exemple, selon le président du CRIF Sud-Est, "l’admission de l’Autorité palestinienne à l’Unesco !". "Que cette organisation accepte dans ses rangs un non État! Et si l’Autorité palestinienne n’est pas un État, ce n’est pas la faute à Israël mais bien en raison de l’incapacité de la première à se constituer en État respectable et acceptable". Tout en fustigeant les défaillances des "programmes éducatifs en Palestine" de l’organisation thématique des Nations Unies, il a ajouté: "comment l’Unesco ne formule-t-elle pas un minimum d’exigences face aux déclarations des dirigeants palestiniens qui affirment clairement que la future Palestine ne devra comporter aucun juif?". "Face à ce malaise", a encore enchaîné Alain Belhassen, "la pire des solutions serait le repli sur soi": faisant l’éloge de l’esprit républicain qui anime les dîners du CRIF "plus que jamais favorables aux échanges comme celui de ce soir", il a lancé un appel vibrant aux responsables politiques français présents: "Mesdames et messieurs les politiques, soyez forts, soyez intransigeants sur nos valeurs communes, soyez clairs sur vos engagements et nous serons comme par le passé à vos côtés".
Nouveau Consul général d'Israël à Marseille
Barnéa Hassid, nouveau Consul Général d'Israël à Marseille
Après les interventions plus ou moins convenues de responsables politiques locaux -Éric Ciotti, Président du Conseil général, Christian Estrosi, Maire de Nice et Patrick Allemand représentant Michel Vauzelle, Président du Conseil régional-, le nouveau Consul Général d’Israël à Marseille, Barnéa Hassid, a dit espérer "avoir le plaisir de travailler ensemble" avec les autorités de la région et du département. Tout en rappelant au sujet de la situation du Moyen-Orient que "seul un accord de paix et des concessions mutuelles éviteraient de nouvelles frustrations", l’ancien porte-parole de l’Ambassade israélienne à Paris a insisté sur les "effets de la crise économique" et la nécessité subséquente de "continuer à innover" et d’allier "les intelligences". Et ce, afin de "développer les liens entre son pays et cette région". "ll y a encore beaucoup à apprendre l’un de l’autre", a conclu le diplomate.
Premier invité d’honneur, l’artiste Sacha Sosno qui a construit depuis quarante ans une œuvre riche et multiforme, marquée par le concept de "l’oblitération", sorte de partie de "cache-cache" où "dissimuler revient à mieux voir". Formule qui sera déclinée en sculpture et architecture. Sa célèbre "Tête carrée", agrandie aux proportions d’un bâtiment, est devenue l’un des emblèmes de la Ville de Nice. C’est le seul sculpteur Français dont l’œuvre est en outre installée au centre de Pékin. Sacha Sosno a raconté à l’auditoire sa fabuleuse rencontre avec Emmanuel Levinas, philosophe séduit par son concept d’oblitération artistique et à propos duquel l’auteur de "Humanisme de l’autre homme" (Le livre de poche, Biblio Essais, 1986) expliquait dans un entretien avec Françoise Armengaud en 1990 y voir "un art qui dénonce les facilités ou l’insouciance légère du beau et rappelle l’usure de l’être"… "une existence d’oblitéré, une âme enfermée dans ses modes de paraître...".
Premier invité d’honneur, l’artiste Sacha Sosno qui a construit depuis quarante ans une œuvre riche et multiforme, marquée par le concept de "l’oblitération", sorte de partie de "cache-cache" où "dissimuler revient à mieux voir". Formule qui sera déclinée en sculpture et architecture. Sa célèbre "Tête carrée", agrandie aux proportions d’un bâtiment, est devenue l’un des emblèmes de la Ville de Nice. C’est le seul sculpteur Français dont l’œuvre est en outre installée au centre de Pékin. Sacha Sosno a raconté à l’auditoire sa fabuleuse rencontre avec Emmanuel Levinas, philosophe séduit par son concept d’oblitération artistique et à propos duquel l’auteur de "Humanisme de l’autre homme" (Le livre de poche, Biblio Essais, 1986) expliquait dans un entretien avec Françoise Armengaud en 1990 y voir "un art qui dénonce les facilités ou l’insouciance légère du beau et rappelle l’usure de l’être"… "une existence d’oblitéré, une âme enfermée dans ses modes de paraître...".
Associations libres de Jean Léonetti
De gauche à droite: Alain Belhassen, Jean Léonetti, Richard Prasquier
Prenant finalement la parole en renonçant à lire le "discours lisible mais pas audible" que lui avait préparé "par précaution" le Quai d’Orsay, le Ministre des Affaires européennes Jean Léonetti s’est laissé aller à quelques associations libres sur la "complexité" et les "différences" des êtres humains, source d’une "fragilité" et d’une forme "d’humanisme". "Cultivons cette imperfection qui est la nôtre", a déclaré le Maire d’Antibes en regrettant, faisant ainsi écho aux propos d’Alain Belhassen, le mode binaire propre au "raisonnement du monde médiatique fondé sur oui ou non". Plongeant dans le souvenir d’un de ses premiers voyages en Israël, Jean Léonetti a raconté une anecdote: "au carrefour d’une place de village, il y avait un soldat armé d’une mitraillette". Alors qu’il traversait la rue, un enfant est venu le voir et s’est jeté dans ses bras pour l’embrasser. Et le Ministre d’élaborer sur cette vision: "un soldat tenant d’un bras une mitraillette et de l’autre un enfant". Et de conclure sur cette ambivalence d’un pays à la fois armé pour sa survie et composé comme tous les autres États dans le monde d’êtres humains: "si vous n’avez pas compris comment un soldat peut tenir à la fois une mitraillette et un enfant, vous n’avez pas compris Israël!".