Etats des Lieux sur les médias et le journalisme de nos jours


Par Rédigé le 21/09/2010 (dernière modification le 21/09/2010)

En 2003, j’ai entendu ces aspirations et ces attentes d’un homme d’Etat de ce 21e siècle, Pascal Corminboeuf, président du gouvernement de la République et Canton de Fribourg : "Je suis pour ma part bon public, soulignait-il face à des journalistes francophones, mais j’ai faim d’éditoriaux forts qui s’élèvent au-dessus des contingences politiques et commerciales pour rejoindre la réflexion fondamentale sur l’évolution de nos sociétés et de notre monde".


Déjà l'hebdomadaire Jeune Afrique rappelait prophétiquement l'arrivée de Cheikh Anta Diop (source JA)
"Un journal, poursuit-il, c’est la rencontre d’un patron et d’une équipe. Il faut les deux pour que la mayonnaise soit de qualité, il faut aussi du temps. C’est peut-être ce qui manque le plus aujourd’hui, avec la manie des chaises musicales qui déteint du monde de l’économie sur la presse. Il y a parfois un monde entre l’écrivain et le journaliste et l’on ne passe pas impunément de l’un à l’autre, de l’écriture sur l’écume des jours à l’écriture sur les vagues des humains. Je souhaite à ce pays (au monde noir aussi, souligné par Osiris) des journalistes pleins d’Histoire et de Culture. Les journaux ne sont plus des églises, et s’ils veulent être un miroir de la société, ils se doivent d’être une rédaction diverse dans ses sensibilités", conseille-t-il ; certes, un quotidien n’a pas les plages de tranquillité d’un hebdomadaire ou d’un mensuel comme le constate l’homme d’Etat fribourgeois car ; "A force de courir au plus pressé, ce sont les racines mêmes, la sève qui sont mise en cause. Ses manchettes seront biens lustrées. Mais il sera terne, plat, anodin . Il sera devenu ce que le public appelle, avec une étonnante sureté de jugement, "une feuille de choux". Ce jugement est sévère. C’est tout le contraire de ce que vous souhaite le gouvernement fribourgeois, a précisé Pascal Corminboeuf. De là, c’est l’intrinsèque du journalisme (des médias) qui est dévoilé et aucun de nos deux encyclopédistes (Cheikh Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo) ne diraient le contraire ?

Financer l’appropriation de nos savants

Aujourd’hui la mondialisation vient de nous montrer qu’elle a échoué en produisant cette crise financière internationale. Dans Chronique de la pensée multiple, Valéry Giscard d’Estaing de l’Académie française, justement, souligne, je cite : "Cette crise est le premier grand échec de la mondialisation, qui, comme on pouvait s’en douter, au lieu d’amortir les vagues les amplifie et les rend plus périlleuses", (Le Point, 11 décembre 2008, P.26). Sidwaya, le journal de tous les Burkinabè dans sa livraison du jeudi 14 mai 2009, parmi ses Unes cite : "Blaise Compaoré appelle l’Afrique à une introspection" ; c’est à l’occasion des assises de la Banque africaine de développement (BAD) dans la capitale sénégalaise. Selon le président Compaoré : "la crise financière ne doit pas être perçue comme une fatalité pour l’Afrique. Elle doit plutôt nous amener à faire une introspection afin de tirer ensemble les enseignements utiles pour envisager avec sérénité la relance de nos économies, car notre continent regorge d’énormes potentialités qu’il convient de valoriser". De "l’introspection" par et avec "Nos potentialités utiles et subtiles", c’est d’abord nos savants et nos encyclopédistes. Et Dieu seul sait que des financements conséquents ne sont pas investis pour l’appropriation de nos savants. Construire un système politique qui contiendrait les avatars déshumanisants connus, ce fut la préoccupation de ces ceux-là. Ce dans Les Fondements politiques, économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire (Cheikh Anta Diop, 1974) et A quand l’Afrique ? (Abdoulaye Wade, 2003).

Il est courant d’entendre que l’Afrique est à la croisée des chemins. En d’autres termes en chaque individualité mature africaine dans son être profond, il y a l’impasse. Comme chez le journaliste dont je suis. Comme il n’y a pas de génie en vase clos je dois froisser ces chemins dont nous sommes à la croisée. Pour cela j’instrumentalise nos merveilleux penseurs comme Cheikh Anta Diop (Mamadou Diouf, historien sénégalais, Usa) dans la pratique de ce que je conçois comme : Les Nouvelles Communications Africaines (les NCA). Pour moi : Nouvelle histoire égale nouvelle Communication.

