Être ou ne pas être senior
Favoriser la singularité de l'individu au détriment de l'âge, par un selfie, par exemple ? / © Photo de Edu Carvalho sur Pexels
Question : "la longévité est-elle aujourd’hui un problème ou une chance ? Quel est l’âge des “vieux” ?
- Serge Guérin : " Du point de vue de n'importe quelle génération, un vieux, c’est quelqu'un qui a entre 15 et 20 ans de plus que nous. Plus sérieusement, ce sont tous ceux qui ne sont pas les "premiers de cordée" pour reprendre l'expression d'un certain président, ceux que l’on ne voit pas dans le monde actif et qui, néanmoins, s’occupent des petits-enfants, sont très investis dans le monde associatif et les actions bénévoles.
Selon l’endroit où je me situe, je m’appelle ou non senior. Par exemple, dans le secteur privé, à partir de 44 ans, je me prépare à mon "entretien de mi carrière", celui qui veut tout dire. Une fois passé cet âge, il n'y a quasiment aucune chance de retrouver un emploi. Mais, le pire secteur est peut-être celui du sport où à partir de 39 ans, on passe dans la catégorie des vétérans."
- Julia Mourri : "Avec notre projet Oldyssey, nous avons cherché à nous représenter ce que recouvrait la notion de vieillesse dans différents pays, à travers des vidéos de 3 minutes. Certaines fois, on nous présentait des personnes qui âgées de 50 ans, déjà arrière-grands parents, tandis que dans d’autres étaient présentés des gens de 80 à 90 ans. En France, être vieux, c’est aussi une suite de clichés, être has been, quoi. Nous avons aussi souhaité aussi un peu choquer les gens pour souligner le problème de perception."
- Nicolas Menet "Je travaille au quotidien avec des "vieux", l'action de Silver Valley impactant 9000 personnes. Je vais vous dire, en réalité pour ces personnes de 60 à 87 ans, "vieux" ou "pas vieux", ce n'est pas du tout un sujet, tant leur liberté de parole impressionne. Les boomers qui se sont battus pour être des individus singuliers dans la société ont quelque chose à nous apprendre sur le fait d'exister en tant qu'individus. D'ailleurs, plus j’avance dans ma carrière, plus je me rends compte que le débat tourne surtout autour de la notion de retrouver la singularité d’un individu.
Silver Valley est cluster de 300 projets d'innovation médicale autour de la dépendance, mais pas seulement. Le fait de devenir soi-même un aidant alors qu’on atteint déjà un certain âge confronte à la réalité de la fin de vie qui font surgir des questions existentielles. Être vieux, c’est déjà se poser la question de son utilité au sein de la société."
- Serge Guérin : " Du point de vue de n'importe quelle génération, un vieux, c’est quelqu'un qui a entre 15 et 20 ans de plus que nous. Plus sérieusement, ce sont tous ceux qui ne sont pas les "premiers de cordée" pour reprendre l'expression d'un certain président, ceux que l’on ne voit pas dans le monde actif et qui, néanmoins, s’occupent des petits-enfants, sont très investis dans le monde associatif et les actions bénévoles.
Selon l’endroit où je me situe, je m’appelle ou non senior. Par exemple, dans le secteur privé, à partir de 44 ans, je me prépare à mon "entretien de mi carrière", celui qui veut tout dire. Une fois passé cet âge, il n'y a quasiment aucune chance de retrouver un emploi. Mais, le pire secteur est peut-être celui du sport où à partir de 39 ans, on passe dans la catégorie des vétérans."
- Julia Mourri : "Avec notre projet Oldyssey, nous avons cherché à nous représenter ce que recouvrait la notion de vieillesse dans différents pays, à travers des vidéos de 3 minutes. Certaines fois, on nous présentait des personnes qui âgées de 50 ans, déjà arrière-grands parents, tandis que dans d’autres étaient présentés des gens de 80 à 90 ans. En France, être vieux, c’est aussi une suite de clichés, être has been, quoi. Nous avons aussi souhaité aussi un peu choquer les gens pour souligner le problème de perception."
- Nicolas Menet "Je travaille au quotidien avec des "vieux", l'action de Silver Valley impactant 9000 personnes. Je vais vous dire, en réalité pour ces personnes de 60 à 87 ans, "vieux" ou "pas vieux", ce n'est pas du tout un sujet, tant leur liberté de parole impressionne. Les boomers qui se sont battus pour être des individus singuliers dans la société ont quelque chose à nous apprendre sur le fait d'exister en tant qu'individus. D'ailleurs, plus j’avance dans ma carrière, plus je me rends compte que le débat tourne surtout autour de la notion de retrouver la singularité d’un individu.
