Photo (c) Georges Seguin
Le jeudi 12 décembre, l'Académie française a élu un nouvel Immortel, en la personne de l'écrivain canadien d'origine haïtienne Dany Laferrière. Né Windsor Klébert Laferrière le 13 avril 1953 à Port-au-Prince, en Haïti, il a été élu au premier tour avec 13 voix sur 23 au 2e fauteuil. Succédant ainsi à Hector Bianciotti, lui-même d'origine argentine, mort le 12 juin 2012. D'illustres devanciers ont occupé également ce 2e fauteuil, entre autres Montesquieu en 1728 et Alexandre Dumas fils en 1874. Dany Laferrière est aussi le premier Québécois et surtout le premier Haïtien à se retrouver sous la Coupole. Pour les Immortels, qui se sont réjouis de cette élection "C'est un grand jour pour l'Académie et pour la langue française". Josette Darguste, ministre de la Culture d'Haïti laisse éclater sa joie "C'est extraordinaire, c'est un honneur pour Haïti. Cet honneur rejaillit sur tous nos écrivains et hommes de lettres". D'autres hommages se sont succédé. Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, déclare "Trente années après l’entrée du premier Africain (Leopold Sedar Senghor) à l’Académie française, je suis particulièrement heureux de voir ce grand écrivain francophone, descendant de l’Afrique, rejoindre la plus prestigieuse institution en matière de langue française". Pauline Marois, Premier ministre du Québec ne cache pas sa satisfaction "Cette prestigieuse élection vient une fois de plus mettre en lumière l'incroyable talent des artistes québécois et leur rayonnement à l'étranger. L'œuvre de M. Laferrière fait honneur à la langue française. Je suis convaincue qu'il saura apporter à l'Académie française une contribution exceptionnelle et y faire entendre une voix originale". Quant à Michel J. Martelly, président d'Haïti, il écrit sur Twitter "Dany, Haïti est fière de vous! C'est avec beaucoup de joie et de fierté que je salue l'élection de Dany Laferriere à l'Académie française".
Les distinctions ne lui ont pas manqué au cours de sa carrière, citons simplement le Prix Médicis 2009 pour "L'Énigme du retour" paru à Montréal chez Boréal en 2009 et Boréal "Compact" en 2010, ainsi que chez Grasset à Paris en 2009. Ce roman reçoit aussi la même année le Grand prix du livre de Montréal. En 2010, il a fait paraître Montréal aux éditions Mémoire d'encrier, puis en 2011 à Paris chez Grasset "Tout bouge autour de moi" qui témoigne de ce qu'il a vécu lors du terrible tremblement de terre qui a ravagé Haïti le 12 janvier 20105.
Les distinctions ne lui ont pas manqué au cours de sa carrière, citons simplement le Prix Médicis 2009 pour "L'Énigme du retour" paru à Montréal chez Boréal en 2009 et Boréal "Compact" en 2010, ainsi que chez Grasset à Paris en 2009. Ce roman reçoit aussi la même année le Grand prix du livre de Montréal. En 2010, il a fait paraître Montréal aux éditions Mémoire d'encrier, puis en 2011 à Paris chez Grasset "Tout bouge autour de moi" qui témoigne de ce qu'il a vécu lors du terrible tremblement de terre qui a ravagé Haïti le 12 janvier 20105.
Une vie et une carrière bien remplies
D'abord chroniqueur dans différents médias de son pays natal, Dany Laferrière a quitté l’île après l’assassinat en 1976 d’un ami journaliste par les nervi du président Jean-Claude Duvalier, dit "Baby Doc". Lequel avait succédé à moins de 20 ans à son père François Duvalier, "Papa Doc. Il s’installe au Québec et vit de différents travaux, puis part un temps aux États-Unis et revient au Canada, sans oublier sa patrie d'origine une fois qu'elle eut recouvré la liberté. Il déborde d'activités dans de nombreux domaines, romancier, poète, scénariste et cinéaste. En avril dernier, il présidait en Haïti des rencontres littéraires entre écrivains haïtiens et québécois. Du 5 au 8 décembre, il était invité d'honneur de la première édition du Salon international du livre en Martinique. Par ailleurs, son amour de la langue française est très apprécié et il est pourvu de nombreuses qualités qui en font un homme de bonne compagnie. Ce qui n'est pas négligeable quand à l'Académie, on doit côtoyer ses pairs pendant des années et durant les longues séances consacrées au dictionnaire.
Un roman n'avait pas peu contribué à la célébrité de Dany Laferrière "Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer", paru en 1985 chez VLB Éditeur à Montréal et traduit dans plusieurs langues. Il en tirera le scénario d'un film éponyme de 100 min réalisé en 1989 par le Canadien Jacques W. Benoît. C'était le début d'une série d'une dizaine d’œuvres d'inspiration autobiographique, avec par exemple "Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit?", chez le même éditeur en1993, une version revue par l'auteur paraîtra en 2002. Suivront une vingtaine d'ouvrages dont certains destinés à la jeunesse.
