Jusqu’au 6 janvier 2019, l’exposition "Peintures des lointains" au musée du quai Branly évoque la colonisation vue par les artistes. Environ 200 œuvres inédites de quelque 140 artistes, réalisées entre la fin du XVIIIe et le milieu du XXe siècle, sur les 500 que comporte le fonds, achetées ou reçues en don. Une restauration a parfois été nécessaire pour des œuvres longtemps conservées dans des réserves. Cette exposition est une nouveauté pour un musée plus spécialisé dans les arts premiers d'Amérique, d'Afrique ou d'Océanie que dans les peintures d’artistes occidentaux.
Sarah Ligner, responsable de l’unité patrimoniale Mondialisation historique et contemporaine de l’établissement et commissaire de l’exposition, indique que "ces œuvres, tableaux, aquarelles, dessins proviennent du fonds graphique du musée, inauguré en 2006". Elle précise: "C’est une collection qui est longtemps restée en marge et peu valorisée du fait de son passé colonial. Au moment de la décolonisation, elle a été largement remisée en réserve. Elle n’a commencé à être réétudiée qu’au début des années 1980".
Cette collection peu connue a commencé à se constituer lors de l’Exposition coloniale internationale de Paris tenue du 6 mai au 15 novembre 1931. Le maréchal Lyautey en était le commissaire général et elle a attiré quelque 8 millions de visiteurs, à la Porte Dorée, en lisière du Bois de Vincennes, sur 110 hectares. Puis elle a été accueillie au musée des Colonies devenu en 1935 celui de la France d’Outre-Mer. En 1960, ce dernier se transforme en Musée des Arts africains et océaniens puis en Musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie en 1990 grâce à André Malraux. Sarah Ligner ajoute que "les œuvres ont alors rejoint le musée du quai Branly, inauguré en 2006". Certains dessins de l’exposition proviennent aussi du musée de l'Homme installé depuis 1937 au Palais de Chaillot.
On aura bien compris qu’il ne s’agit nullement d’exalter le temps des colonies ni d’en avoir la nostalgie et le musée du quai Branly tient à faire remarquer qu’à travers cette collection, c’est aussi l’histoire d’une rencontre avec "l’Autre et l’Ailleurs" qui est évoquée, et qu’on suit l’évolution du regard artistique porté sur cette épisode historique. D’abord, l’exotisme pur qui n’évite ni les clichés ni les fantasmes, avec parfois des artistes qui n’avaient jamais quitté la France… Puis, les études ethnographiques progressant, le regard se fait plus réaliste. Les artistes exposés sont très divers, beaucoup peu connus ou tombés dans l’oubli mais aussi Matisse parti à Tahiti en 1930, Gauguin ou Émile Bernard qui a séjourne quelques année en Égypte.
Le visiteur est accueilli par deux immenses toiles qui donnent presque le ton de l’époque: "Principales exportations d‘origine végétale", commande faite vers 1930 à Michel Georges Dreyfus, dit Géo Michel. L’exposition s’organise autour de trois thèmes, "Séduction des lointains", "Altérité plurielle" et "Appropriation des lointains". On trouvera de nombreuses scènes de ports, rien d’étonnant à une époque où le transport maritime est le seul utilisé et c’est un lieu de rencontre de différents peuples; de déserts et d’oasis peints en Algérie, en Égypte et au Proche-Orient; puis plus tard des scènes extrême-orientales; de nombreux portraits tels ceux de Pierre Savorgnan de Brazza dus à deux peintres ou celui d'un bourgeois malgache de Louis Raoelina. Sans oublier Jeanne Thil qui a peint une série de neuf grandes toiles représentant chacune une colonie française. Une salle est consacrée aux laques de Jean Dunand, dont l’extraordinaire Tigre à l’affût, restaurées grâce au mécénat de la Fondation François-Sommer.
On pourra penser que dans cette exposition beaucoup de représentations sont complaisantes, idéalisées et parfois bien éloignées de la réalité de ce qu’a été la colonisation. Aussi est-il bon de rappeler une déclaration de Sarah Ligner "ce que ces peintures ne disent pas, c’est que des milliers d’hommes sont morts dans des conditions terribles, exploités sur ces chantiers".
Sarah Ligner, responsable de l’unité patrimoniale Mondialisation historique et contemporaine de l’établissement et commissaire de l’exposition, indique que "ces œuvres, tableaux, aquarelles, dessins proviennent du fonds graphique du musée, inauguré en 2006". Elle précise: "C’est une collection qui est longtemps restée en marge et peu valorisée du fait de son passé colonial. Au moment de la décolonisation, elle a été largement remisée en réserve. Elle n’a commencé à être réétudiée qu’au début des années 1980".
