Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 02/06/2011 (dernière modification le 02/06/2011)

L'Union européenne s'est dite satisfaite de l'arrestation de Mladic, le 26 mai 2011. Mais après l'enthousiasme de la semaine dernière, il est temps de sonner la fin de la récréation et de rappeler que sur la liste des trois principaux criminels de guerre serbes, seuls deux ont été arrêtés.


L'Union européenne s'est dite satisfaite de l'arrestation de Mladic, le 26 mai 2011. Mais après l'enthousiasme de la semaine dernière, il est temps de sonner la fin de la récréation et de rappeler que sur la liste des trois principaux criminels de guerre serbes, seuls deux ont été arrêtés. Radko Mladic la semaine dernière et Radovan Karadzic, le 21 juillet 2008. Le troisième, Goran Hadzic, ancien président de la République serbe autoproclamée de Krajina court toujours. Comme les deux premiers, celui-ci est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ainsi même si la Serbie aimerait obtenir le statut officiel de candidat dans les mois qui viennent, l'affaire est loin d'être entendue. Certes, un pas a été franchi avec l'arrestation de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie mais cela veut-il pour autant dire qu'une réelle coopération a eu lieu entre Belgrade et La Haye ? Depuis l'arrestation de Mladic, beaucoup de choses ont été écrites, et la rumeur circule à folle allure. Plutôt qu'une arrestation, résultat du travail de la police et de la justice serbe, ne s'agirait-il pas plutôt d'une reddition ? Vieux, fatigué, malade, Mladic ne se serait-il pas plutôt rendu afin de jouer un dernier baroud d'honneur ? A La Haye, le général ne trouvera-t-il pas une ultime tribune non pas pour se justifier ni s'expliquer mais pour terminer en beauté sa carrière de militaire vouée à la grandeur serbe ? Nous sommes en droit de nous poser la question sur la sincérité de la collaboration des autorités de Belgrade avec le tribunal international. D'après un récent sondage du Conseil national de coopération avec le tribunal de La Haye, 40% des Serbes le considèrent toujours comme un "héros"et 78% reconnaissent qu'ils ne l'auraient pas dénoncé aux autorités alors que rappelons-le, le gouvernement serbe avait promis une prime de 10 millions d'euros pour sa capture. Toutefois, le président Tadic récuse toutes allusions de ce genre. Une chose est certaine, c'est un bon point pour le gouvernement serbe qui maintenant peut se permettre à juste titre d'ailleurs, que les crimes commis pendant les années 90, lors des guerres consécutives à l'éclatement de l'ancienne Yougoslavie, soient soumis à une enquête internationale, dont celle où le Premier ministre kosovare est accusé d'avoir participé à un trafic d'organes.

Mais si la Serbie est aux portes de l'Union européenne, c'est encore loin d'être le cas pour l'Albanie et la Macédoine empêtrées dans de graves crises politiques. Dimanche 5 juin, les Macédoniens sont invités à se rendre aux urnes après que le président du Parlement ait dissout l'Assemblée le 15 avril dernier. L'opposition refusait de siéger au parlement et bloquait de facto son fonctionnement. Le parti au pouvoir, VMRO-DPMNE (chrétien-démocrate) est accusé au mieux de dérives autoritaires par le SDSM (sociaux-démocrates), justifiant ainsi son attitude. Indépendante depuis 1991, après une courte guerre, une des moins meurtrières rappelons-le, pour acquérir son indépendance face à la Serbie, la Macédoine est peuplée de 64% de Macédoniens et de 25% d'Albanais. C'est ainsi que la scène politique est dominée par deux grands partis leVMRO-DPMNE (nationaliste avant de devenir chrétien-démocrate) et le SDSM, d'abord communiste puis social-démocrates voire néolibéral. Au vu de l'importance de la population albanaise, des petits partis politiques représentent cette population et aident à la formation de coalition après les élections. Ce qui ne devrait pas manquer de se faire après le 5 juin.
En Albanie, la situation est encore plus critique car des émeutes ont eu lieu suite aux élections municipales du 8 mai 2011 et ils faut rappeler qu'en janvier quatre personnes ont trouvé la mort lors de manifestations anti-gouvernementales. Comme en Macédoine, le gouvernement de Sali Bérisha est accusé de corruption et d'incompétences et là aussi, l'opposition boycotte les travaux parlementaires. La tension ne devrait pas retomber tout de suite car le 28 juin, les Albanais seront de nouveaux invités à voter, cette fois-ci pour les législatives. Le duel qui se joue depuis de nombreuses années entre l'actuel président de la République Sali Berisha et le socialiste et ancien maire de la capitale Tirana, Edi Rama devrait être à son comble d'autant plus que d'après les derniers sondages, les partis seraient au coude à coude.
La route vers la démocratie est loin d'être un long fleuve tranquille.

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