Rencontre avec Typhaine Lebègue. (c) Femme 41.
Au cours de la dernière décennie, 30% des entreprises françaises qui sont créées, sont dirigées, par des femmes. Les femmes représentent 40% des créateurs de micro-entreprises, dont 1/3 consiste en du conseil aux entreprises, 1/4 dans le service aux ménages, et 1/5 dans le commerce.
Les dirigeantes d’entreprises sont plus diplômées que les hommes : 72% d’entre elles disposent d’un diplôme se situant entre le master et le doctorat, quand ce ne sont que 62% des hommes dirigeants d’entreprises qui sont diplômés à ce niveau. Comme pour les hommes, l’entrepreneuse moyenne est mariée et a des enfants, et doit donc concilier vie familiale et vie professionnelle. 46% d’entre elles estiment plus simple de concilier ces deux mondes en tant que dirigeant d’entreprise.
Les dirigeantes d’entreprises sont plus diplômées que les hommes : 72% d’entre elles disposent d’un diplôme se situant entre le master et le doctorat, quand ce ne sont que 62% des hommes dirigeants d’entreprises qui sont diplômés à ce niveau. Comme pour les hommes, l’entrepreneuse moyenne est mariée et a des enfants, et doit donc concilier vie familiale et vie professionnelle. 46% d’entre elles estiment plus simple de concilier ces deux mondes en tant que dirigeant d’entreprise.
Bien que les nombres soient encourageants, les défis auxquels les femmes sont confrontées dans leurs efforts pour briser le plafond de verre métaphorique sont toujours très réels aujourd'hui. Pas une seule femme PDG parmi les soixante plus grandes entreprises françaises, comme l'a démontré l'observatoire Skema de la féminisation des entreprises. Si une loi a permis aux femmes d'être plus nombreuses dans les conseils d'administration, au sommet, personne. La seule femme directrice générale d'une entreprise du CAC40, Isabelle Kocher, chez Engie, et elle a été débarquée. Reste deux femmes présidentes de conseils d'administration : Sophie Bellon chez Sodexo et Anne-Marie Couderc chez Air France. Et donc désormais une seule directrice générale, Méka Brunel, chez le groupe immobilier Gecina.
Ce sont donc en 2020 trois femmes sur 120 postes de président de conseil d'administration ou de directeur général. C'est donc à la gouvernance des entreprises que les femmes sont particulièrement absentes. Les femmes ne représentent que 18% des comités de direction. Un chiffre toutefois en légère augmentation ces dernières années.
Qu'il s'agisse de démarrer une entreprise à partir de zéro ou de rejoindre une organisation préexistante, la nécessité de l'égalité des sexes dans les rôles de leadership est toujours une conversation de premier plan dans tous les secteurs. C'est à travers 12 récits retraçant des parcours d’entrepreneures, que Typhaine Lebègue lève le voile sur la problématique de la place des femmes et de la diversité des chemins qui mènent les femmes à l’entrepreneuriat. Comme elle le précise dans son ouvrage, ces entrepreneures décrivent et expliquent comment elles s’accommodent ou transforment les normes de l’entrepreneuriat dans ce monde professionnel qui est encore surtout pensé au masculin. Ces récits de vie de femmes entrepreneures visent aussi à rendre visibles ces dirigeantes qui contribuent à la vitalité économique et sociale de la France et qui restent trop souvent dans l’ombre.
Ce sont donc en 2020 trois femmes sur 120 postes de président de conseil d'administration ou de directeur général. C'est donc à la gouvernance des entreprises que les femmes sont particulièrement absentes. Les femmes ne représentent que 18% des comités de direction. Un chiffre toutefois en légère augmentation ces dernières années.
Qu'il s'agisse de démarrer une entreprise à partir de zéro ou de rejoindre une organisation préexistante, la nécessité de l'égalité des sexes dans les rôles de leadership est toujours une conversation de premier plan dans tous les secteurs. C'est à travers 12 récits retraçant des parcours d’entrepreneures, que Typhaine Lebègue lève le voile sur la problématique de la place des femmes et de la diversité des chemins qui mènent les femmes à l’entrepreneuriat. Comme elle le précise dans son ouvrage, ces entrepreneures décrivent et expliquent comment elles s’accommodent ou transforment les normes de l’entrepreneuriat dans ce monde professionnel qui est encore surtout pensé au masculin. Ces récits de vie de femmes entrepreneures visent aussi à rendre visibles ces dirigeantes qui contribuent à la vitalité économique et sociale de la France et qui restent trop souvent dans l’ombre.
