Hongrie : Confusion totale !


Par Rédigé le 11/06/2010 (dernière modification le 11/06/2010)

Depuis une semaine, la Hongrie se retrouve involontairement sur la scène médiatique pour des propos jugés depuis malencontreux, concernant sa situation économique et financière. Souvent qualifié «d'arroseur arrosé», le gouvernement hongrois semble apprendre que les discours adressés aux électeurs lors de campagnes électorales ne sont pas les même que ceux adressés à la communauté internationale.


Viktor Orban a su rapidement rétablir la situation au sein de son gouvernement (photo wikipedia commons, pilgab)
Le 3 juin, le calendrier politique gouvernemental était chargé. Alors que le nouveau Premier ministre Viktor Orban avait rendez-vous à Bruxelles, en fin d'après midi, avec José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, à Budapest, le secrétaire d'État Mihaly Varga et un vice-président du Fidesz, Lajos Kosa, tenaient respectivement et à la suite, des conférences de presse en début d'après midi. Ces derniers ont tenu des discours alarmistes sur le déficit public qui allait atteindre plus de 7% et ont comparé la situation de leur pays à celle de la Grèce. L'ancien gouvernement socialiste aurait selon eux falsifié les chiffres. Il est vrai que de nombreuses affaires de corruption ont éclaté à l'époque où les socialistes étaient au pouvoir.

Immédiatement, les marchés ont réagi. Le forint a continué à perdre de sa valeur face à un euro faible. Olli Rehn, actuel commissaire européen aux Affaires économiques, qui connait bien les pays d'Europe centrale pour avoir été au moment de l'élargissement de l'Union commissaire, en charge de ces questions, a exprimé sa surprise et affirmé «qu'il trouvait ces déclarations largement exagérées».
"La Hongrie a fait d'importants progrès dans le contrôle de ses finances publiques au cours des dernières années", a-t-il rappelé. Alors qu'une délégation du FMI était attendue lundi dernier à Budapest, avec à sa tête le nouveau chef de mission en Hongrie, Christoph Rosenberg, pour rencontrer certains responsables politiques hongrois et discuter de la situation économique et des perspectives du pays, Dominique Strauss-Kahn, s'est trouvé tout aussi "surpris" par ces déclarations concernant la Hongrie.

José Manuel Barroso connaissait-il déjà les déclarations de certains responsables du Fidesz lors de sa rencontre avec Viktor Orban ? (photo Wkipedia commons, Medef)
Face aux réactions du marché, de l'Union européenne et du FMI qui rappelons-le ont prêté de l'argent à la Hongrie au plus fort de la crise, à l'automne 2008, le chef du gouvernement a immédiatement convoqué les membres de son cabinet, annulant par la même occasion leur présence aux cérémonies de commémoration pour les 90 ans du traité de Trianon. Revirement, Mihály Varga a, à nouveau, donné une conférence de presse où il a dû admettre que la situation en Hongrie ne ressemblait en rien à celle de la Grèce. Il ne fut donc plus question de faillite imminente et l'assurance était donnée que le nouveau gouvernement serait en mesure de s'en tenir au déficit de 3,8% comme promis par son prédécesseur Bajnai au lieu de 7 à 7,5% avancé deux jours avant.

Qu'elles étaient les intentions de Viktor Orban en organisant cette mise en scène de déclarations ? Et quels en sont les résultats ?
Il n'est pas envisageable qu'une telle synchronisation dans les déclarations n'ait pas été calculée. Si le but était de faire chuter la bourse et la monnaie hongroise, c'est réussit. Mais à part satisfaire certains financiers et autres spéculateurs – éventuels soutiens du Fidesz, lors de la campagne – on ne voit pas bien, ce que le gouvernement a voulu faire. On ne peut imaginer qu'il ait choisi de payer immédiatement sa dette vis-à-vis d'eux, en prenant un tel risque. Car toutes ces déclarations coûtent évidemment très cher à la Hongrie.
Ou alors, se pourrait-il que le Fidesz n'est pas encore pris pleine conscience de ses nouvelles fonctions, soit resté sinon dans son rôle de parti d'opposition, du moins dans celui d'un parti en campagne. Les discours que l'on se doit de servir pour séduire l'électeur ne peuvent en aucune façon être utilisé une fois que l'on est au pouvoir. Critiquer l'ancien gouvernement, mettre en doute sa crédibilité, tout cela est de bonne guerre avant les élections et surtout face à un public acquis, mais les élections une fois gagnées, le nouveau gouvernement se doit d'adapter son discours et de mettre en place une politique responsable, et arrêter de croire ou plutôt de faire croire, que la Hongrie pourra mener le jeu face à l'Union européenne et au FMI. Il est vrai que c'est ce qu'il a voulu faire croire aux Hongrois et c'est ce que les Hongrois aimeraient croire.
Aujourd'hui, penser que des propos exprimés lors d'une conférence faite à Budapest ne feront pas le tour du monde, tient d'une méconnaissance totale de l'outil médiatique. Faire parler de la Hongrie, c'est bien, faire parler de la Hongrie en bien, c'est mieux.





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