Exposition 'Humour & Dérision'

CP


Par Podcast Journal Rédigé le 14/04/2009 (dernière modification le 02/01/2010)

La Fondation Regards de Provence - Reflets de Méditerranée - met à l’honneur le thème de «l’Humour et la Dérision», au travers de 130 dessins, installations, peintures, photographies et productions visuelles et sonores, dans les salons du Palais des Arts, jusqu’au dimanche 3 mai 2009, en écho au climat morose qui règne dans notre société et n'épargne pas le milieu de l'art contemporain.
Elle propose un voyage poétique, humoristique, parfois surréaliste, où se juxtaposent 16 artistes français, espagnols et néerlandais du XXème siècle, dont leurs œuvres sont prenantes - à la fois fortes et détonantes.
Cet évènement original laisse libre cours à l’imagination, à l’esprit loufoque et à la magie burlesque des artistes et incite à la bonne humeur.


Dessins, installations, peintures, photographies, vidéos

P. Albajar, A. Altarrida: La lucha final
Cette exposition est un mélange d’esthétiques réalistes et surréalistes, poétiques et utopiques, gaies et humoristiques, errant de la caricature au dessin burlesque, de la photographie et vidéo à la peinture, le seul liant étant le sourire. L’humour dans l’art contemporain joue sur tous les registres et demeure l’argument de ces artistes vis-à-vis de la société, des idéologies, des stéréotypes et des utopies. La photographie permet de capter sans le vouloir des images amusantes, incongrues prises sur le vif. La technologie permet à d’autres de faire des montages où se mêlent l’artiste et un décor fictif. D’autres encore, créent des œuvres oniriques et absurdes, dans lesquelles sont conçues des mises en scènes métaphoriques.

Pilar Albajar et Antonio Altarriba, Jean Bellissen, Roger Blachon, Dominique Carrié, Jeane Derome, Bernard de Tournadre, Albert Dubout, Joan Fontcuberta, Gilbert Garcin, Teun Hocks, René Maltête, Christian Ramade, Philippe Ramette, Olivier Rebufa, Ben Vautier, Michel Zevort constituent cette palette d’artistes humanistes.

Entre humour et légèreté, métaphysique et dérision, théâtralité et onirisme, le travail questionne avec distance la société, le monde, s’interroge sur la difficulté à donner un sens à l’existence humaine. Certaines œuvres révèlent les préoccupations intellectuelles des artistes, elles bâtissent des jeux de mots (Ben), des magies parodiques (Garcin), des comiques de gestes (Dubout, Blachon, Ramette), des comiques de mœurs (Fontcuberta), des comiques de situations (Maltete, de Tournadre, Rebufa), des comiques de caractère (Zevort), ou des comiques de répétition (Ramade). Cette mosaïque d’humour et de dérision est optimiste et emblématique de l’esprit cocasse qui régit les œuvres de ces artistes.

Ces images véhiculent une comédie sérieuse ou légère ; elles nous distraient, elles nous font aussi réfléchir, et si les situations figurées sont irréelles elles sont toujours également quelque peu emblématiques de notre condition d'homme. Elles ne cherchent qu'à réveiller l'intelligence, l’interrogation, l’introspection. Cette ambivalence multipliée touche souvent intimement les spectateurs car ils y trouvent toujours de quelque façon un écho à leurs préoccupations.