Silver Valley est cluster de 300 projets d'innovation médicale autour de la dépendance, mais pas seulement. Le fait de devenir soi-même un aidant alors qu’on atteint déjà un certain âge confronte à la réalité de la fin de vie qui font surgir des questions existentielles. Être vieux, c’est déjà se poser la question de son utilité au sein de la société."
Porteurs de compétences
Un grand nombre de startups, petites structures qui n'ont pas les moyens de se payer des cabinets de conseil peuvent bénéficier de l'expertise des "seniors" pour leur acivité et le bien-être de leurs salariés / © Photo de Julie Aagaard sur Pexels
Question : À l’heure où 3 ou 4 générations se côtoient, quels sont les leviers que vous avez identifiés pour permettre un vivre ensemble ou une action collective ? Comment cela se passe-t-il dans d’autres pays ?
- Nicolas Menet "Chez Silver Valley, nous développons cet aspect là auprès d'associations qui proposent une action de mentorat aux 180 startups que nous côtoyons. "
- Julia Mourri : "En vieillissant, les personnes s'imposent de plus en plus de barrières. En Chine, on a vu des grand-mères lancer leur We Chat traitant de sujets de société alors que les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement l’endroit où on les attend. En Afrique du Sud, on a vu des grand-mères faire des entraînements de boxe. Il s'agit de gens qui se mobilisent pour l’avenir, contrairement à une image qui voudrait les figer comme une génération inconsciente des défis qui nous attendent. Au Sénégal, on a rencontré une grand-mère qui reboise la mangrove, ou encore d’autres dames qui ont réussi à faire reculer l’excision et les mariages précoces pour permettre aux jeunes filles d’aller à l’école, alors qu’elles n’ont elles-mêmes reçu aucune éducation. Dès que cela concerne leurs enfants ou petits-enfants, un déclic s'opère."
- Serge Guérin : "Beaucoup de personnes retraitées sont présentes aux marches pour le climat, bien que les médias trouvent plus vendeur de montrer des jeunes. Et, de manière plus générale, on ne ressemble plus du tout aux personnes de 75 ans d’il y a 20, 30, ou 40 ans.
Nous devrions davantage parler du désir, plutôt que des besoins des personnes âgées. Opérer des transformations plus lentes est à la fois un ralentissement écologique, mais aussi relationnel. La silver economy représente 130 milliards d’euros, soit de notre 3,4% de PIB. Contrairement aux idées reçues, la France es très avancée en matière d'innovation sur le sujet du vieillissement. "
- Nicolas Menet "Chez Silver Valley, nous développons cet aspect là auprès d'associations qui proposent une action de mentorat aux 180 startups que nous côtoyons. "
- Julia Mourri : "En vieillissant, les personnes s'imposent de plus en plus de barrières. En Chine, on a vu des grand-mères lancer leur We Chat traitant de sujets de société alors que les réseaux sociaux ne sont pas nécessairement l’endroit où on les attend. En Afrique du Sud, on a vu des grand-mères faire des entraînements de boxe. Il s'agit de gens qui se mobilisent pour l’avenir, contrairement à une image qui voudrait les figer comme une génération inconsciente des défis qui nous attendent. Au Sénégal, on a rencontré une grand-mère qui reboise la mangrove, ou encore d’autres dames qui ont réussi à faire reculer l’excision et les mariages précoces pour permettre aux jeunes filles d’aller à l’école, alors qu’elles n’ont elles-mêmes reçu aucune éducation. Dès que cela concerne leurs enfants ou petits-enfants, un déclic s'opère."
- Serge Guérin : "Beaucoup de personnes retraitées sont présentes aux marches pour le climat, bien que les médias trouvent plus vendeur de montrer des jeunes. Et, de manière plus générale, on ne ressemble plus du tout aux personnes de 75 ans d’il y a 20, 30, ou 40 ans.
Nous devrions davantage parler du désir, plutôt que des besoins des personnes âgées. Opérer des transformations plus lentes est à la fois un ralentissement écologique, mais aussi relationnel. La silver economy représente 130 milliards d’euros, soit de notre 3,4% de PIB. Contrairement aux idées reçues, la France es très avancée en matière d'innovation sur le sujet du vieillissement. "