Des plateaux de mode à la photographie d’intérieur
Portrait de la photographe Valérie Servant. Photo © Valérie Servant
Dans une autre vie, elle était directrice de casting à Paris. On lui doit, entre autres, quelques shooting pour Vogue. Parmi ses commanditaires, des créateurs tels que Martin Margiela. Mais ça, c’était avant ! Lassée des plateaux de mode, elle a pris son indépendance, et s’est envolée de Paris pour poser ses valises dans le Sud-Ouest. C’est là qu’elle s’est installée, à son compte, pour créer sa propre agence de photos. Valérie Servant, photographe professionnelle, et indépendante, travaille désormais essentiellement sur commande pour des particuliers. Ses clients : Des propriétaires de maisons d’hôtes de prestige, des architectes, ou encore des chefs étoilés. Sa spécialité : les intérieurs, les belles demeures, et leur ambiance mais aussi la photographie culinaire. Un travail qu’elle réalise sur commande, et où elle exprime sa fibre artistique. Une activité prenante qui lui laisse peu de temps pour une pratique plus personnelle. "Il est assez difficile de vivre de la photographie dite artistique, ou fine art. La grande majorité de mon travail est donc consacré à la photographie de commande".
"Le confinement est venu libérer ma pratique artistique"
Le 17 mars dernier, tout s’est arrêté. Les hôtels et restaurants ont fermé leurs portes, les commerces baissés leur rideau. "Tous confinés, mes clients n’ont plus d’activité. Les shootings se sont arrêtés, je ne peux plus poursuivre mon activité". Mais l’effet de sidération passé, le confinement est venu comme une pause méditative, pour ouvrir un autre champ des possibles à cette artiste.
Refusant de se laisser abattre Valérie Servant, tente d’abord de mettre à profit ce temps du confinement pour s’occuper de l’aspect marketing de son travail.
Son horizon réduit, sa maison lui apparaît alors comme une boite. Pourtant loin de l’angoisser cette sensation devient peu à peu réconfortante pour la photographe. Elle commence à s’interroger. Vient alors un questionnement intérieur sur le temps et les rythmes de la nature. "On a l’impression d’être dans une boite, mais qu’est-ce qu’on met dans une boite. Le cerveau est dans une boite. A t-on besoin d’être dehors pour vivre ?" Valérie Servant se refuse à subir son confinement. C'est alors que la pratique de l’Ikebana est venue faire écho à ses observations : "Dans l’Ikebana japonais il s’agit de montrer la nature et de faire vivre le bouquet de fleur le plus longtemps possible. En fait le confinement est venu libérer ma pratique artistique".
Refusant de se laisser abattre Valérie Servant, tente d’abord de mettre à profit ce temps du confinement pour s’occuper de l’aspect marketing de son travail.
Son horizon réduit, sa maison lui apparaît alors comme une boite. Pourtant loin de l’angoisser cette sensation devient peu à peu réconfortante pour la photographe. Elle commence à s’interroger. Vient alors un questionnement intérieur sur le temps et les rythmes de la nature. "On a l’impression d’être dans une boite, mais qu’est-ce qu’on met dans une boite. Le cerveau est dans une boite. A t-on besoin d’être dehors pour vivre ?" Valérie Servant se refuse à subir son confinement. C'est alors que la pratique de l’Ikebana est venue faire écho à ses observations : "Dans l’Ikebana japonais il s’agit de montrer la nature et de faire vivre le bouquet de fleur le plus longtemps possible. En fait le confinement est venu libérer ma pratique artistique".
Ikebana : "Eclore à l’intérieur du confinement"
L’oeil rivé sur sa fenêtre elle observe la nature éclore. Les arbres dehors sont en fleurs. Elle réalise alors que si le temps semble s’être arrêté pour les êtres humains, dans la nature il suit son cours : "C’est nous et nos vies qui donnons un autre rythme au temps et à la nature. J’ai réalisé à quel point on peut avoir une vision déformée du temps". Ces divagations lui inspirent alors une série, Ikebana, qui interroge notre rapport au temps et se veut également une vision introspective du confinement. L’intérieur de la photographe, est certes un lieu clos mais pas une prison. Il devient pour elle un cocon protecteur dans lequel elle peut éclore. Reflet de son humeur syntone, les différents clichés de la série montrent les différentes phases par lesquelles elle passe durant son confinement. De l’inquiétude à l’enthousiasme en passant par le doute, elle vibre en harmonie avec son environnement naturel : "Le tableau de cette nature en floraison fait écho à mes réflexions". Le résultat : une série de clichés où l’on voit évoluer une branche d'arbre en fleur. Avec une mise en scène épurée, et des couleurs très douces. La blancheur apaisante d’une branche de fleurs contraste avec un fond noir. Le bourgeon représente l’avenir, la fleur évoque l’épanouissement, le lichen est une référence au passé. C’est ainsi que Valérie Servant s’est appropriée les codes de l’Ikebana pour nous restituer une autre vision du confinement. Une vision loin des visages masqués et des images de rues désertées, devant lesquelles nos esprits saturent. Dans l’oeil de Valérie Servant, le confinement est devenu renaissance.
Du déconfinement intérieur à la liberté retrouvée
Rencontre téléphonique avec Valérie Servant : lecture du texte Ikebana, écrit par la photographe en regard de sa série photos, puis entretien avec l'artiste qui nous parle de son expérience.