Ce n'est donc pas étonnant que les académiciens aient voulu l'avoir pour pair et cette élection d'un Haïtien noir n'a rien pour surprendre en vérité. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor l'avait précédé le 2 juin 1983 et sa réception avait eu lieu le 29 mars 1984, en présence du président de la République François Mitterrand. Profitons de l'occasion pour rappeler une autre élection qui, elle aussi, avait constitué une première. Celle le 6 mars 1980, de Marguerite Yourcenar, reçue sous la Coupole le 22 janvier 1981 par Jean d’Ormesson. Précisons que depuis lors, l'élection de femmes à l'Académie française est entrée dans les moeurs. Sept femmes y ont été reçues depuis 1980, six y siègent depuis le décès de l’helléniste Jacqueline de Romilly en 2010. Et Hélène Carrère d'Encausse en est secrétaire perpétuel depuis 1999.
Un roman n'avait pas peu contribué à la célébrité de Dany Laferrière "Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer", paru en 1985 chez VLB Éditeur à Montréal et traduit dans plusieurs langues. Il en tirera le scénario d'un film éponyme de 100 min réalisé en 1989 par le Canadien Jacques W. Benoît. C'était le début d'une série d'une dizaine d’œuvres d'inspiration autobiographique, avec par exemple "Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit?", chez le même éditeur en1993, une version revue par l'auteur paraîtra en 2002. Suivront une vingtaine d'ouvrages dont certains destinés à la jeunesse.
Ce n'est donc pas étonnant que les académiciens aient voulu l'avoir pour pair et cette élection d'un Haïtien noir n'a rien pour surprendre en vérité. Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor l'avait précédé le 2 juin 1983 et sa réception avait eu lieu le 29 mars 1984, en présence du président de la République François Mitterrand. Profitons de l'occasion pour rappeler une autre élection qui, elle aussi, avait constitué une première. Celle le 6 mars 1980, de Marguerite Yourcenar, reçue sous la Coupole le 22 janvier 1981 par Jean d’Ormesson. Précisons que depuis lors, l'élection de femmes à l'Académie française est entrée dans les moeurs. Sept femmes y ont été reçues depuis 1980, six y siègent depuis le décès de l’helléniste Jacqueline de Romilly en 2010. Et Hélène Carrère d'Encausse en est secrétaire perpétuel depuis 1999.
Visite à la vieille dame du quai Conti
On sait que l'Académie française fut créée le 22 février 1635 par le cardinal de Richelieu avec pour but de veiller sur la langue française et d'élaborer le dictionnaire, on en est à la 9e édition. Ses membres, 40, appartiennent à différents secteurs de a vie culturelle. L'Académie française fait partie de l'Institut de France créé le 25 octobre 1795. Au sein de cette dernière institution située au 23 quai de Conti dans le 6e arrondissement de Paris, face au Louvre, on trouve aussi l'Académie des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences, l'Académie des beaux-arts et l'Académie des sciences morales et politiques. Lorsque la vacance d'un fauteuil est déclarée à l'Académie française, les candidats font connaître leur candidature par une lettre adressée au Secrétaire perpétuel, ils ont jusqu'à quatre semaines avant l'élection pour le faire. L’usage veut que le candidat propose de rendre visite à chacun des académiciens, lesquels peuvent ne pas accepter. Pour être élu, il faut recueillir la moitié des voix exprimées plus une L’élection ne devient définitive qu’après approbation du président de la République, protecteur de l’Académie, celui-ci la manifeste en donnant audience au nouvel élu. La limite d'âge pour faire acte de candidature a été fixée depuis 2010 à 75 ans et il n'y a pas d'âge minimum. C'est pourquoi Arthur Pauly figure parmi les six candidats du 12 décembre. Ce lycéen de seconde, âgé de 15 ans s'était déclaré passionné de littérature dans sa lettre de candidature. Il avait d'ailleurs écrit dans ce document "Imaginons, en faisant un grand effort, que je sois élu, je deviendrais immortel à 15 ans! Ne serait-ce pas merveilleux?". Une seule voix lui a été attribuée. Il n'a sans doute pas réussi à les convaincre, mais les académiciens qui l'ont interrogé, ont été impressionnés par sa maturité et surtout ses vastes connaissances littéraires. Il y avait aussi pour ce 2e fauteuil, quatre autres prétendants, l'écrivain et philosophe Catherine Clément, le poète Yves-Denis Delaporte et les écrivains Jean-Claude Perrier et Georges Tayar. Ils pourront refaire acte de candidature.