Doit-on régulariser les drogues pour mieux contrôler?


Par PR Rédigé le 13/07/2018 (dernière modification le 12/07/2018)

C'était une promesse de campagne de Justin Trudeau: légaliser le cannabis. Aujourd'hui, la date est fixée. A partir du 17 octobre 2018, la consommation de marijuana à des fins récréatives sera autorisée au Canada. Une décision qui a été guidée par de nombreux arguments, également défendus par une grande communauté en France. Alors, devrait-on suivre l'exemple canadien? Si oui, cette politique pourrait-elle un jour s'élargir à d'autres drogues plus dangereuses? Christian Ben Lakdhar, économiste spécialisé dans la santé et les drogues, nous livre son analyse.


La répression, une politique qui a prouvé son inefficacité

Manifestation pour la légalisation du cannabis à Vancouver. Photo (c) Jeremiah Vandermeer

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Christian Ben Lakdhar aime le répéter, il est économiste. C'est au regard des chiffres qu'il s'exprime.

En observant l'évolution du prix des drogues à la vente, on constate que la demande augmente d'année en année, malgré une augmentation des contrôles policiers. La consommation de cocaïne, en particulier, a triplé en France depuis le début des années 2000.

A quoi sert donc la répression? Selon plusieurs sondages, les interpellations et les condamnations touchent principalement des communautés vulnérables. La police se dirige en premier lieu vers les Maghrébins, les Noirs et les pauvres lors des contrôles. Selon les estimations, ils seraient pourtant loin d'être représentatifs de la majorité des trafiquants et des consommateurs. Les têtes de réseaux, pendant ce temps, sont rarement inquiétées. Les trafics prospèrent, alors que la répression est coûteuse pour l’État.

De plus, en consommant dans le secret par peur d'être condamnées, certaines personnes se retrouvent isolées dans leur addiction et n'ont pas accès à l'accompagnement donc elles auraient besoin.


Doit-on suivre l'exemple nord-américain au sujet du cannabis?

Au sujet des États-Unis, Ben Lakdhar répond d'emblée non. Dans l’État du Colorado, où la consommation de cannabis à usage récréatif est légale depuis quatre ans, des publicités massives encouragent à la consommation sans retenue. Des nouveaux produits sont créés, dérivés du cannabis mais plus dangereux, comme la wax qui contient autour de 80% de THC...

Par rapport au Canada, son point de vue est plus nuancé: "A voir ce que ça donne... Ce qui importe, c'est le respect des libertés individuelles et de la santé, le Canada est bon pour ça. C'est un bon exemple en terme de santé publique, ils ont beaucoup d'infrastructures."

Encadrer et éduquer pour réduire les risques

"On a des outils de réduction des risques pour la consommation de drogues..." Plusieurs associations en France et ailleurs savent très bien gérer les addictions et sensibiliser aux dangers des drogues. Elles opèrent sur le terrain depuis longtemps, distribuant prospectus informatifs, seringues propres, roule-ta-paille, etc. Leurs objectifs: éviter la propagation de maladies et identifier les usagers qui ont besoin de soins. Leur rôle est crucial mais leur travail est rendu difficile par l'illégalité du cadre dans lequel elles évoluent.

"Lorsqu'on me demande s'il y aurait plus de consommateurs si on légalisait des drogues, je réponds oui. Il y aurait certainement plus de consommateurs, mais ils consommeraient avec plus de sécurité. Au final, ce serait moins coûteux pour la santé publique".







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