Concert du monde
Finalement il a fallu quitter Damas, à regret… Mais la dernière soirée était pour le moins originale puisque notre séjour s’est conclu par un concert d’Angélique Kidjo à la citadelle, dernier concert du Festival de World Music dans le cadre de « Damas capitale arabe de la culture 2008 ». Décidément la capitale syrienne bouge et la sémillante béninoise s’en donne à coeur joie sur la scène de la citadelle. Plus loin, là où nous sommes placées, les spectateurs se montrent moins attentifs. Plus occupés à retrouver des amis et à papoter qu’à se plonger dans la musique africaine et métissée de l’infatigable Angélique… c’est amusant d’observer ces jeunes damascènes faire des relations publiques sur fond culturel.
Alep ou l’art du commerce
En route pour Alep, l’insaisissable cité aux souks labyrinthiques. Arrivées plus tard que prévu, on s’empresse de partir pour le souk pour quelques “menus” achats accompagnés du savoureux jus de pêche frais d’un petit vendeur près de la Grande Mosquée, car le lendemain vendredi tout sera fermé ! Les souks d’Alep sont absolument fascinants, il semblerait que rien n’ait bougé depuis des siècles. Dans les faits ils existent depuis le XIIIème siècle, avec ses allées étroites, ses échoppes minuscules chargées de marchandises et ses innombrables khans (caravansérails) qui accueillaient autrefois les caravanes et les marchands sur la route de la soie. Et ce sont justement des soieries qui vont retenir notre attention et quelques milliers de lires syriennes de notre porte-monnaie. Chatoyants et surtout légers, les foulards en soie ont tous les avantages du parfait souvenir à rapporter de ce long voyage. Sans oublier bien sûr quelques fameux savons d’Alep à l’huile d’olive et de laurier. Le lendemain, les souks fermés, on en profite pour visiter les superbes maisons anciennes du quartier chrétien et arménien de Jdeidé, qui abrite également les meilleurs restaurants de la gastronomie alépine. On visite également l’incontournable et monumentale citadelle d’Alep, perchée sur une colline à pente raide qui a dû faire frémir plusieurs générations de croisés. Et puis, déambuler tout de même dans les allées du souk déserté, rideaux tirés, en essayant de deviner où l’on se trouve en respirant les odeurs : tiens par ici les épices, par-là les savons, et puis là une odeur qui soulève le coeur, glurps, c’est la viande et les abats…
Destination Turquie
La station de bus pour la Turquie se trouve toute proche de notre petit hôtel niché au milieu du souk des pneus, ça tombe bien. Hôtel, qui soit dit en passant, offre des chambres où toutes les lampes sont défectueuses et les apathiques membres de son personnel planent tellement qu’ils en oublient de les réparer, ou bien de préparer les petit-déjeuners... Mais une fois dans le bus, on oublie tout cela, on en oublie la Syrie même, ce bus turc est presque vide si ce n’est quelques passagers aux langues et allures étranges. Antakya, l’ancienne Antioche, est toute proche mais le trajet est plutôt pénible avec pas moins de cinq arrêts à la frontière pour de multiples contrôles de passeports et de douanes. Les douanes turques entreprennent même de faire vider tous les bagages des soutes pour une inspection complète du véhicule. Heureusement qu’une Arménienne qui voyage avec sa mère et sa tortue nous amuse quelque peu. L’animal ne la quitte pas depuis deux ans, alors de retour vers l’Arménie pour les vacances et tous les vols pleins jusqu’en septembre, Joujou la tortue fera le voyage avec elle en bus dans une boîte à chaussures… On passe enfin la frontière turque et son drapeau monumental qui la surplombe, le premier d’une longue série tant la bannière rouge et blanche est omniprésente dans la très nationaliste Turquie. On atteint finalement Antioche dont on restera bel et bien à la porte, une station de bus ou “otogar” flambant neuve a été construite en périphérie de la ville, bien loin de l’ancienne station proche des souks et du centre de la ville. Notre correspondance étant dans quelques heures seulement, nous n’avons pas le temps de regagner le centre d’Antakya pour jeter un coup d’oeil à ce qui fut une des plus grandes cités des premiers siècles de la Chrétienté et qui n’est plus qu’une grosse bourgade de la province turque…