Cette collection peu connue a commencé à se constituer lors de l’Exposition coloniale internationale de Paris tenue du 6 mai au 15 novembre 1931. Le maréchal Lyautey en était le commissaire général et elle a attiré quelque 8 millions de visiteurs, à la Porte Dorée, en lisière du Bois de Vincennes, sur 110 hectares. Puis elle a été accueillie au musée des Colonies devenu en 1935 celui de la France d’Outre-Mer. En 1960, ce dernier se transforme en Musée des Arts africains et océaniens puis en Musée national des Arts d'Afrique et d'Océanie en 1990 grâce à André Malraux. Sarah Ligner ajoute que "les œuvres ont alors rejoint le musée du quai Branly, inauguré en 2006". Certains dessins de l’exposition proviennent aussi du musée de l'Homme installé depuis 1937 au Palais de Chaillot.
On aura bien compris qu’il ne s’agit nullement d’exalter le temps des colonies ni d’en avoir la nostalgie et le musée du quai Branly tient à faire remarquer qu’à travers cette collection, c’est aussi l’histoire d’une rencontre avec "l’Autre et l’Ailleurs" qui est évoquée, et qu’on suit l’évolution du regard artistique porté sur cette épisode historique. D’abord, l’exotisme pur qui n’évite ni les clichés ni les fantasmes, avec parfois des artistes qui n’avaient jamais quitté la France… Puis, les études ethnographiques progressant, le regard se fait plus réaliste. Les artistes exposés sont très divers, beaucoup peu connus ou tombés dans l’oubli mais aussi Matisse parti à Tahiti en 1930, Gauguin ou Émile Bernard qui a séjourne quelques année en Égypte.
Le visiteur est accueilli par deux immenses toiles qui donnent presque le ton de l’époque: "Principales exportations d‘origine végétale", commande faite vers 1930 à Michel Georges Dreyfus, dit Géo Michel. L’exposition s’organise autour de trois thèmes, "Séduction des lointains", "Altérité plurielle" et "Appropriation des lointains". On trouvera de nombreuses scènes de ports, rien d’étonnant à une époque où le transport maritime est le seul utilisé et c’est un lieu de rencontre de différents peuples; de déserts et d’oasis peints en Algérie, en Égypte et au Proche-Orient; puis plus tard des scènes extrême-orientales; de nombreux portraits tels ceux de Pierre Savorgnan de Brazza dus à deux peintres ou celui d'un bourgeois malgache de Louis Raoelina. Sans oublier Jeanne Thil qui a peint une série de neuf grandes toiles représentant chacune une colonie française. Une salle est consacrée aux laques de Jean Dunand, dont l’extraordinaire Tigre à l’affût, restaurées grâce au mécénat de la Fondation François-Sommer.
On pourra penser que dans cette exposition beaucoup de représentations sont complaisantes, idéalisées et parfois bien éloignées de la réalité de ce qu’a été la colonisation. Aussi est-il bon de rappeler une déclaration de Sarah Ligner "ce que ces peintures ne disent pas, c’est que des milliers d’hommes sont morts dans des conditions terribles, exploités sur ces chantiers".
"L'épopée du canal de Suez, des pharaons au XXIe siècle"
Depuis le 26 mars 2018, l’Institut du monde arabe nous fait revivre plus de 4.000 ans de l’histoire égyptienne, des pharaons à Ferdinand de Lesseps puis à la nationalisation du canal ainsi qu’à son doublement inauguré le 6 août 2015. D’emblée, au son de la célébrissime marche triomphale qui accueille le retour victorieux de Radamès au IIe acte de l’opéra "Aida" de Verdi, le visiteur est invité à l’inauguration du canal le 17 novembre 1869. Quand le khédive Ismaïl accueillait les représentants de toutes les familles royales d’Europe, les envoyés du Sultan, ainsi que l’empereur d’Autriche et l’impératrice Eugénie en invitée d’honneur et même l’émir Abd El Kader. Assis sur une sorte de tribune, il peut suivre la cérémonie sur des écrans, consulter la presse de l’époque, regarder les photographies de l’événement sous l’immense tableau d’Édouard Riou "Cérémonie d'inauguration du Canal de Suez à Port-Saïd". Et voir aussi la robe que portait l’impératrice Eugénie à ce moment. Au son de la voix de Frédéric Mitterrand agissant en maître de cérémonie. Les commissaires Claude Mollard et Gilles Gauthier ont multiplié tableaux, maquettes, sculptures, films, archives sonores et visuelles.