- Quels sont les raisons qui vous ont poussées à écrire ce recueil de témoignages ? Ce sujet m’a intéressé car je me suis penchée sur la question de l’émancipation professionnelle des femmes. Comprendre pourquoi les femmes sont sous-représentées dans certain métier ? Comprendre la question de l’entreprenariat était un sujet qui me touchait sur le plan personnel puisque quelqu’un de ma famille est devenu femme auto entrepreneur en 2005.
En observant les chiffres à l’époque je me suis aperçue que 30% des femmes en France était auto entrepreneur et c’est un chiffre qui évoluait peu. J’ai donc voulu en savoir plus. De plus, en effectuant des recherches approfondies sur le sujet je me suis aperçue qu’aucune thèse ou doctorat n’avait été effectuée sur le sujet, alors je me suis lancée !
Dans mon livre, dans la continuité de mes recherches, j’ai enfin permis aux femmes françaises de se raconter. Il y en a vraiment très peu en France et dans les cours que je donne aux étudiants à l’Université, nous nous sommes également aperçu avec ces derniers qu’ils y avaient très peu de figure féminine connue en terme d’entreprenariat. Avoir des rôles modèle dans ce domaine pour les femmes et pour les étudiants, c’est important. De manière générale, on sait que cela a une influence non négligeable sur la sensibilisation dans le fait de se lancer en tant que femme dans l’entreprenariat.
- En France, au delà du problème femme, ne pensez-vous pas qu’il y a un problème dans le fait même d’être entrepreneur car nous ne somme pas un pays d’entreprenariat ?
C'est sur que le sujet des femmes entrepreneurs en France est aussi lié au fait de resituer le contexte. L’entreprenariat est moins encouragé en France que dans d’autres pays. Ce qui est une bonne chose, car l’entreprenariat a aussi des côtés sombres. En France être salarié prodigue des avantages, des financements et une protection différente qu’il n’y a pas aux USA par exemple où l'entreprenariat est très encouragé. En 1970, aux USA de nombreuses lois, dispositifs et réformes ont été développés, ce qui a soutenu l’entreprenariat pour les femmes.
- Aujourd’hui, en quoi et pourquoi la notion d’entreprenariat a-t-elle évoluée ? Le contexte actuel a-t-il influencé les Français à se lancer à leur propre compte ?
Les pouvoirs publics ont mis du temps à s’intéresser à l’entreprenariat des femmes. Aujourd’hui les réseaux de l’entreprenariat se développent mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a 15 ans encore de cela, être entrepreneur n'était pas perçu comme quelque chose de positif, car cela impliquait un enjeu économique majeur. Depuis, des dispositifs ont été créés pour accompagner la création d’entreprise (financement public), les banques se sont intéressées au sujet et des recherches sur les stéréotypes ont été effectuées.
Avec le contexte actuel, l’entreprenariat est vécu comme un accomplissement de vie, ce qui impose un changement sociétal certain. Mais les trois éléments principaux qui font évoluer l’entreprenariat sont les pouvoirs publics, les financements et le regard de la société sur le sujet.
- Quels changements souhaitez-vous voir pour le futur?
Que la question de la légitimité de la femme ne soit plus une question. Ça ne devrait même pas être un sujet à discuter. Plus simplement, les inégalités liées au genre ne doivent plus être posées, ni associées au fait d’être un bon entrepreneur ou pas. La société a tendance à hiérarchiser les valeurs féminines et masculines et cela provoque des inégalités. Le concept de genre ne devrait pas expliquer la réalité, et ce sont des stéréotypes qui existent depuis l’enfance. Je me suis aperçue que lorsque l’on étudie l’expérience des femmes en milieu professionnel, on a besoin d’avoir le genre comme argument pour étudier un échantillon. L’injustice commence ici. J’ai envie d’étudier les femmes sans m’intéresser au sexe. Les premières études sociologiques ont été effectuées par la norme dominante homme à l’époque. On fait forcément une comparaison, j’espère qu’un jour ce ne sera plus le cas et qu’on étudiera un individu de manière brut et neutre.
- Que souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?
Que s’intéresser aux questions sociétales et professionnelles dans le monde est importante. S’intéresser aux questions de genre et d’égalité homme/femme concerne tout le monde et surtout les hommes. Car le sujet de l’égalité homme/femme aide à appréhender le monde de demain et aide à la compréhension des rapports sociaux.
En observant les chiffres à l’époque je me suis aperçue que 30% des femmes en France était auto entrepreneur et c’est un chiffre qui évoluait peu. J’ai donc voulu en savoir plus. De plus, en effectuant des recherches approfondies sur le sujet je me suis aperçue qu’aucune thèse ou doctorat n’avait été effectuée sur le sujet, alors je me suis lancée !
Dans mon livre, dans la continuité de mes recherches, j’ai enfin permis aux femmes françaises de se raconter. Il y en a vraiment très peu en France et dans les cours que je donne aux étudiants à l’Université, nous nous sommes également aperçu avec ces derniers qu’ils y avaient très peu de figure féminine connue en terme d’entreprenariat. Avoir des rôles modèle dans ce domaine pour les femmes et pour les étudiants, c’est important. De manière générale, on sait que cela a une influence non négligeable sur la sensibilisation dans le fait de se lancer en tant que femme dans l’entreprenariat.
- En France, au delà du problème femme, ne pensez-vous pas qu’il y a un problème dans le fait même d’être entrepreneur car nous ne somme pas un pays d’entreprenariat ?
C'est sur que le sujet des femmes entrepreneurs en France est aussi lié au fait de resituer le contexte. L’entreprenariat est moins encouragé en France que dans d’autres pays. Ce qui est une bonne chose, car l’entreprenariat a aussi des côtés sombres. En France être salarié prodigue des avantages, des financements et une protection différente qu’il n’y a pas aux USA par exemple où l'entreprenariat est très encouragé. En 1970, aux USA de nombreuses lois, dispositifs et réformes ont été développés, ce qui a soutenu l’entreprenariat pour les femmes.
- Aujourd’hui, en quoi et pourquoi la notion d’entreprenariat a-t-elle évoluée ? Le contexte actuel a-t-il influencé les Français à se lancer à leur propre compte ?
Les pouvoirs publics ont mis du temps à s’intéresser à l’entreprenariat des femmes. Aujourd’hui les réseaux de l’entreprenariat se développent mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a 15 ans encore de cela, être entrepreneur n'était pas perçu comme quelque chose de positif, car cela impliquait un enjeu économique majeur. Depuis, des dispositifs ont été créés pour accompagner la création d’entreprise (financement public), les banques se sont intéressées au sujet et des recherches sur les stéréotypes ont été effectuées.
Avec le contexte actuel, l’entreprenariat est vécu comme un accomplissement de vie, ce qui impose un changement sociétal certain. Mais les trois éléments principaux qui font évoluer l’entreprenariat sont les pouvoirs publics, les financements et le regard de la société sur le sujet.
- Quels changements souhaitez-vous voir pour le futur?
Que la question de la légitimité de la femme ne soit plus une question. Ça ne devrait même pas être un sujet à discuter. Plus simplement, les inégalités liées au genre ne doivent plus être posées, ni associées au fait d’être un bon entrepreneur ou pas. La société a tendance à hiérarchiser les valeurs féminines et masculines et cela provoque des inégalités. Le concept de genre ne devrait pas expliquer la réalité, et ce sont des stéréotypes qui existent depuis l’enfance. Je me suis aperçue que lorsque l’on étudie l’expérience des femmes en milieu professionnel, on a besoin d’avoir le genre comme argument pour étudier un échantillon. L’injustice commence ici. J’ai envie d’étudier les femmes sans m’intéresser au sexe. Les premières études sociologiques ont été effectuées par la norme dominante homme à l’époque. On fait forcément une comparaison, j’espère qu’un jour ce ne sera plus le cas et qu’on étudiera un individu de manière brut et neutre.
- Que souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs ?
Que s’intéresser aux questions sociétales et professionnelles dans le monde est importante. S’intéresser aux questions de genre et d’égalité homme/femme concerne tout le monde et surtout les hommes. Car le sujet de l’égalité homme/femme aide à appréhender le monde de demain et aide à la compréhension des rapports sociaux.