Extradition de HISSENE HABRE : l’Etat du Sénégal au banc des accusés !


Par Rédigé le 13/07/2011 (dernière modification le 13/07/2011)

La décision de l’Etat du Sénégal de revenir sur l’extradition du réfugié politique Hissene Habré vers son pays le Tchad continue de susciter des commentaires. Les avocats de Habré comme ceux des victimes affûtent leurs armes et promettent de faire face.


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Les avocats ne comprennent toujours pas pourquoi l’Etat du Sénégal s’est acharné à vouloir livrer Habré à son pays sachant qu’il y a été déjà jugé par contumace et condamné à mort. Selon Me Assane Dioma Ndiaye, Président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme, cette reculade de l’Etat sur ce dossier laisse penser à une "instrumentalisation à des fins politiques". Pour lui, personne n’ignorait qu’on ne pouvait pas expulser Hissène Habré. "D’abord, dès lors que la convention disait Expulser et Extrader, vous n’avez plus la souveraineté. L’expulsion est un acte de souveraineté. Or l’extradition suppose que vous soyez dans un processus juridictionnel. On savait que la seule possibilité au lieu de juger c’est d’expulser. Plus grave, on savait aussi qu’on ne peut renvoyer quelqu’un dans son pays où il risque d’être torturé ou tué" a-t-il expliqué. Me Ndiaye, par ailleurs, conseiller des victimes de Habré, estime que c’est au nom de la défense des droits de l’homme que les avocats des victimes se sont déclarés défenseurs de Habré pour la circonstance. Une attitude qui, à son avis, procède du "charme des droits de l’homme".

"s’il y a cette mobilisation c’est parce qu’on a violé un principe élémentaire : le droit de garantir à tout le monde un procès"

Par ailleurs, Me Ndiaye estime qu’il y a un manque de culture des droits de l’homme chez les gouvernants africains. Toutefois, si l’avocat réclame un droit à un procès pour les victimes, il s’empresse aussi de préciser que ses amis et lui ne réclament pas la tête de Habré. En dépit des réseaux denses supposés soutenir Habré, Me Ndiaye compte se battre pour que justice se fasse. Car, souligne t-il "l’impunité est le plus grave des cancers". Pour lui, même ceux qui soutiennent Habré souhaitent qu’il soit blanchi. D’où la nécessité d’un jugement rapide.

Quelle difficulté le Sénégal a t-il pour juger Habré ?

Le Sénégal est un dans un contexte international régi par des règles. Le Sénégal est signataire du traité instituant la cour de justice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Celle–ci a rendu une décision demandant au Sénégal de ne pas juger selon son droit au risque de porter tort à Hissene Habré en violant le principe de la rétroactivité. Cette même Cour de justice assure que Habré sera jugé non pas sur la base des rectifications intervenues mais sur celle des principes inhérents ou en cours dans tous les cours ah hoc, Yougoslavie, Rwanda. Il était alors prévu l’institution de chambres avec des juges aussi bien sénégalais qu’étrangers. C’est pourquoi, Me Ndiaye dit ne pas comprendre quel reproche le Sénégal pourrait faire à cette institution africaine. Outre la CEDEAO, il y a la convention de 1984, ratifié par le Sénégal, qui dit "juger ou extrader". Selon l’avocat "à partir de ce moment, il ne vous appartient pas de choisir le pays où vous devez extrader qu’il s’agisse de la France ou de la Belgique. La couleur importe peu. Ce qui importe c’est le contournement de l’impunité".
En tout état de cause, dans le camp de Habré l’heure est à la mobilisation. Un de ses avocats Me François SERRES, a vivement condamné cette décision de Me Wade qu’il qualifie d’"arbitraire". "Une décision prise sans passer par le système judiciaire sénégalais" a-t-il fait noter. Pour sa part, Me Elhadji Diouf, un des membres du pool d’avocats annonce une conférence de presse de Habré dans les tous prochains jours. A Ouakam, quartier de Dakar où réside Habré, les habitants conquis par "ses largesses et son sens élevé du bon voisinage", grossissent le rang de ses défenseurs.






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