Photo (c) Sono Pazzi
Il propose que l'on fasse preuve de davantage d'inventivité dans tous les secteurs et ce à l'échelon planétaire, c'est le meilleur investissement à réaliser en ce moment. Il a rappelé que les cuisiniers sont avant tout des entrepreneurs et que cette crise affectera le sommet de la profession où ne resteront qu'un petit nombre de restaurants. Pour lui, c'est comme pour la haute couture représentée seulement par quelques marques mondiales. Il considère par ailleurs que la création de petits restaurants permet le maintien des établissements prestigieux. Le club Millésime au lieu de vanter les mérites du bas de laine, recommande qu'on investisse dans la gastronomie pour sortir les entreprises de leur torpeur. Se basant sur son propre cas, Adrià qui est un grand travailleur, "Je travaille 17 heures par jour pendant 340 jours", sait de quoi il parle en matière de succès. Ferran Adrià Acosta, qui est né le 14 mai 1962 à l'Hospital et de Llobregat en Catalogne a commencé sa carrière culinaire comme plongeur à Ibiza pour financer ses études de commerce. Puis, il s'est intéressé à la cuisine de son pays avant de découvrir la cuisine moléculaire qu'il qualifie de cuisine espagnole d'avant-garde. Il en est devenu le grand prêtre et la sert dans son temple, le restaurant El Bulli qui domine la baie à Roses, au sud de Barcelone. Il est toujours à l'affût de nouvelles réalisations qu'il élabore d'octobre à mars dans son atelier de Barcelone ouvert il y a une dizaine d'années. Il les prépare entre avril à septembre au restaurant El Bulli pour les heureux élus qui uniquement au dîner, pourront déguster, un menu de vingt-cinq plats, de petite contenance mais non dépourvus d'originalité. Et tout cela sans jamais renier l'apport de ceux qui l'ont précédé.
Tout un monde de créations
On relève effectivement entre autres sur la carte l'air de carotte, le caramel d'huile de courge, les raviolis de seiche au lait de coco parfumé au gingembre ou les sorbets aux amandes parfumés à l'ail, le tout pour moins de 200 euros. Depuis une quinzaine d'années, il accumule les expériences au gré des découvertes scientifiques, par exemple avec l'utilisation de l'azote liquide pour des centaines de créations chaque année. El Bulli fut créé il y a plus de quarante ans par un couple allemand, le nom de l'établissement vient de leur bouledogue. Il obtient une première étoile au Michelin en 1976 avec un chef français. Adrià y arrive en 1984, devient chef en 1987, une seconde étoile est acquise en 1990 et une troisième en 1997. A quatre reprises El Bulli a été reconnu meilleur restaurant du monde et son chef est considéré comme le plus grand. Cette année avec deux membres de son équipe, il a publié Une journée au Bulli, vingt-quatre heures de la vie du restaurant avec des commentaires et des recettes.On peut donc imaginer que les propos qu'il a tenus lors de cette réunion de Madrid ont été pris très au sérieux et que la grande majorité de ceux qui entreprennent, voudraient connaître sa réussite.