Désarroi des victimes de violences sexuelles


Par CV Rédigé le 06/03/2011 (dernière modification le 06/03/2011)

Dans un rapport publié jeudi, le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a de nouveau pointé la situation de "désarroi" des victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC). Le document dépeint une situation d'extrême précarité et de détresse
de ces victimes qui n'ont pas ou peu accès aux soins médicaux et psychologiques ni accès à la justice et à des réparations.


Congo Kivu ils sont venus, ils sont tous là, les éclopés de Rugariphotos (c) André Thiel
Environ 200 000 femmes ont été violées en RDC, au cours des 12 dernières années de conflit, dont au moins 120 depuis le début 2011. Une équipe de haut niveau du HCDH s'est rendu pendant 17 jours en RDC pour tenter de mettre fin à ce fléau. Ils ont consulté directement les victimes de violences sexuelles et les ont entendues exposer leurs problèmes quant aux moyens de recours dont elles disposent et leurs besoins pour reconstruire leurs vies. Ils ont également rencontré des femmes qui suite aux viols ont été affectées par le VIH/Sida et/ou sont tombées enceintes.
Le document est une compilation d'analyses et de témoignages de 61 victimes de violences, allant d'une jeune fille de 13 ans à une grand-mère de 61ans toutes violées. Nommés par la Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, les experts ont mené leur enquête dans trois différentes provinces ainsi que dans la capitale Kinshasa.

"La paix et la sécurité sont vues comme des pré-conditions au retour à une vie normale", expliquent les experts dans un communiqué ajoutant que nombre de victimes ont exprimé une inquiétude sur le fait que qu'elles que soient les réparations dont elles pourraient bénéficier, "tout cela pourrait être détruit de nouveau sans l'instauration de la paix". "La santé et l'éducation ont ensuite été les principales priorités exprimées par les victimes", a indiqué l'équipe. "Elles sont déterminées à envoyer leurs enfants à l'école, même si dans de nombreux cas, elle ne peuvent pas. Celles qui ont contracté le VIH/Sida sont profondément inquiètes sur l'avenir de leurs enfants si elles venaient à mourir. Beaucoup de victimes ont fui leur village. Elles demandent aujourd'hui une réintégration socio-économique", expliquent encore les experts du HCDH.

L'équipe souligne aussi la grande différence de situation entre les victimes vivant en milieu urbain et celles vivant en milieu rural. "Dans les zones isolées, les victimes sont face à un manque crucial d'infrastructure et l'assistance est quasi-inexistante. La plupart des femmes en dehors des villes sont dans l'incapacité de bénéficier de soins médicaux dans les 72 heures après le viol", précise encore l'équipe.

Les victimes ont aussi exprimé leur frustration sur l'impunité des responsables et le manque de justice. Les experts appellent également à "une action immédiate pour que les dommages soient payés". 'Changer la stigmatisation de camp, des victimes aux auteurs des violences, auraient un grand impact sur la capacité des victimes à retrouver leur dignité et à reconstruire leur vie", affirment les experts. "Casser le silence et mobiliser le soutien public pour ces victimes pourrait être la
plus importante des réparations", ont-ils conclu.





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