Représentation du poids dans la société française
Les cinq fruits et légumes conseillés par le PNNS (c) Silviarita, Pixabay
Le surpoids et l’obésité constituent un problème de santé publique important dans de nombreux pays, comme en France qui peuvent avoir des conséquences très lourdes pour la santé. En effet, ils sont à l’origine de diabètes, de maladies cardiovasculaires, de la réduction de l’espérance de vie, etc. En France, les problématiques de surpoids et d’obésité sont préoccupantes. Au regard des statistiques, un Français sur deux est en surpoids (56.8% des hommes, 40% des femmes) et le pourcentage d’obèses a augmenté en 20 ans (8.5% d’obèses en 1997, 15,3% en 2017)*. L’alimentation trop riche des Français, le manque d’activité physique et/ou la précarité des Français sont susceptibles de conduire à une prise de poids excédentaire.
Ce constat révèle deux axes de réflexion majeurs. Le premier, est la normalisation du surpoids dans notre société. Différents calculs basés sur des indices de poids, établissent des gammes de poids auxquelles se référer pour connaître l’existence ou non d’un excès de poids. Par exemple, l’Indice de Masse Corporel (IMC) est indiqué par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant le standard qui permet d’identifier les problèmes de poids. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m². Une personne est ainsi considérée en surpoids lorsque son IMC est égal ou supérieur à 25, et on parle d’obésité lorsque son IMC est égal ou supérieur à 30. Cet indice renseigne donc une gamme de poids de forme en fonction de la taille. Il a l’avantage d’assurer le suivi pondéral d’un patient sur le long terme.
Ses inconvénients principaux sont de ne pas prendre en compte certains paramètres comme la typologie de la personne (morphologie, physiologie, sexe, âge). Le second s’intéresse aux actions de prévention nationales comme le Plan National Nutrition Santé (PNNS) mis en place en 2001 et réactualisé régulièrement. Le Plan obésité (PO) s’articule et complète le PNNS depuis 2010. Les résultats d’enquêtes épidémiologiques sont à l’origine de ces plans de santé publique. L’objectif général du PNNS est l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Le PNNS traite de la nutrition comme déterminant de la santé et défend le principe du "manger, bouger". Il prône le moins de sucre, moins de sel, 5 fruits et légumes par jour etc… La principale limite de ce plan est de conseiller des règles nutritionnelles qui ne peuvent convenir à tout le monde. Aussi, elles sont susceptibles d’entraîner une augmentation de la culpabilisation de la population en cas de déviance à ces principes.
Enfin, il est nécessaire de comprendre les causes multifactorielles de surpoids et d’obésité. Ils peuvent relever de déterminants génétique, physiologique, de difficultés psychologique et/ou socio-économique. L’IMC et le PNNS établissent des normes pour la population entière sans distinction individuelle. En considérant à tort l’IMC comme diagnostic ou en se conformant aux règles établies par le PNNS alors qu’elles ne nous correspondent pas sont susceptibles de conduire à des dérives.
Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation, rappel dans une interview donnée par Maggy Bieulac-Scott** que le phénomène de l’obésité s’inscrit dans la transformation des imaginaires sociaux (désir de minceur des sociétés modernes, culpabilités des Occidentaux dans leur rapport alimentaire Nord-Sud) et les stratégies des décisions publiques (politisation de l’alimentation à travers l’importance de la santé publique et judiciarisation). Il considère que la dramatisation de l’obésité peut conduire au développement de l’anxiété alimentaire de la population. Le risque ? La normalisation de la minceur et la stigmatisation du surpoids et/ou de l'obésité risquent d'entrainer certaines dérives des conduites alimentaires au niveau individuel. La déviance à la norme du comportement alimentaire s'accompagne souvent d'une détérioration de l'image de Soi. L'individu est susceptible alors de s'exposer à une prise de poids.
* chiffres provenant de l'OCDE
** Interview Jean-Pierre Poulain
Ce constat révèle deux axes de réflexion majeurs. Le premier, est la normalisation du surpoids dans notre société. Différents calculs basés sur des indices de poids, établissent des gammes de poids auxquelles se référer pour connaître l’existence ou non d’un excès de poids. Par exemple, l’Indice de Masse Corporel (IMC) est indiqué par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant le standard qui permet d’identifier les problèmes de poids. Il correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m². Une personne est ainsi considérée en surpoids lorsque son IMC est égal ou supérieur à 25, et on parle d’obésité lorsque son IMC est égal ou supérieur à 30. Cet indice renseigne donc une gamme de poids de forme en fonction de la taille. Il a l’avantage d’assurer le suivi pondéral d’un patient sur le long terme.
