Festival de Cannes vs Netflix


Par Rédigé le 14/05/2018 (dernière modification le 13/05/2018)

Le 71e Festival international du film de Cannes a ouvert ses portes le mardi 8 mai 2018 avec la présentation d’un programme très divers par son délégué général Thierry Frémaux. Mais ce dernier, contrairement à 2017, a refusé de sélectionner dans la compétition officielle des films Netflix. Décryptage.


Photo (c) Pepe Ruiloba

FIFC vs Netflix.mp3  (143.26 Ko)

Une nouvelle fois le Festival de Cannes a, entre autres, l’ambition de présenter des démarches et des artistes toujours plus innovants. Mais si le délégué général souhaite aller encore plus loin dans sa volonté de montrer la diversité de la création cinématographique, il continue à se fermer sur une partie des nouvelles technologies. Après avoir eu des propos critiques concernant l’impact de tweeter ou des selfies sur le festival, il a décidé cette année d’écarter les films Netflix de la compétition officielle. Ainsi que toutes les productions que les plateformes numériques pourraient proposer et diffuser directement sur leurs canaux. La règle étant la suivante: les films qui concourent doivent sortir en salle.

En 2017 une petite polémique avait déjà vu le jour sur la croisette. Les deux films Netflix sélectionnés par le festival en compétition officielle, avaient subi des critiques du fait qu’ils ne sortaient pas en salle. Pourtant, "Okja" du Sud-Coréen Joon-Ho Bong et "The Meyerowitz Stories" de l’Américain Noah Baumbach avaient plutôt rencontré de bonnes critiques. Alors, certes en 2018 le festival offrait quand même de sélectionner des films Netflix, mais pour être diffusés hors compétition. La plateforme a fini par refuser cette proposition.
Thierry Frémaux et le président Pierre Lescure ont donc fait marche arrière par rapport à 2017 et quelle que soit leur raison, cette décision est discutable.

Tout d’abord, le cinéma évolue et regarder des films ne se fait plus seulement, comme au XIXe et une partie du XXe siècle, en public, face à un grand écran. L’évolution des technologies et des pratiques font que nous sommes nombreux à voir le cinéma d’abord sur nos petits écrans. Le Festival de Cannes refuserait-il cette mutation alors que le streaming, la VOD se démocratisent et peut-être bientôt le home cinéma?
Puis, les jeunes se tournent de plus en plus vers les plateformes comme Netflix. Travailler avec elles comme en 2017, ne serait-ce pas un moyen pour que la création dite d’auteur, sur ce type de plateforme, soit une connexion entre le Festival de Cannes et les nouvelles générations?

Pour un festival qui veut se pencher sur tous les cinémas, la seule question qu’il devrait se poser c’est de savoir si les œuvres sélectionnables s’inscrivent dans une démarche cinématographique. Et si cette dernière amène un apport artistique remarquable dans l’univers du cinéma, sans différentier les supports de diffusion.

Les salles restent pour beaucoup de monde la meilleure expérience cinématographique. Même, si leur fréquentation et l’activité vont probablement changer, l’éventuelle perte de terrain ne devrait pas pour autant mettre sur la touche de nouvelles pratiques cinématographiques.
La peur du changement est toujours un risque de porte ouverte vers le conservatisme.







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