"Repositionner le français scientifique et technique dans le monde universitaire et de la recherche"
L'Institut IRD Abidjan (c) Laurence Marianne-Melgard
C’est par cette ambition que Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie (OIF), introduisait son allocution au symposium des 75 ans de l’IRD au Quai Branly à Paris, le 22 février 2019. Et pour cause, l’établissement publie aujourd’hui près de 90% de ses travaux en anglais. Le représentant de l’IRD en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Hougard appui cette vision: "Les scientifiques ivoiriens sont les plus grands défenseurs de la langue française et marquent régulièrement leur désaccord lors des rencontres internationales qui n’offrent pas de service d’interprétation dans notre langue. Ils ont raison, nous devons être vigilants".
En effet, le renforcement de la recherche francophone via le partage d’expériences est l’une des raisons d’être de cet organisme pluridisciplinaire placé sous la double tutelle des ministères français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et celui de l’Europe et des Affaires étrangères. En 73 ans et trois noms (ORSC, ORSTOM puis IRD) son mode de partenariat avec les institutions ivoiriennes a évolué, passant d’un modèle vertical de coopération technique au modèle intégré actuel qui fait travailler en synergie (et en langue française) les chercheurs de l’IRD et ceux de la Côte d’Ivoire sur le terrain (laboratoires, universités) dans plusieurs villes du pays.
En effet, le renforcement de la recherche francophone via le partage d’expériences est l’une des raisons d’être de cet organisme pluridisciplinaire placé sous la double tutelle des ministères français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et celui de l’Europe et des Affaires étrangères. En 73 ans et trois noms (ORSC, ORSTOM puis IRD) son mode de partenariat avec les institutions ivoiriennes a évolué, passant d’un modèle vertical de coopération technique au modèle intégré actuel qui fait travailler en synergie (et en langue française) les chercheurs de l’IRD et ceux de la Côte d’Ivoire sur le terrain (laboratoires, universités) dans plusieurs villes du pays.
Forte de ses 73 années de présence ininterrompue sur le terrain (même en période de crises politiques), elle est aujourd’hui l’administrateur et l’opérateur scientifique de référence du Contrat de Désendettement français C2D dans son volet Recherche. La Côte d’Ivoire lui est restée très attachée depuis l’époque de son premier Président Félix Houphouët-Boigny qui avait encouragé la relation entre les deux pays. Il en résulte que de nombreux Ivoiriens y ont étudié et font partie de l’élite, telle que Mariétou Kone, actuelle ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté, ou Sélastique Akaffou, Vice-Président de l’Université Jean Lorougnon Guédé de Daloa. Pérenniser la présence de l’IRD dans les années 60 relevait alors d’un acte visionnaire car c’est dans la zone intertropicale que l’on rencontre aujourd’hui les plus fortes vulnérabilités écologiques, sociales et politiques en matière de développement.
Depuis son installation en Côte d’Ivoire et plus généralement dans la sous-région, l’Afrique doit plusieurs innovations scientifiques à l’IRD. En matière de santé, on peut citer la moustiquaire imprégnée d’insecticides dans les années 70 pour lutter contre le paludisme ou la lutte contre l’onchocercose (à tel point efficace que cette maladie est aujourd’hui inconnue du grand public) qui sévissait aux abords des rivières bordant les campagnes ivoiriennes et de la sous-région et qui rendait aveugles les populations piquées par l’insecte vecteur. En matière de changement climatique, l’IRD se met au service de l’industrie sucrière pour une gestion durable des plantations de canne à sucre. Ses programmes scientifiques en génétique des plantes ont aussi servi à sélectionner les souches les plus résistantes et les plus productives au sein des plantations de café pour garantir un Robusta ivoirien de qualité optimale.
La mission de l’IRD devra se poursuivre de nombreuses années encore si l’on en croit le constat de l’OIF qui, par la voix de sa secrétaire générale, estimait que "l’Afrique ne représente que 2% de la production scientifique mondiale", ce qui mettrait en péril "la capacité d’innovation technologique des pays de l’Afrique francophone et leur aptitude à former les cadres et les entrepreneurs indispensables à une croissance durable du continent".