"Tous ceux qui détestaient Barack Obama n’auraient pas pu choisir un candidat plus parfait"
Donald Trump. Photo (c) Gage Skidmore
Avec un peu de distance maintenant comment expliquez-vous la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de novembre 2016?
Malheureusement, même après un an, il n’y a toujours pas de véritable explication pour ce qui s’est passé. Tout d'abord il faut préciser qu’Hillary Clinton a remporté le vote populaire. Nous avons un système électoral qui a de sérieux défauts et qui ne reconnaît pas la voix du peuple.
Mais cela n’explique pas tout le problème. Hillary Clinton n’est quand même pas devenue présidente et beaucoup d’Américains ont voté pour Donald Trump. Avec un an de recul, on peut voir plus clairement qu'il y avait beaucoup de haine contre Hillary Clinton. Les démocrates auraient eu plus de chances de remporter la présidentielle si Joe Biden ou Bernie Sanders avait été le candidat.
Il y a encore beaucoup de misogynie aux États-Unis et un grand nombre de démocrates ne voulaient pas soutenir Hillary Clinton. Il y avait aussi beaucoup de fausse propagande sur Hillary Clinton et Barack Obama, la pizzeria, par exemple, qui était soi-disant un endroit où Clinton et Obama tenaient un cercle de pédophiles, c'est un exemple extrême mais beaucoup de gens et de média l’ont cru ou au moins partagé. Ou Breitbart qui faisait circuler des mensonges sur Hillary Clinton, motivés par un sentiment sexiste. Ces rumeurs ont causé pas mal de dégâts. Je me demande aussi si après huit ans avec Barack Obama - durant lesquels certaines classes, surtout les plus défavorisées, n'ont pas connu de réelle amélioration dans leur vie quotidienne -, il n'y a pas eu un sentiment d'impuissance et de désengagement de la part des démocrates, puisqu'un grand nombre d'entre eux ne sont pas allés voter. Donald Trump a évidemment profité de ces divisions internes et a su les utiliser à son avantage.
En général, personne ne pensait que Donald Trump allait gagner. Avec tous les scandales et les atrocités qui ont été révélés avant les élections, on ne pensait pas que c’était possible. Mais on sait maintenant qu’il y a une partie de la population qui voit en Donald Trump un homme pas comme les autres politiciens, un homme qui sait faire avancer les choses et qui va être leur voix au sein du gouvernement. Pour ces gens, et on le voit après chaque nouveau scandale, Donald Trump aura toujours raison. Certains le disent même, ils le soutiendront quoiqu’il arrive.
La victoire de Donald Trump montre-t-elle un fossé entre plusieurs Amériques?
Je ne crois pas qu'il y ait plusieurs Amériques. La presse nous ferait croire que si, mais la réalité est qu'il y a toujours eu des opinions très diverses aux États-Unis sur tous les sujets. La guerre civile est finie depuis bien longtemps mais le sud et le nord sont encore en désaccord sur la manière de traiter les immigrés, les femmes, l'éducation, l'accès aux soins médicaux, etc. Ça a toujours été comme ça.
La différence maintenant est que la manière dont nos politiciens s'expriment et traitent les membres de partis opposés aux leurs, a changé. Même Hillary Clinton est coupable de traiter les supporters de Donald Trump de "déplorables". Cette manière de traiter les autres n'a pas commencé avec Donald Trump. Dans mon souvenir ça a commencé avec la guerre en Irak, après le 11 septembre. Avant ce moment-là les disputes et les désaccords restaient plus ou moins civils, au moins en apparence. Ce qui a changé et ce qui a inspiré une haine ouverte entre les démocrates et les républicains a été la légitimité de la guerre. Les démocrates ont bien vu que la guerre n'était pas nécessaire et les républicains n'ont pas voulu le reconnaître.
Ces conflits ont trouvé une plateforme puissante avec l'usage de plus en plus répandu d'internet et les mensonges, insultes, accusations, etc, ont trouvé un public de plus en plus grand. Pour revenir à la question, il faut voir que Donald Trump est l'opposé exact de Barack Obama. Tous ceux qui détestaient Barack Obama n’auraient pas pu choisir un candidat plus parfait. Il est blanc, riche, raciste, sexiste, etc. La haine qui a existé pendant les huit ans de la présidence de Barack Obama a trouvé un visage.
