Coronavirus : le Japon déclare l'état d'urgence


Par Florent Guerout Rédigé le 08/04/2020 (dernière modification le 08/04/2020)

Le Premier ministre Shinzo Abe a déclaré le 7 avril l'état d'urgence pour une durée d'un mois. Selon lui le coronavirus est la plus grande menace économique depuis la Seconde Guerre mondiale.


Malgré le port du masque, ancré dans les coutumes japonaises, le nombre de cas de COVID-19 augmente. ©Florent Guérout
L'état d'urgence instauré le 7 avril donne le droit aux gouverneurs de Tokyo et de 6 autres préfectures d'inciter les citoyens à rester confinés.
Selon Shinzo Abe, "Il est primordial de faire changer l'attitude des citoyens". "Si nous pouvons réduire les contacts de 70 ou 80%, l'évolution des infections atteindra son pic dans 2 semaines puis commencera sa régression".

Cette déclaration s'appuie sur une loi concernant les épidémies de grippe. Cette loi a été modifiée en mars dernier afin d'y inclure le coronavirus mais elle ne permet cependant pas l'application d'un confinement total. Elle ne prévoit pas non plus de sanction pour les personnes qui ne suivraient pas les recommandations : la loi japonaise ne permet pas un confinement total comme c'est le cas en France. L'état d'urgence représente donc au Japon ce qui peut s'approcher le plus d'un confinement strict.

Les gouverneurs des préfectures pourront néanmoins ordonner la fermeture des écoles, des grands magasins, des cinémas et plus globalement des endroits attirant une large foule. Les services essentiels tels que les transports, les supermarchés ou les banques pourront continuer à opérer. Les préfectures pourront également établir des sites médicaux d'urgence et contraindre les entreprises à vendre leurs stocks de nourriture et de médicaments si besoin.

Depuis le 29 mars, la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike, incite la population à rester à la maison. Des recommandations faites pendant la période de la floraison des cerisiers et du traditionnel "hanami" durant lequel les Japonais sortent apprécier la beauté des fleurs. "Je vous demande de faire preuve de retenue afin que nous n'ayons pas à exercer notre autorité de façon excessive" a-t-elle déclaré.
Abe a quant à lui été critiqué pour son manque de réactivité dans les premiers jours de l'épidémie, ses décisions n'ayant été réellement ressenties qu'après l'annonce du report des Jeux olympiques.

Au 8 avril, le nombre de cas d'infections s'élève à 4768 personnes pour 98 décès selon le ministère de la Santé. Les principaux foyers se situent à Tokyo et Osaka. "Si le virus continue à se propager de cette façon, 10.000 personnes seront infectées dans 2 semaines et 80.000 dans un mois" a déclaré le Premier ministre.

Dans son discours, Abe a prévenu "qu'il ne faut plus perdre de temps". Le "stress des travailleurs médicaux augmente". Il souligne également que la capacité en lits des hôpitaux atteindra bientôt sa limite malgré les efforts pour placer les patients dans des chambres d'hôtel.
Selon les estimations, si le nombre de personnes infectées atteint 20.000 dans la capitale, 4.000 d'entre elles nécessiteront alors une hospitalisation. Cependant, les hôpitaux de Tokyo ne peuvent aujourd'hui accueillir que 100 patients demandant une assistance respiratoire.
Même problème pour le personnel médical qui vient à manquer : une pénurie que Tokyo essaye de combler tant bien que mal en appelant les retraités du milieu médical à venir prêter main forte aux équipes en place.


 

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