Ses inconvénients principaux sont de ne pas prendre en compte certains paramètres comme la typologie de la personne (morphologie, physiologie, sexe, âge). Le second s’intéresse aux actions de prévention nationales comme le Plan National Nutrition Santé (PNNS) mis en place en 2001 et réactualisé régulièrement. Le Plan obésité (PO) s’articule et complète le PNNS depuis 2010. Les résultats d’enquêtes épidémiologiques sont à l’origine de ces plans de santé publique. L’objectif général du PNNS est l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition. Le PNNS traite de la nutrition comme déterminant de la santé et défend le principe du "manger, bouger". Il prône le moins de sucre, moins de sel, 5 fruits et légumes par jour etc… La principale limite de ce plan est de conseiller des règles nutritionnelles qui ne peuvent convenir à tout le monde. Aussi, elles sont susceptibles d’entraîner une augmentation de la culpabilisation de la population en cas de déviance à ces principes.
Enfin, il est nécessaire de comprendre les causes multifactorielles de surpoids et d’obésité. Ils peuvent relever de déterminants génétique, physiologique, de difficultés psychologique et/ou socio-économique. L’IMC et le PNNS établissent des normes pour la population entière sans distinction individuelle. En considérant à tort l’IMC comme diagnostic ou en se conformant aux règles établies par le PNNS alors qu’elles ne nous correspondent pas sont susceptibles de conduire à des dérives.
Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation, rappel dans une interview donnée par Maggy Bieulac-Scott** que le phénomène de l’obésité s’inscrit dans la transformation des imaginaires sociaux (désir de minceur des sociétés modernes, culpabilités des Occidentaux dans leur rapport alimentaire Nord-Sud) et les stratégies des décisions publiques (politisation de l’alimentation à travers l’importance de la santé publique et judiciarisation). Il considère que la dramatisation de l’obésité peut conduire au développement de l’anxiété alimentaire de la population. Le risque ? La normalisation de la minceur et la stigmatisation du surpoids et/ou de l'obésité risquent d'entrainer certaines dérives des conduites alimentaires au niveau individuel. La déviance à la norme du comportement alimentaire s'accompagne souvent d'une détérioration de l'image de Soi. L'individu est susceptible alors de s'exposer à une prise de poids.
* chiffres provenant de l'OCDE
** Interview Jean-Pierre Poulain
La problématique du surpoids et du mal-être au niveau individuel
L'appréhension du poids pour les personnes au régime (c) Michal Jarmoluk, Pixabay
Le surpoids représente un réel problème pour celui qui le vit. Il peut être source d’une profonde souffrance, quand il ne s’agit pas de facteurs de risque pour la santé. Le mal-être physique, les sensations désagréables du corps, la pression sur le corps de notre société depuis le XXè siècle, sont susceptibles d’engendrer la non-acceptation de soi.
La limite du poids de forme idéal peut être imposée soit arbitrairement à soi-même, par son propre mental ou par son entourage, soit par le corps médical pour améliorer son bilan de santé. Quoi qu’il en soit dans les deux cas, c’est le Soi physique et psychique qui sont désorientés par cette pression constante sur le poids. L’image de Soi devenant dérangeante, peut parfois aller jusqu’à la honte de Soi. Alors les gestes les plus élémentaires à la survie de la personne complexée vont être de cacher ce ventre trop mou, ces poignées d’amour trop flasques, ces cuisses trop opulentes pour être vus. Comment vivre avec cette douleur qui fait partie intégrante de son corps ? Comment ne pas le rejeter et l’accepter ?
Une solution idéale apparaît alors, faire un régime. Oui, maigrir, c’est-à-dire perdre du poids sonne comme une évidence… à l’oreille d’un sourd. Tel un leurre, l’objectif du poids parfait détourne le mental de la principale nécessité pour Soi : être bien dans sa peau. Le mental souhaite faire ce régime, mais le corps s’y refuse. Les restrictions alimentaires pleuvent. Les efforts sont payants. Les kilos sont perdus. Vite. Mais le corps est stressé. Alors combien de temps va durer cette perte de poids ? Après une perte de poids hors-pair et rapide grâce au remaniement de son mode alimentaire ? Et de ses habitudes de vie, les "vieux démons" de la personne au régime reviennent au galop, surtout en période creuse (fatigue intense, stress au travail etc…). Cette mousse au chocolat qu’elle aimait tant, elle va s’en faire un saladier… Tant pis, ce soir n’est pas son soir. Le lendemain, elle regrette et se morfond. Puis de fil en aiguille, pour contrer sa frustration, elle va dévaliser les rayons des aliments qu’elle adorait. "Foutu pour foutu…". Ainsi, elle reprendra 15 kg. Elle en avait perdu 10 …
La spirale du fameux effet "yo-yo" est lancée. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une entrée directe pour les T.C.A. "Troubles du Comportement Alimentaires". Perdre du poids via un régime n’est donc pas une mince affaire. Les personnes ayant suivies des régimes multiples peuvent être dans un état de détresse psychique lié à la multiplication des échecs de perte de poids. La culpabilité et la perte de confiance en leurs propres ressources, suite aux régimes multiples deviennent alors prépondérantes chez eux.