De l’ignorance à la togolité !

Le 12 octobre 2008, la 3e rentrée télévisuelle (pardon) audiovisuelle du Burkina a refermé ses micros et rangé ses caméras à Bobo-Dioulasso la capitale économique du Pays des Hommes Intègres. Pour Nathalie Somé, la directrice de RTB /ouest, l’image et le son coûtent cher. C’est de pouvoir réhabiliter notre cadre de travail. «Nous sommes dans un domaine qui évolue très rapidement en terme de technologie. Elle évolue et il faut aussi que les hommes évoluent, que le matériel et l’équipement évoluent pour que comme on le dit, "à outil performant, travail satisfaisant", c’est ce que nous recherchons", précise-t-elle. C’est ce que je recherche aussi à travers cette communication. Car il faut réhabiliter le cadre mental (l’esprit) par une nouvelle intellectualité. Mais nous sommes loin du compte. A l’annonce de la télévision du Burkina sur un bouquet parisien, j’ai partagé la joie mitigée d’un téléspectateur dans le Pays du jeudi 9 octobre 2008 à la page 35. Je cite Ouala Traoré : "Les paroles des gens et surtout des animateurs : il convient d’éviter les propos tels que "la prochaine candidate est une coiffeuse togolaise de Bobo". Que vient chercher ici sa nationalité ? Elle est Africaine, citoyenne de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), de la CEDEAO. C’est tout. Quand on commence à catégoriser, on ne sait pas jusqu’à où ça peut aller…C’est déjà arrivé tout près de chez nous". Car beaucoup d’animateurs (par exemple M. la présentatrice de Faso Académie a passé son temps à relever la ‘togolité’’ d’une candidate née à Bobo-Dioulasso). Beaucoup de personnes n’ont pas intégré les enjeux de l’ "identité régionale africaine" travaillée par Joseph Ki-Zerbo dans ses publications et communications. "Ce travail rigoureux de l’historien est d’autant plus important aujourd’hui que les avancées de l’histoire permettent de faire obstacle à toutes les impostures que certains médias relaient avec complaisance", y est- il relevé dans la revue Présence Africaine (Communauté Africaine de Culture, 2007). Donc les facteurs psychologiques d’éducation et de culture générale dans les médias laissent à désirer.
L’autorité savante s’autorise à la consommation !
Or, Khadim Sylla, ce fonctionnaire de l’Unesco au sujet de Joseph écrivait je cite : "De sa plume alerte, le Professeur résumait et prolongeait l’analyse des problématiques abordées dans un style épuré, ponctué de paraboles, ce procédé magique dont il avait le secret pour fixer définitivement dans nos consciences volatiles, les idées les plus complexes". Beaucoup de journalistes en Afrique n’ont pas (plus) le temps de lire, mais il semble évident que le style de l’autorité nous arrangerait. Jusqu’au Musée d’Alexandrie, enseigne-t-il, premier Centre international de Recherche au sens "moderne" du terme (liberté totale, rassemblement des chercheurs dans des locaux appropriés, avec la documentation et la bibliothèque la plus considérable de l’Antiquité (700 000 volumes), inter et transdisciplinarité, prise en charge par l’Etat, etc..). Malgré tout cela, on dénie à l’Afrique sa part de contribution au progrès humain en décrétant qu’avant l’écriture, on ne peut parler d’Histoire, mais seulement de Préhistoire ; en oubliant que même à cette condition aussi (l’écriture), l’Histoire a commencé en Egypte il y a environ 5000 ans. Alors, on triche à nouveau en considérant que l’Egypte ne fait pas partie de l’Afrique mais du Proche-Orient… bref, on oublie que dès qu’il y a l’homme, il y a l’Histoire. (…) bien de créations qui fondent la société humaine ont été inventées durant la soi-disant ‘Pré-histoire’ et constituent les plus grands moteurs de l’Histoire.
Cela tous les médias au monde et les journalistes ne devraient l’ignorer pour faire comme si l’actualité sortait ex nihilo. Le Nobel de physique Charpak a exigé : "Soyez savants et devenez des prophètes" ! En d’autres termes, sans forcement faire feu de tout bois, soyez savants et devenez des journalistes pour une autre aventure humaine à la hauteur de l’humanité d’aujourd’hui.





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