Le canal qui depuis Sésostris III, 18 siècles avant notre ère, reliait le Nil à la Mer Rouge était devenu inutilisable, des maquettes de bateaux prêtées par le Musée égyptologique de Turin le rappellent. Depuis des centaines d’années, des projets étaient périodiquement à l’étude tant à Constantinople qu’à Venise. En plein essor, l’Égypte de Méhémet Ali et de ses descendants avait fait venir des experts français dont Ferdinand de Lesseps qui va réaliser les projets déjà proposés par les ingénieurs de Bonaparte puis par Prosper Enfantin et ses Saint-Simoniens. Les travaux avaient duré 10 ans et les 19.000 km séparant Londres de Bombay étaient devenus 11.000. Un plan-relief créé pour l’exposition universelle de 1878, des modèles réduits de machines et de bateaux de l’époque, des gravures et des photographies nous montrent l’ampleur de la tâche. Auguste Bartholdi souhaita dresser à l’entrée du Canal la statue monumentale d’une paysanne égyptienne éclairant l’humanité, ce projet n’aboutira pas mais il sera réalisé un peu plus tard à New York…
Mais suivront des années plus sombres, l’occupation militaire anglaise à partir de 1882 et le Canal devenu pour les Égyptiens un symbole d’asservissement. Ils se révoltent en 1919 contre la présence de la Grande-Bretagne. En 1936, le royaume d’Égypte accède à une indépendance internationalement reconnue. Le point fort de cette partie de l’exposition est le discours que Gamal Abdel Nasser prononça à Alexandrie le 26 juillet 1956, il annonce la nationalisation du Canal devant l’enthousiasme délirant de la population. Sont également évoqués le fiasco de l’expédition franco-anglo-israélienne de 1956, la guerre des six jours en 1967, la fermeture du Canal et six ans de combats sporadiques puis la guerre de 1973. De 1975 à 2015, le Canal est élargi et modernisé, c’est une des principales sources de devises pour l’Égypte qui, en 2015, se lance dans un nouveau projet, le doublement réalisé en quelques mois.
L’exposition se tient à l’Institut du monde arabe jusqu'au 5 août 2018. Puis, on la retrouvera à Marseille du 19 octobre 2018 au 31 mars 2019. Elle sera ensuite accueillie en novembre 2019 au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne au Caire pour le 150e anniversaire du canal.
Le canal qui depuis Sésostris III, 18 siècles avant notre ère, reliait le Nil à la Mer Rouge était devenu inutilisable, des maquettes de bateaux prêtées par le Musée égyptologique de Turin le rappellent. Depuis des centaines d’années, des projets étaient périodiquement à l’étude tant à Constantinople qu’à Venise. En plein essor, l’Égypte de Méhémet Ali et de ses descendants avait fait venir des experts français dont Ferdinand de Lesseps qui va réaliser les projets déjà proposés par les ingénieurs de Bonaparte puis par Prosper Enfantin et ses Saint-Simoniens. Les travaux avaient duré 10 ans et les 19.000 km séparant Londres de Bombay étaient devenus 11.000. Un plan-relief créé pour l’exposition universelle de 1878, des modèles réduits de machines et de bateaux de l’époque, des gravures et des photographies nous montrent l’ampleur de la tâche. Auguste Bartholdi souhaita dresser à l’entrée du Canal la statue monumentale d’une paysanne égyptienne éclairant l’humanité, ce projet n’aboutira pas mais il sera réalisé un peu plus tard à New York…
Mais suivront des années plus sombres, l’occupation militaire anglaise à partir de 1882 et le Canal devenu pour les Égyptiens un symbole d’asservissement. Ils se révoltent en 1919 contre la présence de la Grande-Bretagne. En 1936, le royaume d’Égypte accède à une indépendance internationalement reconnue. Le point fort de cette partie de l’exposition est le discours que Gamal Abdel Nasser prononça à Alexandrie le 26 juillet 1956, il annonce la nationalisation du Canal devant l’enthousiasme délirant de la population. Sont également évoqués le fiasco de l’expédition franco-anglo-israélienne de 1956, la guerre des six jours en 1967, la fermeture du Canal et six ans de combats sporadiques puis la guerre de 1973. De 1975 à 2015, le Canal est élargi et modernisé, c’est une des principales sources de devises pour l’Égypte qui, en 2015, se lance dans un nouveau projet, le doublement réalisé en quelques mois.
L’exposition se tient à l’Institut du monde arabe jusqu'au 5 août 2018. Puis, on la retrouvera à Marseille du 19 octobre 2018 au 31 mars 2019. Elle sera ensuite accueillie en novembre 2019 au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne au Caire pour le 150e anniversaire du canal.