Pas sûr qu’avoir voulu politiser le Débarquement ait été une bonne idée. François Mitterrand y a vu une belle opportunité politique mais peut-être là aussi aurait-il fallu laisser les historiens et les historiennes continuer à débattre. Car résultat, tout cela tourne à la mascarade à la sauce hypocrite. En effet, les Américains venus hier libérer l’Europe et la France, font tout aujourd’hui pour les déstabiliser et s’en éloigner. Le président Trump a pris désormais pour habitude avant d’arriver quelque part d’envoyer ses désormais célèbres tweets gorgés d’injures et de remarques ironiques ou acerbes, pour ensuite, sur place, se montrer plus conciliant. C’est malin, résultat, tout le monde lui en est reconnaissant et pense au bout du compte qu’il n’est si désagréable que cela. Comme quoi, les gens… sous-entendu les autres, sont toujours malveillants…
En ce qui concerne l’Angleterre, ce n’est pas mieux. La Première ministre May participait à son dernier événement avant de quitter le 10 Downing street. Celle qui a mené de bout en bout l’opération "Brexit" et marqué dans le marbre le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, au risque de fragiliser nettement cette dernière. Avoir tout fait pour y entrer en 1973, avoir dû attendre le départ du général De Gaulle, qui devait manifestement bien les connaître pour avoir toujours refusé de les voir entrer dans la CEE de l’époque. Il semble que sa connaissance de nos voisins fut assez bonne et fut surtout celle d’un homme qui était né à l’époque où l’impératrice Victoria régnait toujours. Le passé et l’expérience, toujours et encore. Comme on peut le voir aujourd’hui aussi avec la reine Elisabeth, imperturbable face au président américain, un de plus pour elle sur la longue liste de ceux qu’elle a été obligée de recevoir.
A propos de la France, ce n’est pas mieux. Le président Macron a réussi à créer des polémiques sur son absence à une partie des commémorations. En dehors des guéguerres politiques, le seul argument recevable est qu’en effet, les derniers vétérans vivent en toute logique leurs dernières commémorations et que par respect pour eux, sa présence eût été nécessaire. Mais nous avons désormais compris que ceux-ci sont le dernier des soucis des chefs d’Etat quels qu’ils soient. Et puis c’est sans parler, d’avoir réussi à raviver une autre polémique en lisant la lettre d’un jeune héros français catholique mort pour la France, Henri Fertet. Et oui, il n’y eut pas seulement des résistants communistes mais aussi des résistants de droite parfois catholiques et que sur un champ de bataille, tout le monde combat ensemble et meurt côte à côte.
C’est ainsi et alors qu’en France, le rôle des communistes dans la Résistance reste pratiquement intouchable, sur un plan international, il n’a pas été envisageable d’inviter le président Poutine aux commémorations. Aux yeux du président Macron, Trump serait donc plus présentable que Poutine aujourd’hui. On mélange le passé et le présent. On mélange l’histoire et l’actualité. Les Russes, dont le rôle dans la destruction de l’Allemagne nazie et de la libération de l’Europe ne peut être remis en cause, sont jugés aujourd’hui comme peu fréquentables, et par conséquent n’ont pas été invités. Que pouvait faire d’autre le président Poutine si ce n’est inviter son homologue chinois pour ne pas paraître isolé sur la scène internationale. Créant ainsi un nouveau bloc de l’est contre l’ouest.
A croire que l’histoire et l’expérience que nous pourrions en tirer ne sert à rien et mettre cette responsabilité sur son dos n’est pas juste. N’en sont responsables que les hommes et les femmes politiques d’aujourd’hui. Les victimes elles, sont toujours les mêmes…