Insécurité en Guinée: Le viol, au summum de la consternation générale. (C) Boubacar Barry
Le viol est une pénétration sexuelle, vaginale, anale, orale ou pénétration par la main ou un objet, par la violence ou la surprise. Nombreuses en Guinée sont les filles et femmes qui subissent cette épreuve. Certaines s’abstiennent de signaler ces sujets, encore tabous. "Le crime n’a pas de couleur ni d’origine", citant l'autre. Le violeur est un monsieur Tout-le-monde : boucher, boulanger, menuisier, médecin, enseignant, maître coranique, étudiant, maçon, chauffeur, militaire, etc. Certains sont des maris polygames et pères. Les enfants de moins de 15 ans sont les plus touchées. Devant le tribunal, des violeurs reconnaissent les faits reprochés. Et les raisons souvent invoquées sont : les psychotropes, la libido incontrôlée ou la maladie. Mais les citoyens dénoncent l’impunité.
Auteurs et victimes :
Dans de nombreux cas, le coupable est de la famille restreinte ou élargie de la victime, ou une connaissance avec laquelle elle interagit. A Kérouané, au sud-est de la Guinée, en novembre 2017, victime de viols répétitifs par son beau-frère de 50 ans, elle devient mère à 11 ans. A la suite de la mort de ses parents, alors qu’elle avait 7 ans, la victime est recueillie par sa grande sœur, sa tutrice. Celle-ci revend au marché, elle ne rentre que le soir. Et son mari en profite ; revenant régulièrement à la maison la journée pour la violer. "C’était violant et très douloureux", dit la fillette, à l’en croire, menacée au couteau pour ne pas dévoiler l’aventure incestueuse. Forcée de prendre une décoction en vue d’avorter, par son beau-frère puis sa sœur dont elle redoute vouloir la tuer pour cacher l’affaire, elle les dénonce enfin.
Des pères pédophiles et violeurs également : plusieurs pères tombent sous l’effet de la pulsion sexuelle et abusent de leurs propres filles.
Les viols, individuels ou collectifs, entraînant des complications sévères, voire la mort, peuvent aussi être le fait des inconnus. Battue et violée à domicile la nuit du 4 juin 2017 à Conakry par des bandits, Mme Aïssatou Diallo, mère de trois enfants, décède le lendemain à l’hôpital.
Des pères pédophiles et violeurs également : plusieurs pères tombent sous l’effet de la pulsion sexuelle et abusent de leurs propres filles.
Les viols, individuels ou collectifs, entraînant des complications sévères, voire la mort, peuvent aussi être le fait des inconnus. Battue et violée à domicile la nuit du 4 juin 2017 à Conakry par des bandits, Mme Aïssatou Diallo, mère de trois enfants, décède le lendemain à l’hôpital.
Le règlement amiable des cas de viol
Dans plusieurs familles, ces problèmes sont réglés en toute discrétion. Les victimes, de même que les violeurs avancés en âge et jusque là respectés, sont stigmatisés. Ils sont pointés du doigt partout sous la médisance, extrapolée à leurs familles. Le cas de la femme est pire ; le viol peut l’amener à être privée de mari. La virginité est une condition interrogeable du mariage dans certaines communautés ou familles. Le mari a la faculté de maintenir ou rompre le mariage s’il découvre que sa femme a été déflorée. Ainsi, aller à la police, encore plus devant le tribunal, rend public l’affaire honteuse. L’an passé à Cosa/Simbaya-Gare (Conakry), un vieux locataire, la cinquantaine révolue, est surpris avec une mineure dans les toilettes, à 2h du matin. Il en avait l’habitude. L’affaire est étouffée au foyer sous la méconnaissance de plusieurs membres des familles. "Rien ne peut ramener un mort" ou "Il est impossible de rétablir l’eau qui s'est vidée de son contenant", dit-t-on souvent. Après le mal, l’affaire est souvent réglée entre les responsables des deux familles (coupable et victime), parfois élargie aux notables et responsables du quartier. Par ailleurs, ignorance et pauvreté obligent. Plusieurs familles sont complexées devant la procédure administrative et les frais y afférents. La vénalité règne en maître en Guinée. Ainsi, nombreux sont ces familles analphabètes, voire intellectuelles mais pauvres qui s’abstiennent de porter plainte à la suite d’un dommage. Parce que s’estimant incapables de supporter les frais de procédure jusqu’au procès. Encore plus craignant le statut de la personne avec qui on a à faire. "Il est plus riche que moi", "il a des bonnes relations", sont des expressions qui dissuadent au quotidien les victimes.
