Alain Belhassen (photo courtoisie)
Convivial, institutionnel, "juif et républicain en même temps", le dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, Section Sud Est présidée par Alain Belhassen, demeure l’un de ces moments où la Communauté juive de la région PACA échange librement réflexions et critiques avec les représentants de l’Etat. Organisé cette année dans les salons du Palais de la Méditerranée, l’événement réunissait dimanche 28 novembre tout ce que la "République" et "l’Etat décentralisé" comptent d’officiels : le Préfet des Alpes-Maritimes Francis Lamy a ainsi rappelé la complète "disponibilité de l’Etat" et la mobilisation des "services de renseignement" à "lutter contre l’antisémitisme et tout extrémisme radical". Un "combat à portée universelle", a-t-il précisé. Et "même si l’on note une diminution en 2010 des actes antisémites, chacun d’entre eux reste, selon lui, intolérable".
Patrick Allemand a pris la parole pour le Président du Conseil régional Michel Vauzelle en développant une réflexion teintée de laïcité et articulée autour "du dialogue, de la mémoire, de la vigilance et de l’avenir", tout en rappelant "qu’à chaque fois qu’une famille juive déménage en raison des menaces qui pèsent sur sa sécurité, c’est l’Etat qui perd et la République qui recule". Formulant une nette condamnation des appels à boycotter les produits israéliens, l’élu socialiste a souhaité que se mette en place une "République laïque des citoyens qui rassemble la richesse des communautés". Plaçant son intervention sous le signe de la Mémoire des Justes, Eric Ciotti a, quant à lui, surtout mentionné la tradition niçoise "du sens des libertés et de l’opposition à toute initiative liberticide", appelant lui aussi à une "vigilance permanente contre l’antisémitisme". Déclinant enfin -non sans une étrange fascination- la légende cabaliste du Golem, cette créature d’argile à la force herculéenne créée par le Maharal de Prague à la fin du XVIème siècle, Christian Estrosi a identifié Israël à "la puissance mêlée de sagesse" se félicitant, pour mémoire, de la contribution de la Communauté juive au rattachement du Comté de Nice à la France dont la ville méditerranéenne célèbre cette année le 150ème anniversaire.
Patrick Allemand a pris la parole pour le Président du Conseil régional Michel Vauzelle en développant une réflexion teintée de laïcité et articulée autour "du dialogue, de la mémoire, de la vigilance et de l’avenir", tout en rappelant "qu’à chaque fois qu’une famille juive déménage en raison des menaces qui pèsent sur sa sécurité, c’est l’Etat qui perd et la République qui recule". Formulant une nette condamnation des appels à boycotter les produits israéliens, l’élu socialiste a souhaité que se mette en place une "République laïque des citoyens qui rassemble la richesse des communautés". Plaçant son intervention sous le signe de la Mémoire des Justes, Eric Ciotti a, quant à lui, surtout mentionné la tradition niçoise "du sens des libertés et de l’opposition à toute initiative liberticide", appelant lui aussi à une "vigilance permanente contre l’antisémitisme". Déclinant enfin -non sans une étrange fascination- la légende cabaliste du Golem, cette créature d’argile à la force herculéenne créée par le Maharal de Prague à la fin du XVIème siècle, Christian Estrosi a identifié Israël à "la puissance mêlée de sagesse" se félicitant, pour mémoire, de la contribution de la Communauté juive au rattachement du Comté de Nice à la France dont la ville méditerranéenne célèbre cette année le 150ème anniversaire.
Jeter le Juif en pâture à la vindicte publique
Richard Prasquier (photo courtoisie)
Si leurs interventions avaient mis l’accent, l’année passée, sur les actes antisémites, les orateurs israéliens ont plutôt insisté lors de cette soirée sur les dangers d’une "délégitimation" de l’Etat hébreu. Une "menace insidieuse" pour Simona Frankel, Consul général d’Israël à Marseille. Des "tensions orchestrées pour jeter à travers Israël le Juif en pâture à la vindicte publique" pour Alain Belhassen. Après une minute de silence en mémoire du premier président de cette institution, Maurice Hönigbaum récemment disparu, le Président du CRIF national a lui aussi dénoncé cette "délégitimation rampante" doublée d’une "inquiétude de faire penser qu’Israël est un Etat de trop". "Il y a un seul Etat au monde dont la légitimité est mise en doute et c’est Israël", a lancé Richard Prasquier avant d’ajouter : il est "inacceptable de faire d’Israël le Juif des nations". La "relation de la communauté juive de France à l’Etat d’Israël demeure", a-t-il par ailleurs expliqué, "un élément constitutif essentiel de notre identité" : une "position rappelée à Mahmoud Abbas", Président de l’Autorité palestinienne rencontré récemment à Paris. "Mettant en garde les sociétés démocratiques auxquelles Israël s’associait par le respect de certaines valeurs et par l’éthique", Richard Prasquier a évoqué un "combat commun contre un danger réel", dont il s’est toutefois abstenu de définir la nature.