La limite du poids de forme idéal peut être imposée soit arbitrairement à soi-même, par son propre mental ou par son entourage, soit par le corps médical pour améliorer son bilan de santé. Quoi qu’il en soit dans les deux cas, c’est le Soi physique et psychique qui sont désorientés par cette pression constante sur le poids. L’image de Soi devenant dérangeante, peut parfois aller jusqu’à la honte de Soi. Alors les gestes les plus élémentaires à la survie de la personne complexée vont être de cacher ce ventre trop mou, ces poignées d’amour trop flasques, ces cuisses trop opulentes pour être vus. Comment vivre avec cette douleur qui fait partie intégrante de son corps ? Comment ne pas le rejeter et l’accepter ?
Une solution idéale apparaît alors, faire un régime. Oui, maigrir, c’est-à-dire perdre du poids sonne comme une évidence… à l’oreille d’un sourd. Tel un leurre, l’objectif du poids parfait détourne le mental de la principale nécessité pour Soi : être bien dans sa peau. Le mental souhaite faire ce régime, mais le corps s’y refuse. Les restrictions alimentaires pleuvent. Les efforts sont payants. Les kilos sont perdus. Vite. Mais le corps est stressé. Alors combien de temps va durer cette perte de poids ? Après une perte de poids hors-pair et rapide grâce au remaniement de son mode alimentaire ? Et de ses habitudes de vie, les "vieux démons" de la personne au régime reviennent au galop, surtout en période creuse (fatigue intense, stress au travail etc…). Cette mousse au chocolat qu’elle aimait tant, elle va s’en faire un saladier… Tant pis, ce soir n’est pas son soir. Le lendemain, elle regrette et se morfond. Puis de fil en aiguille, pour contrer sa frustration, elle va dévaliser les rayons des aliments qu’elle adorait. "Foutu pour foutu…". Ainsi, elle reprendra 15 kg. Elle en avait perdu 10 …
La spirale du fameux effet "yo-yo" est lancée. Lorsqu’il ne s’agit pas d’une entrée directe pour les T.C.A. "Troubles du Comportement Alimentaires". Perdre du poids via un régime n’est donc pas une mince affaire. Les personnes ayant suivies des régimes multiples peuvent être dans un état de détresse psychique lié à la multiplication des échecs de perte de poids. La culpabilité et la perte de confiance en leurs propres ressources, suite aux régimes multiples deviennent alors prépondérantes chez eux.
Les régimes, une solution ?
Quand régime rime avec restriction (c) Steeve Buissine, Pixabay
Au cours de leur vie, 44 % des Français ont déjà suivi un régime amaigrissant avec la perte de poids comme objectif*. La notion de perte de poids est aujourd’hui appréhendée via le prisme de la diététique classique uniquement, souvent associé par le mental à de la restriction et du déplaisir. Les quantités et la nature des aliments ainsi que le nombre de repas par jour imposés sont souvent mal vécu par les personnes qui suivent un régime.
Le risque majeur des personnes au régime est alors de perdre le plaisir de manger ayant, en se nourrissant, comme seul objectif: la perte de poids. Puis, la culpabilité que ce poids fixé, souvent théorique, est impossible à atteindre engendre une mésestime de soi. Alors s’enclenche une spirale infernale de suralimentation, avec alternance de périodes de restriction et de craquages (restriction cognitive). Les difficultés de vie peuvent augmenter la prise de poids chez ces personnes. Les régimes ne paraissent donc pas une solution miracle pour, durablement, perdre du poids.
Alors comment se débarrasser de ses "démons alimentaires" ? Comment ne pas culpabiliser à chaque bouchée ? Comment mettre en pratique une solution simple, efficace et respectueuse de chaque personne, et de leur typologie (physiologie, morphologie, philosophie alimentaire etc...), pour perdre du poids ? Affaire à suivre.
*Etude IPSOS Les Français, leur poids, et leurs expériences des régimes, 2015
Le risque majeur des personnes au régime est alors de perdre le plaisir de manger ayant, en se nourrissant, comme seul objectif: la perte de poids. Puis, la culpabilité que ce poids fixé, souvent théorique, est impossible à atteindre engendre une mésestime de soi. Alors s’enclenche une spirale infernale de suralimentation, avec alternance de périodes de restriction et de craquages (restriction cognitive). Les difficultés de vie peuvent augmenter la prise de poids chez ces personnes. Les régimes ne paraissent donc pas une solution miracle pour, durablement, perdre du poids.
Alors comment se débarrasser de ses "démons alimentaires" ? Comment ne pas culpabiliser à chaque bouchée ? Comment mettre en pratique une solution simple, efficace et respectueuse de chaque personne, et de leur typologie (physiologie, morphologie, philosophie alimentaire etc...), pour perdre du poids ? Affaire à suivre.
*Etude IPSOS Les Français, leur poids, et leurs expériences des régimes, 2015