INSOLITE - REQUINS ET PETROLE


Par Colette Dehalle Rédigé le 09/12/2008 (dernière modification le 09/12/2008)

José Garces, propriétaire au Guatemala depuis 1974 de la chaîne de restaurants "Nais", particulièrement spécialisée dans la viande mais qui sert aussi poissons et fruits de mer, est vraiment satisfait. Le premier restaurant-aquarium d'Amérique latine qu'il vient d'ouvrir dans la capitale Guatemala connaît un succès foudroyant.


Dîne avec les raies

Le premier jour, 4500 personnes n'ont pas hésité à attendre de trois à cinq heures pour pouvoir s'asseoir à l'une des 158 tables du "Nais Aquarium". Pour quelque 8 euros il est possible de consommer un plat au milieu de deux requins pointe noire, une raie manta et 600 autres poissons de 38 espèces exotiques. Dans les semaines qui viennent, huit autres requins et une raie manta viendront s'ajouter à cette faune marine. Ce fils d'un immigrant cubain arrivé en 1961 au Guatemala aime ce genre d'animaux et pendant quatre ans a travaillé au projet que d'aucuns considéraient insensé. Les clients sont adossés aux parois des aquariums qui hébergent des espèces provenant principalement des mers du sud. L'entretien de tout ce dispositif coûte environ 36000 euros mensuels mais les gens apprécient et Garces envisage d'ouvrir de nouveaux "restaquariums" au Costa Rica et au Honduras l'an prochain puis au Panama et au Salvador en 2010, leur installation au Mexique est prévue pour 2011.

L'île mystérieuse

Ne quittons pas l'Amérique centrale où il se passe des choses étranges, au point que six sénateurs du parti mexicain Action Nationale actuellement au pouvoir, exigent du gouvernement que leur soit fourni le plus tôt possible un rapport détaillé sur la disparition suspecte de l'île de Bermeja, située au large du Yucatan. Cette disparition survenue en 1997, a permis aux États-Unis de récupérer une zone maritime dans le golfe du Mexique où se trouve un gisement pétrolier aux réserves d'au moins vingt ans.
Ce récif corallien appartenant au Mexique depuis le XVIe siècle servait à marquer le partage des eaux territoriales entre Mexique et États-Unis. Tout allait bien jusqu'à la découverte par des compagnies pétrolières américaines de très importants gisements de pétrole et des chercheurs de l'Université nationale autonome de Mexico ont démontré l'importance de cette île pour délimiter la zone pétrolière de chaque pays.
Le 9 juin 2000 Ernesto Zedillo, président mexicain en fin de mandat et Bill Clinton ont signé à Washington un accord sur ce partage mais l'île de Bermeja n'étant pas mentionnée, les États-Unis s'octroient 60 % de la zone pétrolière. L'île avait effectivement disparu, aucun document n'en fait mention. L'opposition et un sénateur du parti au pouvoir demandent des explications qui ne leur seront jamais fournies et même entre-temps le sénateur décède dans un accident aux circonstances des plus suspectes... Le gouvernement finit par envoyer néanmoins un navire océanographique de la marine nationale sur place, aucune trace d'île malgré toutes les recherches effectuées ! On s'interroge donc depuis lors pour savoir où a bien pu passer la Bermeja. D'après les géographes, il arrive que des îlots disparaissent, par exemple à l'occasion d'un séisme. Nos six sénateurs en quête d'éclaircissement sous-entendent qu'elle aurait été dynamitée par les services secrets d'une des deux nations concernées. Le Mexique regrette amèrement cette manne de 22 milliards de barils de brut.
Cependant ce genre d'événement ne devrait guère surprendre les Mexicains qui pourraient se rappeler la naissance du volcan Paricutin. Celui-ci jaillit un beau jour de février 1943 dans le champ de maïs de Dionisio Pulido qui travaillait tranquillement son lopin de terre, il faut dire que dans les jours précédents il y avait eu quelques signes avant-coureurs...





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