D’interminables contentieux pour non paiement !


Par Rédigé le 05/09/2010 (dernière modification le 05/09/2010)

La cherté des loyers à Dakar donne lieu souvent à des contentieux entre les agences immobilières ou propriétaires et locataires. Ceux-ci finissent parfois devant le tribunal. Et pour cause ! Les locataires ne supportent plus le coût élevé des loyers. L’ampleur des contentieux témoigne de la détérioration de la qualité des relations entre loueurs et locataires.


Aujourd’hui, il ne se passe pas de semaine où le bloc des Madeleines (tribunal) de Dakar ne rend de verdict portant sur une affaire de ce genre. Le fait inédit qu’on ne saurait taire est la comparution des étudiants de la région de Tambacounda. En effet, pour 600 000 f cfa d’arriérés de loyers, ils sont appelés à la barre du tribunal régional de Dakar. Cette affaire qui remonte au mois de février dernier n’aurait pas connu cette tournure malheureuse si le Président du Conseil régional de Tamba avait respecté des engagements pris devant ces derniers. Selon, Made Dramé Président de l’amicale des étudiants ressortissants de Tambacounda, l’édile régional avait promis de prendre en charge totalement un appartement dans lequel habitait une vingtaine d’étudiantes tambacoundois. "Depuis lors, il est resté dans le dilatoire. Nous avons même essayé de joindre le ministre Khoureychi Thiam en vain" nous a-t-il confié.
Les exemples sont très ainsi très nombreux. Au niveau des agences immobilières, c’est le même malaise. Si ce n’est pas une procédure de mise en demeure qui est enclenchée, c’est une décision d’expulsion que s’apprête à exécuter un huissier.

Des chiffres effarants

Il ne se passe pas de semaine où il n’est pas procédé à la saisie des biens de personnes incapables de régler leurs arriérés de loyer. Une agence du quartier Colobane qui a requis l’anonymat nous certifie avoir instruit son huissier pour treize cas. Selon elle, sur les 25 appartements et 36 chambres qu’elle gère, il existe un contentieux sur les 7 appartements et 13 chambres.
"Depuis deux années, les litiges se sont multipliés" souligne notre interlocuteur qui estime que "même si certains cas finissent par être réglés dare-dare, d’autres, par contre, atterrissent sur le bureau du procureur".
A Dakar où on compte plus d’une centaine d’agences immobilières la situation est préoccupante. Si l’attrait de la justice ou la saisie par l’huissier est compréhensible, certains locataires dénoncent l’attitude des agences qui pêchent en eaux trouble. "Pour 40 000 f cfa représentant un mois d’impayé, on peut se retrouver avec 20 000f cfa de plus à verser à cause dit-on des honoraires de l’huissier" souligne Khadim habitant de Grand-Dakar. Ce dernier s’est dit convaincu que cette pression n’est pas fortuite. Et d’ajouter "avec l’inflation née de la forte demande, ils n’hésitent pas expulser un locataire et louer le même logis plus cher encore". Ce sentiment, que partagent beaucoup de personnes que nous avons trouvées devant les tableaux des courtiers en train de lire les nouvelles offres, traduit aussi la résignation de personnes n’ayant aucune autre alternative. Une attitude qui fort malheureusement entame l’image des huissiers. Du fait qu’il est plus visible dans les procédures judiciaires de déguerpissement, de vente de meubles saisis ou autres délits, il est vu d’un mauvais œil. Un clerc que nous avons rencontré soutient que "l’huissier se voit dans la peau d’un conseiller social". Selon Me Ndèye Teugue Fall Lo, vice-présidente de l’Ordre national des huissiers du Sénégal "L’huissier n’est pas là pour causer la misère des populations". Et de renchérir : "nous entendons rectifier cette vision caricaturale que les populations ont de nous".
Selon Me Aloïse Ndong, nombre de Sénégalais ignorent leurs droits et obligations en matière de contrat de location. Ce qui constitue une source énorme de problèmes. Du bail à usage d’habitation aux obligations du bailleur et du locataire en passant par la rupture du contrat, la révision du montant du loyer et le recours obligatoire à un huissier, tous ces aspects doivent être connus des usagers pour davantage apaiser ce secteur.
Faut–il souligner que les huissiers mènent déjà un travail de sensibilisation à l’occasion de la journée mondiale qui leur est consacrée. A Dakar après, le centre-ville c’était au tour de la banlieue de les accueillir. Une démarche de proximité qui pourrait contribuer à améliorer la qualité des relations entre locataires et bailleurs.


























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