Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 26/01/2011 (dernière modification le 26/01/2011)

A suivre l'actualité européenne et internationale, on est surpris de constater combien ces derniers jours, les événements s'emboîtent parfaitement. Dans le premier rôle, la politique étrangère de l'Union européenne où plutôt son fantôme puisqu'il est manifeste qu'elle n'existe pas.


Nombreux sont ceux qui attendaient de Bruxelles une réaction suite à la révolution tunisienne. Rien. Agendas et emplois du temps surchargés empêcheraient les uns et les autres de se rendre à Tunis afin de saluer le courage de ceux qui ont osé risqué leur vie au nom d'une liberté dont on nous rabat les oreilles en Occident. Il est vrai que José Manuel Barroso avait beaucoup plus important à faire, ainsi après s'être rendu en Azerbaïdjan et au Turkménistan, il a entre autres rencontrer le président de l'Ouzbékistan, Islam Karimov. Rappelons brièvement que ces trois anciennes républiques soviétiques sont présidées aujourd'hui par des hommes issus de l'ancien régime communiste et dont les systèmes politiques sont très loin d'être des modèles de démocratie. Le président de la Commission européenne a en effet reçu lundi un autocrate qui a la chance de diriger un pays aux multiples ressources énergétiques. Afin de bien suivre le déroulement de l'histoire, je vous conseillerai de faire plusieurs colonnes et de placer celui-ci dans la colonne des bons dictateurs, entendez des dictateurs utiles, ceux qui font barrage à l'islamisme - le vilain dans l'histoire -. Et de barrage, il semble que la Russie en ait bien besoin. L'attentat qui vient d'être perpétré à Moscou serait l'œuvre de terroristes du sud-Caucase, région instable et tenue par des régimes trop fragiles à prétention démocratique. Quelle merveilleuse justification pour des États comme ceux d'Islam Karimov ! Vous n'avez pas l'impression d'avoir déjà vu cette pièce jouée quelques part ? Moi si. L'ancien président tunisien, aujourd'hui reconnu par tous comme un affreux dictateur, était lui aussi considéré comme un rempart contre l'islamisme. Il a ainsi pu recevoir de larges subsides de Bruxelles et saigner à blanc son pays sans aucun problème.
A l'opposé, Bruxelles dénonce avec véhémence les méchants dictateurs ou apprentis dictateurs que seraient Alexandre Loukachenko ou Viktor Orban respectivement. Il est vrai que sols et sous-sols de ces pays ne sont pas aussi riches que ceux d'Ouzbékistan et autres anciennes républiques soviétiques et que la Hongrie ne fait plus barrage aux visées expansionnistes de l'empire ottoman depuis longtemps.
Venons-en maintenant à l'outsider, j'ai nommé l'Albanie. Dans les Balkans aussi il semble que cela bouge. Alors que l'on s'inquiète de savoir qui est exactement le Premier ministre du Kosovo, accusé de tous les crimes, l'opposition albanaise semble avoir senti jusqu'à Tirana les effluves de la révolution de Jasmin. Ambiance : trois morts et des injures comme seuls sont capables d'échanger des parlementaires balkaniques entre eux. Il y a en effet longtemps qu'on avait pas entendu un homme politique traiter de "bâtard et autres noms d'oiseaux" ses collègues. Et Bruxelles de s'apercevoir que l'Albanie - candidate potentielle à l'Union européenne - a un système parlementaire bloqué depuis un an et demi, que les antagonismes de toutes sortes y sont tels qu'il semble parfois impossible d'espérer une amélioration de la situation. Trop, c'est trop et il n'aura échappé à personne que cette fois-ci l'Union européenne a renvoyé dans les cordes les protagonistes en les invitant à procéder comme des grands à une enquête. On ne l'y reprendra pas à deux fois, Bruxelles en a assez des reproches, pour l'heure les pays balkaniques n'ont qu'à bien se tenir et régler leurs problèmes entre eux, comme l'ont rappelé les ministres des Affaires européennes français et allemand qui décidément ne veulent pas entendre parler de la Roumanie et de la Bulgarie dans Schengen.





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