Chirurgie esthétique: instrument de l’ego, ascenseur social ou réel remède psychologique? 1


Par Rédigé le 16/05/2014 (dernière modification le 15/05/2014)

Sociétés occidentales et pays émergents se positionnent comme les premiers consommateurs de médecine esthétique dans le monde. Le phénomène semble basculer vers une banalisation à outrance. Et en dépit de la crise, le nombre des opérations bondit. Les opérés, même célèbres, ne cachent plus leurs recours à ces actes parfois superficiels, parfois relevant d’actes chirurgicaux lourds. Alors pourquoi les recours à la médecine esthétique se sont-ils multipliés ces dernières années? Pour comprendre cette évolution, il faut aller au fond de la démarche des patients: pour eux, à quoi l’acte de médecine esthétique répond-il vraiment?


PARTIE I: Un marché en forte croissance mais des chiffres qui restent opaques

Les injections pour rajeunir connaissent la plus forte progression sur le marché de l'esthétique. Photo (c) Patpitchaya

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10% de croissance: c’est l’augmentation des actes de chirurgie esthétique en 2012 par rapport à 2011 (source: Imcas) pour un marché global de 4,4 milliards d’euros avec plus de 15 millions d’actes pratiqués (opérations et actes de surface).
Au niveau mondial, l’Hexagone arrive en 9e position des pays ayant réalisé le plus d’opérations esthétiques en 2013, loin derrière les USA, le Brésil, la Chine, le Japon, l’Inde, le Mexique, l’Italie et la Corée du Sud. Les chiffres des statistiques incluent tous les actes esthétiques: techniques esthétiques invasives (chirurgie) et non-invasives (en cabinet de dermatologie: laser, injection, peeling...). D’après les experts, ce marché de l’esthétique médical devrait croître encore jusqu’en 2017, malgré un contexte économique pourtant délétère, tiraillé entre tensions sociales, baisse du pouvoir d’achat et accroissement du chômage.
Les chiffres 2013, qui seront communiqués en juin prochain par l’Isaps (International Society of Aesthetic Surgeons), confirmeront une nouvelle hausse mondiale plus importante encore. Au niveau chirurgical, l’augmentation mammaire et la lipoplastie arrivent en tête de liste des opérations pratiquées avec la rhinoplastie. Pour les actes non invasifs, le botox a toujours la faveur des patientes, ainsi que les peelings rajeunissants et les injections pour combler les rides.

En France, la chirurgie esthétique, mais l’on peut dire la médecine esthétique dans son ensemble, reste difficilement quantifiable. Tout d’abord parce que la sécurité sociale ne répertorie pas les opérations, la grande majorité des actes n’étant pas remboursés et aucune autre institution n’effectuant un relevé précis des actes esthétiques effectués. Les chiffres officiels s’appuient uniquement sur le bon vouloir des chirurgiens qui remontent leurs chiffres aux syndicats. De plus, les résultats sont communiqués sans dissociation de pratique. Isoler les opérations de chirurgie réparatrice, de chirurgie purement esthétique et les actes non invasifs demeure impossible.
En outre, certains actes seraient passés sous silence. Pauline déclare se faire opérer à l’étranger et payer en liquide. Elle se doute bien que "le chirurgien qui a souhaité être payé en liquide ne rentre pas forcément cette rétribution dans ses comptes".







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