Égypte: Trois ans de prison dans une affaire de blasphème

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Par J.N.B.L. Rédigé le 19/12/2012 (dernière modification le 18/12/2012)

Un militant égyptien a été condamné à trois ans de prison après avoir été déclaré coupable de "diffamation de la religion", sentence qu’Amnesty International a qualifiée d’attaque révoltante contre la liberté d’expression. (Alber Saber Ayad a été libéré sous caution le 17/12/12 voir vidéo)


Alber Saber Ayad, diplômé en informatique et militant de 27 ans, a été arrêté à son domicile, au Caire, le 13 septembre 2012. La veille, des groupes d’hommes en colère s’étaient massés autour de sa maison et réclamaient sa mort, l’accusant d’hérésie, d’athéisme et de défense de l’Innocence des musulmans, un court métrage jugé offensant par beaucoup. Sa mère avait appelé la police pour demander une protection, mais les policiers ont attendu jusqu’au lendemain pour y répondre. Lorsqu’ils ont fini par arriver, ils ont arrêté Alber Saber Ayad et saisi son ordinateur personnel et des CD.

Le tribunal du Caire a déclaré Alber Saber Ayad coupable d’avoir diffusé sur Internet des informations diffamatoires envers les religions.
"Cette décision de justice est choquante; il est inadmissible de condamner quelqu’un dont le seul "crime" est de poster ses opinions sur Internet. Cette condamnation va ruiner sa vie, qu’il purge ou non sa peine. Le tribunal aurait dû classer cette affaire dès le premier jour; désormais il sera étiqueté comme ayant insulté la religion", a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

L’avocat du militant a assuré à Amnesty International que le procès de son client était marqué par le refus du juge d’autoriser la défense à citer des témoins clés – notamment les policiers chargés de l’arrestation et de l’enquête, et les personnes ayant au départ porté plainte contre Alber Saber Ayad.
Alors qu’il se trouvait au poste de police d’El Marg, au Caire, un policier aurait incité d’autres prisonniers à s’en prendre à lui. Durant son procès, il était détenu dans des conditions déplorables à la prison de Tora. Sa cellule se trouvait à côté d’un égout et n’avait ni lumière ni eau potable, jusqu’à ce que des organisations de défense des droits humains portent plainte en son nom auprès du bureau du procureur.

La mère d’Alber Saber Ayad a confié à Amnesty International: "C’est une injustice criante… J’ai du mal à croire que pendant l’enquête ils ont questionné mon garçon à propos de sa religion et de sa pratique religieuse, ça n’est pas leur affaire! Cela fait trois mois maintenant, et je ne peux ni dormir ni manger, parce que je ne suis autorisée à le voir que 10 minutes par semaine. Je demande la libération d’Alber, c’est simplement une personne qui dit ce qu’il pense, et je demande aussi aux autorités de s’employer à arrêter les personnes qui incitent vraiment à la violence."

Amnesty International a soumis l’affaire concernant Alber Saber Ayad aux mécanismes de défense des droits humains des Nations unies.

Egypte.mp3  (379.31 Ko)






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