CRISE OU PIRE ? Seconde partie


Par Haroun A. Metwalli Rédigé le 22/10/2008 (dernière modification le 08/12/2008)

Milton Friedman et John Maynard Keynes sont à la base des systèmes économiques pratiqués au 20ème siècle. Proposant des solutions postérieures aux créations du capitalisme et du marxisme, les applications furent interprétées au travers du prisme des convictions politiques. De passage au Caire, un célèbre économiste français, sous couvert de garantie d’anonymat nous répond sur la « CRISE » en oubliant sa langue de bois habituelle. Nous l’appellerons ici : Milton Keynes.


Milton Friedman, le chantre du monétarisme
LPJ : Quel est le fait déclencheur de cette succession de catastrophes ?
MK : Beaucoup, dont moi officiellement, disent que la faute est au système subprime ou disons à la distribution sans garantie d’argent à des emprunteurs non solvables. C’est faux. La responsabilité provient et repose uniquement sur les gouvernements qui préparent depuis bien longtemps ce jeu de dominos. Quelle est l’entreprise qui peut perdre de l’argent chaque année et continuer d’emprunter sans autre garantie que de dire j’existe ? Aucune, elle serait arrêtée dans sa course par les garde-fous créés par les États pour empêcher les catastrophes en cascade. Hors, seuls les États se réservent le droit de vivre au-dessus de leurs moyens, de continuer de s’endetter, et, de plus, avec la complicité des banques nationales, de fabriquer l’argent au fur et à mesure de leurs besoins. Je ne parle même pas de la permissivité exceptionnelle dont les bourses mondiales ont bénéficié durant des années au travers des dérégulations financières nécessaires à la création de produits financiers toujours plus sophistiqués mais non éthiques. Les États, l’immense majorité des États, vivent de crédits sans être solvables. Ils ont été et sont les modèles de cette lamentable expérience. Pour continuer de vivre leur grand train, les États avaient la nécessité de générer de l’argent, fût-il virtuel. Le constat de leur échec est évident.

LPJ :
D’accord, mais ça c’est le problème, pouvez-vous nous donner une ou votre solution ?
MK :
J’aimerai mais je n’en ai pas. En fait, nous avons plusieurs options : 1. Nous pouvons faire un joli pansement sur une jambe de bois, par exemple en nationalisant les banques de façon déguisée, en distribuant de l’argent que les États n’ont pas (raison pour laquelle dans tous les accords, ici ou là, l’argent n’est distribué que par étapes, pourquoi ? parce qu’il faut laisser le temps à l’État de collecter cet argent, impôts, taxes, tva). Encore une fois on prête ce qu’on n’a pas (encore). 2. Nous pouvons aussi retourner à une situation basée sur l’éthique. Ceci ne pourra jamais se réaliser car, imaginez-vous les immenses sacrifices que chacun devra faire. Changer de vie n’est pas simple mais revenir à une société où la consommation et le profit ne seront plus les moteurs d’une économie vouée à la spoliation de la planète au détriment des générations futures, tout cela est impossible. Imaginez-vous un gouvernement où les philosophes auront leur mot à dire comme jadis ? Tout au plus aurons-nous des fous du roi. L'avidité de tous fait qu'une marche arrière est impossible. Pas un gouvernement n’a de membres ou de cadres qui ne soient pas touchés par des affaires de corruption ou d’argent sale. Cela aussi est non éthique et cette solution utopique. 3. La solution la plus simple reste de tout casser et de recommencer, cela s’appelle une guerre mondiale. C’est la seule façon de relancer les affaires sans avoir à faire d’autres sacrifices que la vie des autres.

Les 10 dernières années du Dow Jones
LPJ : Vous n’êtes guère optimiste ! Il est impossible que nous commettions de nouveau les mêmes erreurs…
MK : En êtes-vous bien sur ? J’aimerai en être convaincu, mais il suffit de regarder une mappemonde et d’y placer tous les foyers de troubles, les guerres, les famines, les maladies infectieuses… Quand nous apprenons qu’un enfant meurt toutes les 5 secondes et que nous pourrions les sauver avec quelques 100 petits milliards de dollars pendant que nous déversons des milliers de milliards dans un système qui a montré ses limites, n’y a-t-il pas quelque chose de "décevant". L’ardoise totale de cet épisode économique du capitalisme stérile dépassera les 10 000 milliards de dollars, j’en suis certain et nous nous en approchons quotidiennement. Je crois que collectivisme et capitalisme sont morts et que la voie est ailleurs, mais où ? Ceci n’est que mon opinion et je serais ravi de me tromper. Mais de toute façon, nous verrons bien, comme disent les anglo-saxons : « time will tell ».





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