- Pilar Albajar (scénariste) et Antonio Altarriba (réalisateur) (artistes et photo monteurs) se mettent en scène avec dérision, dans des situations courantes de la vie quotidienne. Ils souhaitent rendre compte de ce monde composé de rêves, de fantasmes, d’acquis culturels, d’idées reçues, d’obsessions ou de délires qui s'agitent à l'intérieur des individus.
- Jean Bellissen (artiste, dessinateur) développe une œuvre burlesque, un humour très particulier qui joue tout en finesse avec un langage graphique, pictural et poétique qui lui est propre. Dans ses vidéos, courtes et drôles, il se donne en spectacle maniant les mots et les images, devant la caméra de l’artiste Thierry Reynaud.
- Roger Blachon (dessinateur), fasciné par la foule et l’étude des personnages de la vie quotidienne, réalise des dessins humoristiques sur des thématiques festives, poétiques et sportives, interprétant et détournant des situations simples en scènes comiques.
- Dominique Carrié (plasticienne) conçoit des chaussures originales, des vêtements en papier à découper en grand format et des installations autour de la femme et de ses accessoires.
- Jeane Derome (peintre et photographe) agence des portraits alimentaires constitués d’un mélange fantaisiste d’ingrédients comestibles (pate, jambon, poire) qui agrémente les détails physiques de ces portraits.
- Bernard de Tournadre (photographe) fige des scènes de rue et des situations imprévisibles prises sur le vif, accumulant des incongruités discrètes, des dérapages ou des rencontres improbables.
- Albert Dubout (dessinateur) caricature des scènes burlesques de couples, de trains bondés et de réveillons arrosés et très festifs, etc…, étudiant les effets cocasses dans les figures et les détails du costume et des attitudes.
- Joan Fontcuberta (photo monteur) se met en scène de façon surréaliste, dans sa Série des miracles, où il marche sur l’eau, surfe sur les dauphins, etc… Ce travail a été imaginé à la suite d’un séjour d’une année passée dans le monastère de Valhamönde, isolé et perdu dans le labyrinthe des îles du lac Saimaa (région de Karelia, entre la Finlande et la Russie). Cet établissement enseigne de façon « théorique et pratique » la maîtrise et la réalisation de miracles. Dans cette Série, il passe du registre classique, comme la lévitation, à celui plus moderne, avec le
« dolphin-surfing ».
- Gilbert Garcin (photo monteur) est un comédien sérieux. L’artiste se met en scène avec une grande théâtralité et tourne en dérision certains stéréotypes (indifférent, collectionneur) et évoque la condition humaine avec des thèmes importants comme survivre, communiquer, faire de son mieux, etc... L’atmosphère des mésaventures de son personnage se situe toujours dans un entre-deux, entre plaisanterie et attendrissement, entre jeu et anxiété, entre extravagance et non-sens. Ses photographies symbolisent à la fois la commedia del'arte et l'allégorie.
- Teun Hocks (peintre photo monteur, technique mixte) se met en scène dans des situations incongrues et délirantes. Son côté rêveur amuse l’œil d’un humour grinçant et décalé. Son œuvre est surréaliste, mystérieuse, absurde et poétique à la fois, témoignant ainsi du caractère dérisoire de la condition humaine. Il est un insatiable artisan de chimères, dont l’esprit est tragique et comique à la fois. Le protagoniste perdu dans des paysages dépouillés ou lunaires, paraît ne pas prendre conscience de sa propre infortune, sa solitude et l’impuissance de ses actes, encore ensommeillé de ses songes ; il inspire le sourire, la compassion et la mélancolie.
- René Maltête (photographe) possède l’art de mettre en scène des situations loufoques et insensées, et de saisir des images sur le vif qui dégagent une sympathie, un sourire, de la tendresse et de la poésie.
- Christian Ramade (photographe) met en lumière de façon créative, dans sa Série des faux semblants, des scènes réelles, qui témoignent des aspects-moments de la vie où la situation n’est pas préméditée mais amusante et interpellante. C’est un travail sur la représentation et sur les mécanismes de la perception englobant la photographie, la peinture, la sculpture, l’affiche, les murs peints,… et toutes les manières de figurer le réel et de le mettre en « Abîme » dans l’image.
- Philippe Ramette (artiste sculpteur) conçoit des installations et des sculptures, avec lesquels il crée des objets ou des situations improbables, d’inspiration surréaliste en utilisant souvent le non-sens avec humour. Il se met en scène dans un décor, visuellement étonnant ou renversant (au sens littéral), immortalisé par la photographie prise par un professionnel. Ces photographies ne subissent aucune retouche ou montage : l’instant recherché est juste saisi et l’œuvre questionne sur la condition humaine, la liberté, la quête de soi.
- Olivier Rebufa (photo monteur) réalise ses autoportraits dans un monde irréel, où il s’exhibe dans une multitude de situations du quotidien, plus ou moins ordinaires, dans des scènes bibliques ou de cirque, et côtoie la figure récurrente de la poupée Barbie.
- Ben Vautier (plasticien) est un artiste majeur de l'avant-garde, notoire pour ses performances, ses installations et ses peintures. Ses « écritures » laconiques simples ou métaphysiques, déclinées sous diverses formes caractérisent son art à partir des années 1960. Il se questionne continuellement : Qui suis-je ? Un artiste. Mais qu’est ce qu’un artiste ? L’artiste est celui qui réfléchit sur l’histoire de l’art et essaie de la changer ? L’artiste est-il un pion manipulé par les pouvoirs politiques en place pour leur servir de décorateur ? L’artiste est-il un simple ou est-il le fou du roi ?
- Michel Zevort (peintre) imagine des situations illusoires où se côtoient des figures politiques et cinématographiques tournées en dérision.
A l’occasion de cette exposition, un catalogue en quadrichromie est conçu, présentant toutes les 130 œuvres exposées, la biographie des artistes, avec des textes de Bernard Muntaner, enseignant à l’Université de Provence.

www.regards-de-provence.org






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