CAMEROUN - Activités de récupération de déchets dans une décharge : dangers et potentialités


Par Adolphe EYAMBE EKALLE Rédigé le 11/12/2009 (dernière modification le 11/12/2009)

La communauté urbaine de Douala au Cameroun a instruit une étude sur l’évaluation du potentiel économique et la valorisation des activités de récupération des déchets dans la décharge à ciel ouvert de Nyalla. Cette étude aurait pour objectif de s’assurer que la décharge de Nyalla regorge de suffisamment de potentialités pour faire vivre toute une communauté de son contenu et du traitement qu’il subit.


Les récupérateurs sont organisés ou non en association et effectuent un tri à l’arrivée des camions-chargeurs (EYAMBE EKALLE Adolphe)
Cette décharge est un grand trou creusé au voisinage des habitations dans lequel on déverse les déchets de toute sorte. Elle s’étend sur une grande superficie et continue de s’agrandir au fur et à mesure qu’on y décharge les déchets.
L’on sait que malgré le ralentissement des activités économiques, les grandes villes du Cameroun, notamment Douala, ont continué à s’étendre, alimentée par l’exode rural et l’implosion urbaine. Pour survivre, les populations se sont ruées dans le secteur informel. Pendant toute cette période de ralentissement des activités, on a pu constater l'inadéquation entre le développement des villes et le manque de structures urbaines ; ce qui a favorisé la prolifération des décharges sauvages à travers le pays. Douala, en est à sa troisième grande décharge.

Ils récupèrent surtout les métaux (ferrailles), le verre, certains plastiques, des bouteilles plastiques et tout autre matériel ou matière jugés utiles ( EYAMBE EKALLE Adolphe)
La paupérisation des populations et la gestion approximative des problèmes de santé publique et leur application laxisme à tous les niveaux, érigée en règle générale, a permis la naissance d’un nouveau type d’emploi au niveau des décharges des grandes villes sous-estimant par la même occasion les problèmes qui peuvent naître de ce genre d’activité.
Les récupérateurs dont il est question, sont organisés ou non en association et effectuent un tri à l’arrivée des camions-chargeurs. Ils récupèrent surtout les métaux (ferrailles), le verre, certains plastiques, des bouteilles plastiques et tout autre matériel ou matière jugés utiles. Cependant, ils ne disposent pas dans le cadre de leur activité, d’équipements de protection et sont de ce fait exposés à de nombreux risques. Certains ont même presqu’élu domicile à côté pour être les premiers lors des déversements des « ordures » par les camions de la société d’hygiène et salubrité. Ce phénomène de récupération s’est étendu aux déchets industriels et même hospitaliers. Pourtant, à Douala, de nombreux centres de santé se débarrassent de leurs déchets en les plaçant dans des dépotoirs inappropriés, en les jetant dans les bacs à ordures, ou alors en les déversant dans les camions de collecte d'ordures de la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) à l'insu des éboueurs.

Les récupérateurs ont mis en place toute une organisation (EYAMBE EKALLE Adolphe)
Cette pratique dont le délégué du gouvernement dit être au courant, présente non seulement un danger pour les agents chargés de la collecte des ordures, mais aussi pour les récupérateurs de la décharge qui peuvent être blessés par une seringue ou tout autre objet pointu ou coupant et infecté, constituant dès lors des risques de contamination. Si les autorités savent que l’activité de récupérations des déchets est dangereuse qu’elle serait l’intérêt pour elle d’évaluer leur potentiel économique ? Le but est-il d’évaluer des dangers liés à ce genre d’activités sachant que les récupérateurs n’ont aucune protection et courent le risque d’inhaler des gaz dangereux émanent de ces déchets dans le but de mettre en place des mesures conservatoires ?
Les récupérateurs ont mis en place toute une organisation. Certains ne travaillent plus et sont devenus de vrais chefs d’entreprise avec du personnel chargé de la fouille, du tri, de la collecte tandis qu’eux même s’occupent de faire un deuxième tri selon le type d’objet, le niveau de préservation et la possibilité de les revendre. Ils négocient donc directement soit avec les ménages dont le revenu étant très faible viennent s’approvisionner en ustensiles de cuisines ou autre équipement électroménager qu’ils vont faire réparer, soit avec les entreprises qui rachètent certains de ces déchets dans le but de les recycler.
Une véritable structure d’activités générateurs de revenus s’est mise en place donnant la possibilité aux récupérateurs de vivre de ce « métier » , d’entretenir leur famille et d’envoyer leur enfants à l’école. Malheureusement, le fruit de cette activité leur permet simplement de survivre et ils ne sont donc pas à l’abri des maladies et autres accidents.
La mise en place d’un cadre réglementaire par les autorités, soit en leur donnant les moyens de protection soit en mettant à leur disposition une organisation leur permettant de travailler sans danger serait le début de la solution à cette activité dont les gros dangers sont invisibles et enclins à créer la discorde dans les familles au sein desquelles les personnes sensées vont s’accuser de sorcellerie alors qu’il s’agit d’une maladie infectieuse dont l’origine est facilement reconnaissable.
La communauté ou sa société en charge de la collecte des déchets trouveront peut-être une solution en adéquation avec la santé publique et le manque de moyens financiers qui poussent ces personnes à exercer ce genre d’activités.





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