Les reportages se multiplient dans les médias sur ce fléau que personne ne cerne vraiment quant à son mode de propagation, à la durée de l’épidémie et à la projection du nombre des décès à moyen terme. Certaines sont effrayantes, d’autres un peu moins, mais toujours extrêmement préoccupantes. Il me semble irresponsable d’en faire état ici tant le facteur "panique" est à proscrire et la marge d’erreur importante.
C’est la raison pour laquelle, je ne me hasarderai pas à aligner des chiffres qui sont non seulement peu fiables, mais bien souvent contradictoires. Ce qui est logique puisque nous nous trouvons pour ainsi dire dans la situation d’une équation à inconnues multiples.
Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de grandes lignes de force se dessinent, comme le fait qu’il n’existe pour l’instant aucun traitement ni vaccin spécifiques conduit à une morbidité d’environ 70% des cas avérés. Ce phénomène est aggravé par les conséquences des guerres civiles qui ont ravagé le Liberia et la Sierra Leone, à savoir l’effondrement des infrastructures sanitaires, l’insécurité et la précarité. Cette situation nuit gravement à l’isolement des malades qui est une condition sine qua non à la régression de l’épidémie.
Les activités économiques de ces trois pays sont réduites à leur plus simple expression, entrainant des pénuries alimentaires graves qui menacent elles aussi la vie des habitants "sains".
Au plan macroéconomique, les perspectives de croissance ont été revues à la baisse pour 2014 et 2015: la Banque Mondiale estime le recul du PIB de la Guinée à 2.1%, celui de la Sierra Leone à 3.3% et celui du Liberia à 3.4%.
Face à cette calamité, deux écoles principales s’opposent: la première consiste à considérer que la panique ne doit pas l’emporter sur la raison, qu’il ne faut pas "stigmatiser l’Afrique et les Africains" (ce que personne n’envisage) et qu’il faut éviter d’isoler des pays entiers car cela serait préjudiciable au développement. Cette thèse est souvent véhiculée par les milieux d’affaires (mais pas seulement), pour des raisons évidentes et économiquement compréhensibles. La seconde privilégie la réduction du risque en appliquant le principe de précaution de manière intelligente, sans stigmatisation, mais avec rigueur.
C’est le choix judicieux qu’ont fait les autorités burkinabè en prenant les précautions sanitaires qui s’imposent, en annulant ou en repoussant un certain nombre d’évènements qui devaient se dérouler au "Pays des Hommes Intègres": SIAO, SITHO, Tour du Faso, Sommet de l’UA sur "Emploi, l’éradication de la pauvreté sur le développement inclusif"… Même la tenue du FESPACO prévu pour le début 2015 n’est pour l’instant pas confirmée.
Et pourtant, aucun cas n’a jusqu’à présent été répertorié au Burkina et ce pays n’a pas de frontière avec les trois États actuellement touchés.
Gageons que cette politique de sagesse aura l’effet escompté et que le Burkina sortira indemne de cette situation sanitaire régionale critique.
Marc Aicardi de Saint-Paul
Docteur d’État en Droit - Docteur es Lettres
Chevalier de l’Ordre National
Consul du Burkina Faso à Nice
C’est la raison pour laquelle, je ne me hasarderai pas à aligner des chiffres qui sont non seulement peu fiables, mais bien souvent contradictoires. Ce qui est logique puisque nous nous trouvons pour ainsi dire dans la situation d’une équation à inconnues multiples.
Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de grandes lignes de force se dessinent, comme le fait qu’il n’existe pour l’instant aucun traitement ni vaccin spécifiques conduit à une morbidité d’environ 70% des cas avérés. Ce phénomène est aggravé par les conséquences des guerres civiles qui ont ravagé le Liberia et la Sierra Leone, à savoir l’effondrement des infrastructures sanitaires, l’insécurité et la précarité. Cette situation nuit gravement à l’isolement des malades qui est une condition sine qua non à la régression de l’épidémie.
Les activités économiques de ces trois pays sont réduites à leur plus simple expression, entrainant des pénuries alimentaires graves qui menacent elles aussi la vie des habitants "sains".
Au plan macroéconomique, les perspectives de croissance ont été revues à la baisse pour 2014 et 2015: la Banque Mondiale estime le recul du PIB de la Guinée à 2.1%, celui de la Sierra Leone à 3.3% et celui du Liberia à 3.4%.
Face à cette calamité, deux écoles principales s’opposent: la première consiste à considérer que la panique ne doit pas l’emporter sur la raison, qu’il ne faut pas "stigmatiser l’Afrique et les Africains" (ce que personne n’envisage) et qu’il faut éviter d’isoler des pays entiers car cela serait préjudiciable au développement. Cette thèse est souvent véhiculée par les milieux d’affaires (mais pas seulement), pour des raisons évidentes et économiquement compréhensibles. La seconde privilégie la réduction du risque en appliquant le principe de précaution de manière intelligente, sans stigmatisation, mais avec rigueur.
C’est le choix judicieux qu’ont fait les autorités burkinabè en prenant les précautions sanitaires qui s’imposent, en annulant ou en repoussant un certain nombre d’évènements qui devaient se dérouler au "Pays des Hommes Intègres": SIAO, SITHO, Tour du Faso, Sommet de l’UA sur "Emploi, l’éradication de la pauvreté sur le développement inclusif"… Même la tenue du FESPACO prévu pour le début 2015 n’est pour l’instant pas confirmée.
Et pourtant, aucun cas n’a jusqu’à présent été répertorié au Burkina et ce pays n’a pas de frontière avec les trois États actuellement touchés.
Gageons que cette politique de sagesse aura l’effet escompté et que le Burkina sortira indemne de cette situation sanitaire régionale critique.
Marc Aicardi de Saint-Paul
Docteur d’État en Droit - Docteur es Lettres
Chevalier de l’Ordre National
Consul du Burkina Faso à Nice