C'est quoi être juif?
Marek Halter (photo courtoisie)
Invité d’honneur, l’écrivain Marek Halter a évoqué l’un des thèmes de son dernier livre "Histoires du peuple juif" (Editions Arthaud, 2010) en tentant de répondre, non sans humour, aux trois questions souvent posées : "C’est quoi être Juif ?" , "Pourquoi ils fascinent ? " et "Pourquoi on ne les aime pas ?". A la première d’entre elles, l’écrivain a donné sa version : "tout individu qui se dit Juif est juif" malgré l’avis divergent des religieux et de l’opinion de Jean-Paul Sartre selon lequel "on est juif dans le regard de l’autre", formule destinée à cerner l’antisémitisme. "Les deux explications ne me conviennent pas, a ironisé l’auteur, car elles ne me laissent aucune liberté". Une notion identifiée par Marek Halter à "Moïse, inventeur de la notion de liberté en permettant à trois millions d’individus de quitter l’Egypte" des pharaons. Et de raconter sa rencontre, après son retour volontaire à Moscou, avec le prix Nobel de la paix Andréï Sakharov assimilant "la liberté à une orange", moins dans le fait de pouvoir la déguster que d’en découvrir l’existence jusqu’alors ignorée.
A la deuxième interrogation "Pourquoi les Juifs fascinent ? ", l'écrivain s’est appuyé sur un ouvrage de François-René de Châteaubriand "Itinéraire de Paris à Jérusalem" pour évoquer la surprise de l’aristocrate français qui "découvrait la présence de Juifs à Jérusalem". Les Juifs fascinent, selon l’orateur, par leur "longévité explicable car c’est le seul peuple qui n’a pas de racine dans une terre mais dans un livre". Lorsqu’on le chasse, "il quitte avec son livre et ses racines" : sans doute est-ce la "raison pour laquelle ceux qui avaient voulu exterminer les Juifs avaient commencé par brûler leur livre". Une longévité doublée, selon lui, d’une bipolarité : "celle d’Israël et de la diaspora".
"Pourquoi on ne les aime pas" s’est finalement demandé Marek Halter ? "Tout ce qui est inconnu dérange et fait peur". Des propos faisant écho à ceux d’Alain Belhassen en introduction sur "la responsabilité d’accepter d’être l’autre". "Les Juifs, a conclu l’écrivain d’origine polonaise, ont justifié à l’avance toutes les révolutions " : "être juif induit un système de pensée irréductible au totalitarisme". Son intéressante réflexion aura permis de glisser sur son lapsus portant sur Chateaubriand dont il a fait l’auteur d’un "génie du judaïsme" : on ne prête qu’aux riches !
A la deuxième interrogation "Pourquoi les Juifs fascinent ? ", l'écrivain s’est appuyé sur un ouvrage de François-René de Châteaubriand "Itinéraire de Paris à Jérusalem" pour évoquer la surprise de l’aristocrate français qui "découvrait la présence de Juifs à Jérusalem". Les Juifs fascinent, selon l’orateur, par leur "longévité explicable car c’est le seul peuple qui n’a pas de racine dans une terre mais dans un livre". Lorsqu’on le chasse, "il quitte avec son livre et ses racines" : sans doute est-ce la "raison pour laquelle ceux qui avaient voulu exterminer les Juifs avaient commencé par brûler leur livre". Une longévité doublée, selon lui, d’une bipolarité : "celle d’Israël et de la diaspora".
"Pourquoi on ne les aime pas" s’est finalement demandé Marek Halter ? "Tout ce qui est inconnu dérange et fait peur". Des propos faisant écho à ceux d’Alain Belhassen en introduction sur "la responsabilité d’accepter d’être l’autre". "Les Juifs, a conclu l’écrivain d’origine polonaise, ont justifié à l’avance toutes les révolutions " : "être juif induit un système de pensée irréductible au totalitarisme". Son intéressante réflexion aura permis de glisser sur son lapsus portant sur Chateaubriand dont il a fait l’auteur d’un "génie du judaïsme" : on ne prête qu’aux riches !