Vague d’indignation
Face à la recrudescence du viol en Guinée, des ONG voient le jour, pour dénoncer l’impunité et défendre l’intégrité physique et morale de l’enfant et de la femme. Ces ONG assistent les victimes, en l'occurrence sur le plan de la dénonciation du crime et de la prise en charge médicale. Si la justice guinéenne affichait moins de rigueur à l’égard des violeurs, deux faits ont opéré un tournant décisif dans l’histoire du pays. Le défilé à Conakry, en novembre 2015, du collectif féministe contre les violences sexuelles et la série de manifestations en 2016 à Pita, au centre du pays par l’ONG "Femmes Développement et Droits Humains" (F2DH).
Parlons du premier événement. A l’origine, une vidéo diffusée sur facebook, montrant un jeune garçon menaçant avec un couteau, forçant une fille à se déshabiller, pour des rapports sexuels. Entre autres slogans, "Touche pas à ma sœur", "Justice pour les victimes", les femmes ont marché. Elles ont aussi adressé des pétitions aux ministres de l’Action sociale (de la Promotion féminine et de l’enfance), de la Justice et des Droits de l’Homme.
Cette démonstration de force a crée un virage dans le traitement des cas de viol. Des dénonciations sont faites, des peines privatives de liberté et des indemnisations sont prononcées. En avril, le TPI/Conakry, a condamné un adulte à 15 ans de prison avec une période de sûreté de 5 ans et à 30 millions GNF (dommages et intérêts) pour le viol sur un bébé de 2 ans, en se servant du beurre de karité comme lubrifiant. Au TPI de Mamou, à plus de 260 km de Conakry, le 11 octobre 2017, un menuisier de 32 ans a pris la perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans pour viol et assassinat d’une mineure, à Pita, en mars 2016. Accusé de viol sur sa propre fille de 12 ans, le TPI de Conakry, après une audience à huit-clos, condamne en juillet 2017 un homme à 10 ans de prison.
Toutefois, il est important de signaler que beaucoup reste encore à faire à tous les niveaux. Malgré certaines condamnations pénales, les viols persistent. Et ça dévient de plus en plus inquiétant.
Parlons du premier événement. A l’origine, une vidéo diffusée sur facebook, montrant un jeune garçon menaçant avec un couteau, forçant une fille à se déshabiller, pour des rapports sexuels. Entre autres slogans, "Touche pas à ma sœur", "Justice pour les victimes", les femmes ont marché. Elles ont aussi adressé des pétitions aux ministres de l’Action sociale (de la Promotion féminine et de l’enfance), de la Justice et des Droits de l’Homme.
Cette démonstration de force a crée un virage dans le traitement des cas de viol. Des dénonciations sont faites, des peines privatives de liberté et des indemnisations sont prononcées. En avril, le TPI/Conakry, a condamné un adulte à 15 ans de prison avec une période de sûreté de 5 ans et à 30 millions GNF (dommages et intérêts) pour le viol sur un bébé de 2 ans, en se servant du beurre de karité comme lubrifiant. Au TPI de Mamou, à plus de 260 km de Conakry, le 11 octobre 2017, un menuisier de 32 ans a pris la perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans pour viol et assassinat d’une mineure, à Pita, en mars 2016. Accusé de viol sur sa propre fille de 12 ans, le TPI de Conakry, après une audience à huit-clos, condamne en juillet 2017 un homme à 10 ans de prison.
Toutefois, il est important de signaler que beaucoup reste encore à faire à tous les niveaux. Malgré certaines condamnations pénales, les viols persistent. Et ça dévient de plus en plus inquiétant.