A la Réunion, l'épidémie de coronavirus est contenue mieux que partout ailleurs en France. (C) cottonbro, PEXELS
“2 nouveaux cas”, “5 nouveaux cas”, “aucun nouveau cas”... Tous les jours depuis le début de la pandémie de coronavirus, les Réunionnais surveillent l’évolution du nombre de cas de Covid-19 sur leur île. Et tous les jours, ils sont rassurés : le nombre de cas n’explose pas et il n’y a pas de décès. Au total, 423 personnes* ont été contaminées depuis le 11 mars dernier. Il s’agit en grande majorité de cas importés de France métropolitaine. Actuellement, 2 patients sont hospitalisés en réanimation et 3 autres patients sont soignés dans des services classiques. Sur les 423 cas recensés, l’ARS estime que plus de 350 personnes ont guéri du virus.
La crainte d’un scénario catastrophe
Pourtant, à l’annonce de la pandémie, l’île craignait le pire. Comme le souligne le docteur Paul**, médecin au CHU Sud Réunion, “nous avions suivi de près l’expérience que la métropole a connu 15 jours avant nous et nous avions donc les mêmes craintes : que les services de réanimation arrivent à saturation et que nous ayons à choisir entre ceux que l’on traite et ceux que l’on ne traite pas.” Cette situation dramatique n’est jamais arrivée.
Une île bien préparée
Et pour cause : “très vite, nous nous sommes organisés”, continue le docteur. “La CME (Commission Médicale d'Établissement) a pris les devants. Il a été décidé que le CHU Nord Réunion serait le centre Covid. Le CHU Sud Réunion disposerait tout de même d’un centre de dépistage, mais ne devait être utilisé qu’en cas de dépassement des capacités dans le Nord.” Comme dans beaucoup d’hôpitaux métropolitains, les services ont été adaptés en vue de l’afflux brusque de patients : “nous avons fermé les services de chirurgie pour en faire des services Covid. Nous n’opérions plus que les urgences et les cancers.” Des shifts ont également été organisés au niveau des urgences : les potentiels cas de Covid-19 étaient orientés vers des filières Covid et les autres patients vers un second circuit. “Ça été très pénalisant, car il a fallu créer deux circuits d’urgences différents”, explique le médecin. “Il a également fallu augmenter les capacités de réanimation. Nous avons recensé les respirateurs, fait le point sur le personnel qui pouvait être mobilisé…”
Confinés et protégés
Toutes ces précautions prises par les hôpitaux ont contribué à préparer l’île à l’arrivée du virus. Mais l’endiguement du Covid-19 à la Réunion est surtout dû “au confinement et à la mise en quarantaine de toute l’île. Les Réunionnais ont globalement bien respecté la quarantaine et les gestes barrières : ils ont eu très peur du virus”. Le fait d’avoir drastiquement réduit les vols depuis et vers la métropole a également aidé : “les entrants étaient dépistés et globalement, peu de germes sont arrivés en même temps… ça a été du cas par cas”. Aucun décès n’est à déplorer… et pourtant l’île aurait pu être gravement touchée : la population réunionnaise est particulièrement concernée par le diabète et l’obésité, ce qui fait des Réunionnais une population très “à risque”.
Et ensuite ?
La Réunion résiste, oui… Mais encore combien de temps ? “Ça me fait rire quand les gens parlent de la 2ème vague… Ici, on attend surtout la 1ère vague ! On rejoint presque des taux de maladie orpheline concernant le Covid. A mon sens, on a même peut-être géré les choses trop en amont. Peu de gens sont immunisés. Un autre souci, c’est qu’il n’y a pas que le Covid. Les autres maladies sont toujours là, certaines personnes ne sont pas venues consulter et ont vu leur cas s’aggraver alors qu’elles étaient confinées chez elles...” Le déconfinement sera donc sans aucun doute un challenge pour La Réunion, au même titre que pour tous les autres départements français. Dans la bataille que mène cette petite île de l’Océan Indien contre le Covid-19, les gestes barrières, les tests de dépistage et les précautions type “masques” vont compter plus que jamais.
*Chiffres du 02/05/2020
** Les identités ont été anonymisées.
*Chiffres du 02/05/2020
** Les identités ont été anonymisées.