Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 17/05/2011 (dernière modification le 17/05/2011)

A en lire les médias, le concours eurovision de la chanson qui s'est déroulé en Allemagne samedi 14 mai n'est pas seulement un modèle de ringardise absolue mais est devenu aussi un sujet d'études. En effet, des chercheurs se sont penchés sur des questions aussi sérieuses que "le concept de communauté européenne", ou encore sur l'idée de renforcement de "l’identité paneuropéenne" partant du principe que 125 millions de téléspectateurs amateurs d'un tel spectacle ne peuvent avoir tort ensemble.


Ce qui semble être un mauvais argument, de nombreux exemples dans le passé pourraient illustrer l'idée que ce n'est pas la quantité qui a toujours raison. Toutefois, pourquoi pas étudier le phénomène sous d'autres angles, qui me semble assez éloignés des deux concepts cités plus haut sur "la communauté européenne" et "l'identité paneuropéenne". A dire vrai, c'est même tout le contraire à lire les nombreux commentaires publiés.
Au moins deux aspects resurgissent : le chauvinisme et le business.

La victoire de l'Azerbaïdjan, c'est avant tout un cours de géographie. Localisation, capitale, langue - quoique là il faille relativiser puisque le duo gagnant a chanté en anglais, ce qui pourrait donner l'occasion de rajouter un troisième point à notre développement, sur la mondialisation et l'uniformisation des langues, mais en fait, en parlant business, j'y reviens naturellement. Puis un cours de géopolitique puisque c'est l'occasion d'en connaître un peu plus, sur cette certes discrète et peu démocratique république du Caucase mais néanmoins grande pourvoyeuse en pétrole. A tel point que certains candidats malheureux estiment que cette victoire sent le pétrole. Il en est ainsi du chanteur roumain qui explique les raisons de cette victoire par les pressions exercées par l'industrie musicale suédoise qui apprend-on produit de nombreux artistes venus d'Azerbaïdjan, pays producteur de pétrole. En fait, on ne voit pas très bien le lien entre les deux informations, mais séparées, celles-ci ne sont pas inintéressantes. Surtout s'il s'avère que la chanteuse du duo est mariée avec un oligarque russe londonien, suprême soupçon ! Ce serait enfin un cours de politique étrangère qui rappellerait que l'ex-république soviétique est elle aussi, confrontée à des manifestations contre le régime en place et comme pour les pays arabes actuellement en révolte contre le pouvoir autoritaire dans leur pays, pourrait bien se trouver face à des situations identiques rapidement et même si une foule en liesse criait samedi soir à l'heure de la victoire "Azerbaïdjan". En d'autres temps, les Français ont bien crié "Black, Blanc, Beur" et alors ? "Azerbaïdjan" ou "Karabakh" d'ailleurs ce qui est de la même veine puisqu'il s'agit d'une région revendiquée par les Azeris. Cette chanson là est loin d'adoucir les moeurs...
Alors après cela, les qualités musicales et d'interprétation de la chanson, sont vraiment secondaires.
A tel point d'ailleurs que la fameuse recherche dont ont parlait plus haut, démontre que les téléspectateurs votants ne font pas leur choix par rapport aux critères artistiques mais par rapport aux liens qui les unissent ou non à un pays.

Ainsi l'événement n'a plus rien d'un rapprochement entre nations européennes. C'est tout au plus du marchandage. Il y a bien longtemps que cette grande messe ne réunit pas que des concurrents européens, pour preuve l'Azerbaïdjan. Quid des sentiments européens, le public international y trouve l'occasion de faire de la politique et heureusement encore ne peut pas élire le candidat de son pays. Tout cela ne donne pas très envie de regarder l'année prochaine en direct de Bakou, le 57e concours Eurovision de la chanson et prouve que 125 millions de personnes peuvent avoir tort ensemble.





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