Le bus de nuit entre la Grèce et l’Albanie ne circule malheureusement pas le jour de notre départ. On fera donc le trajet par étapes intermédiaires : d’abord Ioninna une ville grecque proche de la frontière, puis de là on enchaîne sans transition avec une correspondance pour Kakavija en Albanie. Seulement ce qu’on avait omis de nous dire lorsqu’on a demandé un bus pour l’Albanie, c’est que ce bus grec ne va pas plus loin que la frontière et que Kakvija n’est pas une ville, ni une station de bus, mais un poste de frontière désert… Le bus nous laisse ainsi au milieu de nulle part à la frontière avant de fait demi-tour illico. Nous voilà donc à traverser le no man’s land entre les deux postes de douanes à pied et on fait bien rire le policier albanais qui nous demande ce qu’on fait là et ce qu’on va faire en Albanie. Sur le chemin, des chauffeurs de taxi viennent nous aborder avec des tarifs en euros exorbitants mais on nourrit encore l’espoir de trouver un bus ou un quelconque transport en commun…
Mais qu’est-ce qu’on fout là ?
Hélas, une fois passées en Albanie, on se rend bien compte qu’il n’y aura rien de tout cela, il n’y a même pas un duty-free ou un semblant d’activité. On apprend, en interrogeant nos compagnons de voyage, qu’ils ont tous des proches qui sont venus les chercher ou une voiture garée à proximité. Mais personne qui ne parte dans notre direction. On est donc obligé de se rabattre sur les taxis, de toutes façons, il est déjà 20h et on n’a pas l’intention de passer la nuit perdues au milieu de nulle part en Albanie ! L’un d’eux vient nous proposer une légère baisse de prix, 60 € jusqu’à Berat, là où l’on veut se rendre. On essaye de négocier encore mais la discussion s’avère laborieuse car aucun d’eux ne parle ne serait-ce que quelques mots d’anglais et ils se montrent intransigeants sur les prix qu’ils griffonnent sur un bout de papier. Pas l’esprit de négociation du Moyen-Orient ici ! On capitule et c’est alors parti pour une autre aventure : trois heures dans un taxi sur les routes d’Albanie entre chien et loup, au son de la radio albanaise qui diffuse une vieille techno des années 90. Cela a beau être la route qui mène à la capitale Tirana – d’après les panneaux – ce n’est qu’une petite route sinueuses entre des collines en pleine nature. Et on ne cesse de s’étonner de découvrir au détour d’un virage un petit café-resto éclairé qui semble sorti de nulle part. Plus étonnant encore, à un endroit la route est carrément coupée pour laisser place sur plusieurs centaines de mètres à un chemin caillouteux avant de redevenir de la route. On comprend que notre chauffeur essaie de nous demander s’il y a ce genre de choses en France, non en effet il n’y a pas ça ! Enfin arrivées à Berat, heureusement on atterrit dans un hôtel réconfortant, pas cher et sympa, installé dans une maison ancienne.
A ne pas manquer en Albanie : Berat
On a choisi Berat car c’est la plus jolie ville d’Albanie d’après le Lonely Planet qui indique que l’ancien régime communiste a conservé son architecture ottomane pour en faire une sorte de « ville-musée » albanaise. Mais en se baladant dans Berat, on est un peu déçu, certes de petites maisons toutes blanches sont accrochées à la colline mais la ville n’offre pas tant d’attractions, je n’ose pas imaginer alors le reste du pays ? Dans le centre, une grande mosquée et une grande basilique orthodoxe se font face, et entre les deux, l’arrêt des bus pour Tirana. L’Albanie est un pays majoritairement musulman (70%) avec une importante minorité chrétienne (les 30% restants) mais il est resté de tradition très laïque suite au communisme qui avait interdit toute religion. En se promenant, on a une impression bizarre, on ne sait pas trop où l’on se trouve, en Europe ou ailleurs, dans un pays développé ou en développement… La visite du Musée Ethnographique s’avère cependant intéressante : aménagé dans une imposante demeure ottomane, il reconstitue le mobilier et la vie de cette époque. Venant de Turquie et d’autres pays orientaux anciennement sous le joug ottoman, il est intéressant de voir cette culture musulmane réinterprétée à la sauce albanaise. De même, la citadelle est assez intrigante car elle est toujours habitée, près de 80 familles habitent ainsi à l’intérieur de cet espace fortifié qui forme un véritable quartier séparé du reste de Berat. Il y a d’ailleurs d’innombrables petites églises dans la citadelle, peut-être qu’à une certaine époque elle servit de refuge aux chrétiens ? Mais pas le temps de s’attarder plus dans l’étrange Berat, dans l’après-midi, on prend un de ces bus bringuebalants qui part pour Tirana.