Malheureusement, même après un an, il n’y a toujours pas de véritable explication pour ce qui s’est passé. Tout d'abord il faut préciser qu’Hillary Clinton a remporté le vote populaire. Nous avons un système électoral qui a de sérieux défauts et qui ne reconnaît pas la voix du peuple.
Mais cela n’explique pas tout le problème. Hillary Clinton n’est quand même pas devenue présidente et beaucoup d’Américains ont voté pour Donald Trump. Avec un an de recul, on peut voir plus clairement qu'il y avait beaucoup de haine contre Hillary Clinton. Les démocrates auraient eu plus de chances de remporter la présidentielle si Joe Biden ou Bernie Sanders avait été le candidat.
Il y a encore beaucoup de misogynie aux États-Unis et un grand nombre de démocrates ne voulaient pas soutenir Hillary Clinton. Il y avait aussi beaucoup de fausse propagande sur Hillary Clinton et Barack Obama, la pizzeria, par exemple, qui était soi-disant un endroit où Clinton et Obama tenaient un cercle de pédophiles, c'est un exemple extrême mais beaucoup de gens et de média l’ont cru ou au moins partagé. Ou Breitbart qui faisait circuler des mensonges sur Hillary Clinton, motivés par un sentiment sexiste. Ces rumeurs ont causé pas mal de dégâts. Je me demande aussi si après huit ans avec Barack Obama - durant lesquels certaines classes, surtout les plus défavorisées, n'ont pas connu de réelle amélioration dans leur vie quotidienne -, il n'y a pas eu un sentiment d'impuissance et de désengagement de la part des démocrates, puisqu'un grand nombre d'entre eux ne sont pas allés voter. Donald Trump a évidemment profité de ces divisions internes et a su les utiliser à son avantage.
En général, personne ne pensait que Donald Trump allait gagner. Avec tous les scandales et les atrocités qui ont été révélés avant les élections, on ne pensait pas que c’était possible. Mais on sait maintenant qu’il y a une partie de la population qui voit en Donald Trump un homme pas comme les autres politiciens, un homme qui sait faire avancer les choses et qui va être leur voix au sein du gouvernement. Pour ces gens, et on le voit après chaque nouveau scandale, Donald Trump aura toujours raison. Certains le disent même, ils le soutiendront quoiqu’il arrive.
La victoire de Donald Trump montre-t-elle un fossé entre plusieurs Amériques?
Je ne crois pas qu'il y ait plusieurs Amériques. La presse nous ferait croire que si, mais la réalité est qu'il y a toujours eu des opinions très diverses aux États-Unis sur tous les sujets. La guerre civile est finie depuis bien longtemps mais le sud et le nord sont encore en désaccord sur la manière de traiter les immigrés, les femmes, l'éducation, l'accès aux soins médicaux, etc. Ça a toujours été comme ça.
La différence maintenant est que la manière dont nos politiciens s'expriment et traitent les membres de partis opposés aux leurs, a changé. Même Hillary Clinton est coupable de traiter les supporters de Donald Trump de "déplorables". Cette manière de traiter les autres n'a pas commencé avec Donald Trump. Dans mon souvenir ça a commencé avec la guerre en Irak, après le 11 septembre. Avant ce moment-là les disputes et les désaccords restaient plus ou moins civils, au moins en apparence. Ce qui a changé et ce qui a inspiré une haine ouverte entre les démocrates et les républicains a été la légitimité de la guerre. Les démocrates ont bien vu que la guerre n'était pas nécessaire et les républicains n'ont pas voulu le reconnaître.
Ces conflits ont trouvé une plateforme puissante avec l'usage de plus en plus répandu d'internet et les mensonges, insultes, accusations, etc, ont trouvé un public de plus en plus grand. Pour revenir à la question, il faut voir que Donald Trump est l'opposé exact de Barack Obama. Tous ceux qui détestaient Barack Obama n’auraient pas pu choisir un candidat plus parfait. Il est blanc, riche, raciste, sexiste, etc. La haine qui a existé pendant les huit ans de la présidence de Barack Obama a trouvé un visage.