Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 16/12/2010 (dernière modification le 16/12/2010)

Si le continent africain est jugé par certains terre de mystères, les Balkans quant à eux sont la région de tous les fantasmes surtout depuis la publication du livre en 1932 d'Albert Londres "Les Comitadjis" où déjà le père du journalisme d'investigation démontrait la quasi impossibilité de comprendre les populations de cette région.


A la une de l'actualité législative au Kosovo et alors que l'on apprend la mort de Richard Holbrooke, l'artisan des accords de paix en Bosnie en 1995, un rapport du Conseil de l'Europe semble tomber à point nommé quelques jours seulement après la proclamation des résultats des élections. Tombé à point nommé pour fortement ternir la réputation du Premier ministre sortant nouvellement réélu à la tête de son petit Etat. Hashim Taci, ancien de l'armée de libération du Kosovo, l'UCK, est surnommé "le Serpent" - quand je vous parlais de fantasme -, et fut l'un des instigateur de l'indépendance du Kosovo le 17 février 2008. Il est vrai que peu de Premier ministre en poste aujourd'hui en Europe sont d'anciens combattants, soupçonnés d'assassinats politiques, d'être trafiquants d'armes, de substances illicites, et d'enfin d'organes prélevés sur des prisonniers serbes ou albanais tués. Il est évidemment accusé de tirer un profit personnel de tous ces trafics. Cela fait beaucoup pour un seul homme. A titre de rappel et afin qu'il n'y ait pas de malentendus, dans nos pays d'Europe occidentale, les accusations dont sont victimes nos hommes politiques sont beaucoup moins exotiques mais n'en sont pas moins réelles. A n'en pas douter plus le Kosovo avancera sur le chemin de la démocratie, plus les accusations dont il fera alors l'objet seront plus "classiques".

Que dit le rapport de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe rédigé par son représentant Dick Marty et qu'avait déjà dénoncé en son temps une autre Suisse Carla del Ponte : qu'Hashim Taci a agi "comme le "parrain" de réseaux criminels responsables d'un trafic d'organes de prisonniers serbes et albanais avant et après l'intervention de l'Otan en 1999". Ce n'est pas la première fois que Dick Marty met en lumière des faits que nombre de dirigeants aimeraient garder dans l'ombre. Ainsi, le Suisse a aussi enquêté sur l'affaire des prisons secrètes de la CIA en Europe. Un rapport accablant a été publié mettant en cause 14 pays européens niant évidemment tous ces allégations. De son côté, Dick Marty a aussi ses détracteurs qui l'accuse d'avoir toujours été hostile à l'indépendance du Kosovo et qui aujourd'hui aurait par conséquence des comptes à régler.
Le rapport est dès aujourd'hui disponible sur le site du Conseil de l'Europe alors que les autorités kosovares l'ont immédiatement qualifié sans surprise d'"infondé et diffamatoire".

Quelles soient vraies ou fausses ces accusations soyons en sures n'iront guère plus loin comme nombre de dossiers d'enquêtes réalisés par le Conseil de l'Europe. Soutenus en son temps et encore aujourd'hui par les Etats-Unis et l'Union européenne, Hashim Taci et le Kosovo ne vont pas être ainsi abandonnés en chemin. Le pays est un futur client de l'Otan puis de l'Union européenne même si cette dernière traîne des pieds en ce moment quant à un nouvel élargissement. Où l'on découvre que la Roumanie et la Bulgarie n'étaient pas prêtes pour devenir membres, que le président du parlement slovaque demande à quitter la zone euro après seulement deux années, que l'on est effrayé à l'idée de donner des visas aux citoyens de Bosnie-Herzégovine de peur qu'ils envahissent nos riches contrées et c'est sans parler de laisser les Roumains et les Bulgares entrer dans la zone Schengen. Tout ne semble donc pas aller dans le meilleur des mondes.... ah si une petite note positive. La commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire Kristalina Georgieva, vous vous souvenez celle qui remplacé au pied levé Rumiana Jeleva, la première candidate bulgare recalée par le parlement européen. Kristalina Georgieva a été élu par le journal "European Voice" : "Européenne de l'année" et "commissaire de l'année" suscitant un élan de fierté dans son pays d'origine la Bulgarie qui en a bien besoin. Ce n'est pas la première fois qu'une commissaire bulgare remporte ce prix, déjà en 2008 Meglena Kuneva avait été primée. Comme quoi rien n'est perdu pour les Balkans.





Autres articles dans la même rubrique ou dossier: