Deux drames historiques de Shakespeare pleins de bruits et de fureur
Il faut quand même une sacrée dose de culot pour s’attaquer à la tétralogie d’Henri VI et sa suite logique Richard III. Même si cela est affaire courante à la Royal Shakespeare Compagny ou à la BBC.
La pièce Henri VI en elle-même est un monstre. Imaginez la Guerre des Deux Roses (York et Lancastre), sur près de quatorze heures de théâtre! Enfoncé le père Claudel et son Soulier de Satin!
On sait que la trilogie d’Henri VI, pour qui connait son histoire, met en scène, sur fond de Guerre de Cent Ans, les débuts puis le règne et l’assassinat par Richard de Gloucester, d’Henri VI, d'abord enfant puis jeune homme doux et pieux, mal préparé à faire face à la brutalité des mœurs politiques de son temps. Y passent Charles VII de France, notre héroïne Pucelle vosgienne, le cliquetis des épées, les intrigues de palais et les querelles des deux Maisons mères.
Dans la deuxième et la troisième partie, l’effervescence dans les entrailles de l’état est à son comble, le meurtre final inéluctable.
Autant dire de suite, qu’il faut s’accrocher un maximum à sa télécommande pour suivre ce roman fleuve, haletant souvent, un tantinet bavard par moments, mais d’un intérêt constant. C’est une femme qui est aux commandes de cette saga historique franco-anglaise.
Jane Howell y va franco et serre au plus près ce grand drame de cape et d’épées. On chuchote, on crie, on harangue, on blasphème entre gens de bonne compagnie, presque "at home"… Le linge sale ici se lave en famille et sur les champs de bataille. On s’embrasse, comme chez les Atrides, pour mieux s’étouffer.
Peter Benson endosse les trois époques sur ses épaules, frêles et larges à la fois.
Pour qui connaît et vénère le seul Richard III, impossible d’oublier le formidable spectacle, presque définitif car sauvage de cuir, de cuivre et de fer signé en 1972 par Terry Hands à la Comédie-Française.
Robert Hirsch (glacial et flamboyant à la fois) y trouvait encore une fois un triomphe mérité, aux côtés de Jacques Charron, Buckingham sournois et de la fantastique Denise Gence en terrifiante Reine Marguerite. Pour l’avoir vu et revu, une référence qui ne nous rajeunit pas, hélas…
Ron Cook, investi comme pas deux, n’en fait pas un agité du bocal, un vilain archétypal, mais plutôt un froid calculateur, sorte de nazi avant l’heure dans ses méthodiques calculs machiavéliques pour arriver au trône et le perdre.
Si Zoé Wanamaker campe une Lady Anne très crédible dans ses hésitations, la scène des spectres, sorte de tribunal des flagrants délires royaux, n’est pas terrifiante pour deux sous. La bataille de Bosworth Field réduite à peau de chagrin malgré les cris, manque d’ampleur, de vrai bruit de guerre et de fureur. Mon Royaume pour des extérieurs! Peu plaisantes aussi les images finales sur fond de charnier humain et cris d’hystérie de la reine Marguerite (Julia Foster au mieux dans ses imprécations).
Mais bon, nous sommes à la BBC, les décors sont simples, fonctionnels, évocateurs, les costumes dessinés somptueusement aux petits-oignons, les étendards, musiques, fanfares et tambours font toujours leurs petits effets. Pour un bain de théâtre raffiné, précieux, et deux chroniques sanguinaires et sournoisement intemporelles dans une course à l’abîme et au pouvoir qui rend fou.
La pièce Henri VI en elle-même est un monstre. Imaginez la Guerre des Deux Roses (York et Lancastre), sur près de quatorze heures de théâtre! Enfoncé le père Claudel et son Soulier de Satin!
On sait que la trilogie d’Henri VI, pour qui connait son histoire, met en scène, sur fond de Guerre de Cent Ans, les débuts puis le règne et l’assassinat par Richard de Gloucester, d’Henri VI, d'abord enfant puis jeune homme doux et pieux, mal préparé à faire face à la brutalité des mœurs politiques de son temps. Y passent Charles VII de France, notre héroïne Pucelle vosgienne, le cliquetis des épées, les intrigues de palais et les querelles des deux Maisons mères.
Dans la deuxième et la troisième partie, l’effervescence dans les entrailles de l’état est à son comble, le meurtre final inéluctable.
Autant dire de suite, qu’il faut s’accrocher un maximum à sa télécommande pour suivre ce roman fleuve, haletant souvent, un tantinet bavard par moments, mais d’un intérêt constant. C’est une femme qui est aux commandes de cette saga historique franco-anglaise.
Jane Howell y va franco et serre au plus près ce grand drame de cape et d’épées. On chuchote, on crie, on harangue, on blasphème entre gens de bonne compagnie, presque "at home"… Le linge sale ici se lave en famille et sur les champs de bataille. On s’embrasse, comme chez les Atrides, pour mieux s’étouffer.
Peter Benson endosse les trois époques sur ses épaules, frêles et larges à la fois.
Pour qui connaît et vénère le seul Richard III, impossible d’oublier le formidable spectacle, presque définitif car sauvage de cuir, de cuivre et de fer signé en 1972 par Terry Hands à la Comédie-Française.
Robert Hirsch (glacial et flamboyant à la fois) y trouvait encore une fois un triomphe mérité, aux côtés de Jacques Charron, Buckingham sournois et de la fantastique Denise Gence en terrifiante Reine Marguerite. Pour l’avoir vu et revu, une référence qui ne nous rajeunit pas, hélas…
Ron Cook, investi comme pas deux, n’en fait pas un agité du bocal, un vilain archétypal, mais plutôt un froid calculateur, sorte de nazi avant l’heure dans ses méthodiques calculs machiavéliques pour arriver au trône et le perdre.
Si Zoé Wanamaker campe une Lady Anne très crédible dans ses hésitations, la scène des spectres, sorte de tribunal des flagrants délires royaux, n’est pas terrifiante pour deux sous. La bataille de Bosworth Field réduite à peau de chagrin malgré les cris, manque d’ampleur, de vrai bruit de guerre et de fureur. Mon Royaume pour des extérieurs! Peu plaisantes aussi les images finales sur fond de charnier humain et cris d’hystérie de la reine Marguerite (Julia Foster au mieux dans ses imprécations).
Mais bon, nous sommes à la BBC, les décors sont simples, fonctionnels, évocateurs, les costumes dessinés somptueusement aux petits-oignons, les étendards, musiques, fanfares et tambours font toujours leurs petits effets. Pour un bain de théâtre raffiné, précieux, et deux chroniques sanguinaires et sournoisement intemporelles dans une course à l’abîme et au pouvoir qui rend fou.